Message du Saint-Père à l’occasion du cours pour les responsables des célébrations liturgiques épiscopales à l’Athénée pontifical Saint-Anselme, dans lequel il demande aux pasteurs de garder les yeux fixés sur le peuple pour comprendre les besoins des fidèles (y compris les fidèles traditionalistes ?) :
Chers frères et sœurs, bonjour !
Je salue le Père Abbé Primat et le Doyen de l’Institut Pontifical Liturgique, avec les professeurs et les étudiants qui ont participé à cette deuxième édition du cours pour les responsables des célébrations liturgiques épiscopales. Je suis heureux de constater que vous avez à nouveau répondu à l’invitation formulée dans la Lettre apostolique Desiderio desideravi, en continuant à étudier la liturgie, non seulement d’un point de vue théologique, mais aussi dans le domaine de la praxis des célébrations.
Cette dimension touche la vie du peuple de Dieu et révèle sa véritable nature spirituelle (cf. Constitution dogmatique Lumen gentium, 9). Le responsable des célébrations liturgiques n’est donc pas seulement un professeur de théologie ; il n’est pas un scribe qui applique les normes ; il n’est pas un sacristain qui prépare ce qui est nécessaire à la célébration. Il est un enseignant mis au service de la prière de la communauté. Tout en enseignant humblement l’art liturgique, il doit guider tous ceux qui célèbrent, en respectant le rythme rituel et en accompagnant les fidèles dans l’événement sacramentel.
En tant que mystagogue, il prépare chaque célébration avec sagesse, pour le bien de l’assemblée ; il traduit dans la pratique de la célébration les principes théologiques exprimés dans les livres liturgiques (Caeremoniale Episcoporum, 9). Ainsi assisté, le pasteur peut conduire avec douceur toute la communauté diocésaine dans l’offrande de soi au Père, à l’imitation du Christ Seigneur.
Chers frères et sœurs, chaque diocèse considère l’évêque et la cathédrale comme des modèles de célébration à imiter. Je vous exhorte donc à proposer et à promouvoir un style liturgique qui exprime la suite de Jésus, en évitant tout faste ou toute prééminence inutiles. Je vous invite à exercer votre ministère dans la discrétion, sans vous vanter des résultats de votre service. Et je vous encourage à transmettre ces attitudes aux ministres, aux lecteurs et aux chantres, selon les paroles du Psaume 115 citées dans le Prologue de la Règle bénédictine : « Ce n’est pas à nous, Seigneur, ce n’est pas à nous que revient la gloire, mais à ton nom seul » (cf. nn. 29-30).
Dans toutes vos tâches, n’oubliez pas que le soin de la liturgie est avant tout le soin de la prière, c’est-à-dire de la rencontre avec le Seigneur. En proclamant sainte Thérèse d’Ávila docteur de l’Église, saint Paul VI a défini l’expérience mystique comme un amour qui devient lumière et sagesse : sagesse du divin et de l’humain (cf. Homélie du 27 septembre 1970). Que ce grand maître de la vie spirituelle soit pour vous un exemple : en effet, préparer et guider les célébrations liturgiques, c’est réunir la sagesse divine et la sagesse humaine. La première s’acquiert par la prière, la méditation et la contemplation ; la seconde provient de l’étude, de l’engagement à approfondir, de la capacité d’écoute.
Pour réussir dans ces tâches, je vous conseille de garder les yeux fixés sur le peuple, dont l’évêque est le pasteur et le père : cela vous aidera à comprendre les besoins des fidèles, ainsi que les formes et les moyens de promouvoir leur participation à l’action liturgique.
Le culte étant l’œuvre de toute l’assemblée, la rencontre entre la doctrine et la pastorale n’est pas une technique facultative, mais un aspect constitutif de la liturgie, qui doit toujours être incarnée, inculturée, en exprimant la foi de l’Église. Par conséquent, les joies et les souffrances, les rêves et les préoccupations du peuple de Dieu possèdent une valeur herméneutique que nous ne pouvons pas ignorer (cf. Vidéomessage au Congrès international de théologie de l’U.C.A., Buenos Aires, 1-3 septembre 2015). J’aime rappeler, à cet égard, ce qu’écrivait le premier doyen de l’Institut pontifical liturgique, l’abbé bénédictin Salvatore Marsili. C’était en 1964 : avec clairvoyance, il nous invitait à prendre conscience du message du Concile Vatican II, à la lumière duquel aucune véritable pastorale n’est possible sans liturgie, parce que la liturgie est le sommet vers lequel tend toute l’action de l’Église (cf. S. Marsili, Riforma Liturgica dall’alto, Rivista Liturgica 51 [1964] 77-78).
En vous invitant à faire de ces paroles la perspective fondamentale de votre ministère, j’espère que chacun d’entre vous aura toujours à cœur le peuple de Dieu, que vous accompagnez dans le culte avec sagesse et amour. Et n’oubliez pas de prier pour moi.