Quelques semaines avant l’élection du pape Léon XIV, le Dicastère pour le clergé a publié un décret visant à réviser les normes encadrant les offrandes de messe, pour corriger des abus potentiels et garantir le respect de la volonté des fidèles.
L’offrande de messe trouve ses racines dans les premiers siècles du christianisme, lorsque les fidèles apportaient du pain, du vin ou d’autres biens pour la célébration eucharistique. Cette contribution matérielle, progressivement formalisée, avait pour but de subvenir aux besoins de l’Eglise, notamment pour l’entretien des prêtres et le soutien des pauvres. D’un point de vue spirituel, l’offrande permet aux fidèles de s’unir plus étroitement au sacrifice eucharistique, en offrant un don qui symbolise leur participation personnelle aux saints mystères.
L’une des principales motivations de la décision du Dicastère pour le clergé de réviser les normes encadrant les offrandes de messe, consiste dans la volonté de mettre fin à des pratiques qui pourraient s’apparenter à un « commerce de choses sacrées ». Le document du 13 avril dernier entend s’inscrire dans la continuité du décret Mos iugiter de 1991, qui avait déjà tenté de clarifier la question. Parmi les dérives constatées, il y a des cas où des prêtres acceptaient plusieurs offrandes pour une seule messe sans le consentement explicite des donateurs, ou encore des situations où des intentions étaient évoquées lors de la messe sans que celle-ci ne soit véritablement célébrée à cette fin.
Le décret précise que « la sollicitation ou même simplement l’acceptation d’offrandes » pour de simples mentions d’intentions dans une célébration est « gravement illicite » et passible de sanctions disciplinaires ou pénales. Ces abus, bien que minoritaires, risquent de ternir la perception de l’offrande de messe, en la faisant apparaître comme une transaction financière plutôt qu’un acte spirituel.
Il est rappelé aux évêques que les prêtres sont invités à tenir des registres précis, où chaque intention et chaque offrande sont soigneusement consignées. Ces registres doivent être vérifiés annuellement par l’ordinaire du lieu, soit directement, soit par délégation. Cette mesure vise à assurer que chaque messe demandée est effectivement célébrée selon l’intention des donateurs, évitant ainsi toute ambiguïté.
L’équité est une autre préoccupation majeure. Le texte réaffirme que « les plus nécessiteux ne doivent pas être privés de l’aide des sacrements à cause de leur pauvreté ». Cette disposition s’inspire du principe évangélique selon lequel l’accès aux sacrements ne peut être conditionné par des contraintes financières. Le décret encourage les évêques à redistribuer une partie des offrandes vers les paroisses ou diocèses dans le besoin, notamment dans les pays de mission, renforçant ainsi la dimension de solidarité ecclésiale.
Un point plus spécifique concerne les messes à intentions « collectives », où plusieurs intentions sont regroupées. Cette pratique, née en partie pour répondre à une pénurie de prêtres dans certaines régions, a suscité des interrogations. Le décret autorise ces messes sous des conditions strictes : les donateurs doivent être informés et donner leur consentement libre, et ces célébrations ne doivent pas devenir une pratique quotidienne, afin de préserver leur caractère exceptionnel.
Le décret n’évoque pas la problématique des concélébrations : peut-on accepter autant d’intentions qu’il y a de concélébrants (ce qui se fait à certains endroits) ou bien une messe, même concélbérée, reste une seule messe avec une seule intention ?