Mgr Ilidio Leandro, évêque de la petite ville plutôt traditionnelle de Viseu, au Portugal, a défrayé la chronique en indiquant que si le référendum du 11 février avait porté seulement sur la dépénalisation de l’avortement, il aurait voté oui. Le prélat participait à un débat à l’Ecole Supérieure d’éducation, où il s’était présenté comme partisan du non.
La presse portugaise, spécialement celle de gauche, s’est jeté sur ces commentaires : elle tenait enfin son responsable catholique pro-avortement !
Don Ilidio s’est empressé de préciser son propos afin qu’il ne soit plus déformé par la presse, ni sorti de son contexte, expliquant qu’il aurait voté oui à l’absence de poursuites et peines pour la femme ayant avorté, dans la mesure où “généralement la femme est victime de ces situations parce qu’elle est abandonnée par la société et par l’Etat – les aides n’existent pas – et souvent aussi par son compagnon, tandis que le professionnel de santé accepte de pratiquer l’intervention pour en tirer un bénéfice.” Dans ce contexte, ajoutait-il, la femme “est la victime et celle qui reste dans la solitude” : “elle recherche un avortement quand elle n’a pas d’autre choix”.
Au passage il a invité l’Eglise à être plus “cohérente” en acceptant d’aider celles qui sont en difficulté.
Au fond, c’est la logique de la loi pour la vie proposée par l’AGRIF et le Centre Charlier : ne pas poursuivre la femme ayant avorté, mais faisant peser plus justement la responsabilité sur ceux qui la poussent à l’acte et organisant un contexte favorable à l’accueil de la vie.
Moins scandaleuses que les gros médias ne l’auraient voulu, les prises de position de l’évêque éclairent aussi le débat en montrant toute la confusion que fait naître une question compliquée posée de manière trop touffue à l’occasion d’un référendum. Il a souligné qu’il n’y avait pas une question (celle de la dépénalisation accordée à la femme, qui fait l’objet d’une première proposition) mais trois, les deux autres portant sur la libéralisation totale de l’avortement jusqu’à dix semaines pour la première, et sur la réalisation de ces avortements dans des centres de santé légalement autorisés. Il a dénoncé le fait que les partisans du oui se centrent exclusivement sur la première question.
Cela permet de mieux comprendre la manipulation de l’opinion : il s’agit de faire croire aux électeurs qu’ils mettent fin à une situation difficile imposée à celle qui ne porte pas l’entière responsabilité de son acte, alors qu’en réalité la dimension la plus grave de ces atteintes organisées à la vie se situe dans le fait de faire de l’avortement un droit et de le faire organiser et accomplir par l’Etat.
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