L’Église en ce premier dimanche de Carême, nous invite à l’austérité. Nous le voyons par les rites mêmes de cette messe – rites austères – et elle nous invite aussi à méditer sur les raisons que nous avons de faire pénitence.
Et cet Évangile qui raconte la tentation que Notre Seigneur a subie de la part du démon doit nous faire penser que si le démon a eu l’impudence et l’orgueil de s’attaquer à Notre Seigneur Jésus-Christ Lui-même, alors qu’il savait parfaitement qu’il était le Fils de Dieu, combien à plus forte raison, le démon s’attachera à nous perdre. Car il sait que chez nous, il a bien davantage de chance de nous faire tomber dans le péché.
Et c’est pourquoi nous avons besoin de méditer sur les raisons de ce jeûne que l’Église nous demande, de ce carême à l’image de Notre Seigneur Jésus-Christ, qui nous donne l’exemple de ce jeûne qu’il a subi pendant quarante jours au désert.
Et pour concrétiser d’une certaine manière, les raisons, les motifs de notre pénitence, je choisirai trois exemples : l’exemple de sainte Marie-Madeleine, l’exemple de saint François d’Assise et l’exemple de la Vierge Marie.
Sainte Marie-Madeleine a fait pénitence, parce qu’elle avait péché. Sans doute elle avait péché gravement ; elle avait mené une vie dissolue. Mais touchée par la grâce de Dieu, elle se convertit. Et alors elle décide de se détacher de tout ce qui pouvait l’attirer dans le péché. Voici qu’elle se précipite aux pieds de Notre Seigneur, qu’elle brise le vase de parfum si précieux qu’elle avait et répand ce parfum sur les pieds de Notre Seigneur. Elle baise les pieds de son Dieu, Et elle reçoit cette parole si belle, si consolante pour elle : « Il lui a été beaucoup pardonné, parce qu’elle a beaucoup aimé ». Ce geste d’amour de Marie-Madeleine envers Notre Seigneur, lui a valu encore une grâce plus grande : celle d’être la première à reconnaître Notre Seigneur Jésus-Christ après sa Résurrection.
Voilà comment Notre Seigneur récompense ceux qui font pénitence et ceux qui pleurent leurs péchés. Nous tous nous sommes pécheurs ; nous tous par conséquent aussi nous avons tous à pleurer nos péchés et à briser tout ce qui peut nous être une occasion de pécher, afin de nous attacher à Notre Seigneur Jésus-Christ comme nous l’avons promis au jour de notre baptême.
Saint François d’Assise par contre, autant que l’on peut savoir, ne menait pas une vie dissolue. Il aidait son père dans son négoce. Mais il a eu peur, il a craint que ce négoce, que cette recherche de l’argent, des biens de ce monde, ne lui fasse perdre son âme. Il sentait sa faiblesse et il décida – poussé par la grâce de Dieu – de rompre aussi avec toutes les choses d’ici-bas. Tout ce qui peut d’une certaine manière, exciter nos appétits, nos appétits désordonnés.
Car c’est bien en cela que nous sommes faibles. Les suites du péché originel sont encore inscrites dans nos cœurs, dans nos âmes, comme des blessures et nous sommes malades ; nous avons besoin de guérir. Alors pour guérir, il nous faut faire pénitence aussi afin de rétablir l’ordre en nous. Et c’est ce que saint François d’Assise a voulu faire. Il aurait pu devenir riche ; il a choisi la pauvreté ; il aurait pu devenir puissant ; il a choisi l’ignominie, l’humilité.
Mgr Marcel Lefebvre
Extrait de l’Homélie du 1er dimanche de Carême du 24 février 1980 (La Porte Latine)