Alors que l’actuel secrétaire général de l’enseignement catholique, Philippe Delorme, promettait de se conformer aux programmes de l’Education nationale concernant l’éducation sexuelle, les évêques réunis à Lourdes ont choisi un nouveau secrétaire général en la personne de Guillaume Prévost. Et pour succéder à l’aphone Mgr Rivière, qui ne s’est jamais exprimé sur les affaires liées à l’école Stanislas à Paris, ou à l’Immcaulée conception à Pau, les évêques ont élu Mgr Rougé, évêque de Nanterre, comme président du Conseil pour l’Enseignement catholique.
Guillaume Prévost, directeur général du laboratoire d’idées Vers le haut, spécialisé dans la jeunesse et l’éducation, a été haut fonctionnaire passé par l’ENA (promotion Louise Weiss), adjoint à la sous-directrice de l’action éducative, conseiller au sein du ministère de l’Éducation nationale, chargé du déploiement du Service national universel (SNU). Il a été officier de marine sur plusieurs sous-marins nucléaires d’attaque. Dans une tribune parue le 30 août 2024 dans Les Échos, Guillaume Prévost propose de laisser davantage de liberté aux acteurs de terrain. Pour lui, le système éducatif pourrait se régénérer par la subsidiarité, en redonnant confiance aux enseignants, plutôt qu’en attendant des directives :
« Le politique répond aux besoins de l’administration, l’administration répond aux besoins des agents publics, les agents publics répondent aux besoins des citoyens. »
Au sein de la CEF, certains concèdent avoir pris conscience de la nécessité d’amorcer un changement de cap. « Le contexte actuel demandait de pouvoir être très présent auprès des pouvoirs institutionnels, ce qui justifie l’élection de Mgr Rougé », évêque d’un diocèse francilien. Face à la multiplication des contrôles et des polémiques, l’Eglise a besoin de personnalités pour gérer cette « guerre scolaire » qui ne dit pas son nom. De fait, il y a quelques jours, Ludovine de La Rochère, présidente du Syndicat de la famille, se sentait bien seule pour dénoncer l’idéologie qui guide l’enseignement sexuel à l’école. Pourtant, l’enseignement catholique scolarise plus de deux millions d’élèves pour l’année 2023-2024, soit un élève français sur cinq, au sein de 7 200 établissements. Et l’extrême-gauche met la pression pour que l’Etat rompe les contrats d’association afin de récupérer les budgets.
Par ailleurs, la question du caractère propre et du champ d’application de la loi Debré sur les activités confessionnelles repose la question du projet éducatif et pastoral des établissements catholiques. « Il est important d’avoir des directeurs catholiques pour que le projet soit aligné avec la vocation de l’enseignement catholique », selon un évêque francilien.
Enfin, il faut prendre en compte également la forte croissance de l’enseignement libre, dit hors-contrat, qui échappe aux diocèses comme à l’enseignement catholique, et vers lequel se tournent les familles et les enseignants les plus pratiquants.