Surmonter la « pierre d’achoppement » de la doctrine pour amener les catholiques à accepter l’homo- et la transsexualité. Les idéologues de la nouvelle morale n’ont besoin que de quelques tactiques efficaces, comme celles exposées par le cardinal de Chicago.
Récemment, le cardinal Blase J. Cupich de Chicago, connu pour son appartenance au camp libéral-progressiste, a écrit un article sur le site web Outreach. Il s’agit de l’un des principaux portails aux États-Unis qui se consacre à la diffusion des croyances LGBT au sein de l’Église catholique. Son fondateur est le célèbre prêtre jésuite James Martin, porte-drapeau des batailles arc-en-ciel dans son pays.
L’article du Card. Cupich résume les principales concepts utilisés ces dernières années dans l’Église catholique pour dédouaner l’homosexualité et la transsexualité. Voyons de quoi il s’agit. La première est la référence au Magistère, c’est-à-dire l’appel au principe d’autorité. Cupich cite un extrait d’une lettre de 2021 du Préfet de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi, le Cardinal Luis F. Ladaria, dans laquelle ce dernier répondait à l’Archevêque José H. Gomez, alors Président de la Conférence des Evêques Catholiques des Etats-Unis, sur la question de l’accès à la communion pour les politiciens favorables à l’avortement et à l’euthanasie. Le cardinal de Chicago rappelle que Mgr Ladaria a exhorté les évêques américains à « engager un dialogue avec les hommes politiques catholiques de leur juridiction qui adoptent une position pro-choix sur la législation relative à l’avortement, l’euthanasie ou d’autres maux moraux, afin de comprendre la nature de leurs positions et leur compréhension de l’enseignement catholique ». D’où l’analogie : « Cette approche consistant à mettre de côté nos idées préconçues et à écouter vraiment s’applique également à la manière dont les responsables ecclésiastiques devraient considérer les personnes dans diverses situations de la vie. Cela inclut […] les catholiques LGBTQ ».
Bien sûr, la stratégie veut que l’on ne sélectionne que certains passages du Magistère et pas d’autres, et surtout qu’on les cite hors contexte. En effet, sur le premier aspect, Cupich ne cite pas le canon 915 du Code de droit canonique, qui interdit de communiquer à ceux qui « persévèrent obstinément dans un péché grave et manifeste ». Homosexuels et transsexuels inclus, s’ils sont dans un état de péché mortel connu de tous. D’autre part, Cupich omet délibérément d’ajouter que le cardinal Ladaria, dans cette lettre, n’a pas donné le feu vert à la communion aux politiciens pro-choix. Plus en amont, le cardinal de Chicago omet de dire que la doctrine de l’Eglise sur l’homosexualité et la transsexualité n’a pas changé, de sorte que ceux qui critiquent l’une et l’autre sont fidèles à l’enseignement du Magistère et ne sont pas affectés par des idées préconçues, comme l’affirme Cupich.
La deuxième stratégie utile pour teindre nos églises en arc-en-ciel est la victimisation. Laissons le lapis à Cupich :
« Un nombre écrasant de catholiques LGBTQ que j’ai rencontrés m’ont dit qu’ils souffraient d’un sentiment d’aliénation précisément parce qu’ils se sentent jugés et exclus par anticipation […] Ils racontent qu’ils ont été ostracisés, voire chassés de chez eux lorsqu’ils ont parlé de leur orientation sexuelle à leurs parents. [Une personne m’a dit que la façon dont elle a été ostracisée, évitée et même haïe l’a amenée à conclure que son homosexualité faisait d’elle une lépreuse moderne. Tragiquement, ce type d’aliénation peut conduire à des idées suicidaires ».
La tactique est simple : si l’on fait d’une catégorie de personnes des victimes, on est enclin à sympathiser avec elles et donc, par la suite, à accepter plus facilement leur condition et leurs choix. En bref, le chemin est le suivant : accepter la personne homosexuelle comme victime et ensuite accepter l’homosexualité. Le catholicisme gay victimaire mélange d’ailleurs délibérément, d’une part, la critique légitime et juste de l’homosexualité et de la transsexualité et, d’autre part, les actes de discrimination injuste (insultes, coups, gestes non motivés de non-acceptation, etc.
Nous poursuivons avec une troisième stratégie : souligner la conduite positive des personnes homosexuelles et transgenres. Comme le dit Cupich :
« Ils assistent à la messe. Elles s’impliquent dans la vie paroissiale où elles sont accueillies. Elles prient tous les jours et pratiquent les œuvres de miséricorde, en particulier l’assistance aux pauvres ».
La censure de la morale naturelle et donc catholique sur l’homosexualité et la transsexualité et les comportements qui y sont liés n’exclut évidemment pas la possibilité pour les personnes homosexuelles et transsexuelles d’accomplir de bons actes. Cela dit, l’un des exemples proposés par le cardinal n’apporte pas, ou plutôt : ne devrait pas apporter de l’eau à son moulin, mais plutôt l’en priver. En effet, il est bon que les homosexuels prient, assistent à la messe et accomplissent des actes de miséricorde. En revanche, en ce qui concerne la participation à la vie paroissiale, qui implique l’accomplissement de services utiles à la paroisse, il convient d’éviter le scandale. Un aspect sur lequel le cardinal fait manifestement l’impasse. Notons au passage que les personnes homosexuelles et transsexuelles ont beau prier, être charitables, etc.
Une autre tactique consiste à insérer une conduite méritoire dans la condition homosexuelle afin de toujours légitimer cette dernière. Revenons à l’article publié dans Outreach :
« De nombreuses personnes LGBTQ apprennent et savent même ce qu’est l’amour sacrificiel lorsqu’elles assument le rôle de parents d’enfants qui, autrement, n’auraient pas de foyer ».
Par ailleurs, l’affirmation selon laquelle les enfants qui ne sont pas adoptés par des couples homosexuels n’auraient pas de foyer est difficilement défendable. La liste d’attente pour l’adoption par des couples hétérosexuels est très longue. Mais au-delà de cela, puisque, selon la doctrine catholique, la condition homosexuelle est par nature désordonnée, il s’ensuit que la relation homosexuelle elle-même est désordonnée et que, par conséquent, l’enfant placé dans une telle relation ne trouve pas le contexte idéal pour grandir sainement. Ce jugement est également confirmé par de nombreuses études.
La stratégie consistant à invoquer une conduite éthiquement admissible dans le cadre de la relation homosexuelle est encore plus prononcée dans ce passage :
« ce qui ressort clairement de mes conversations avec les catholiques LGBTQ, c’est qu’ils accordent une grande priorité aux expressions d’amour et d’intimité qui sont conformes à l’enseignement de l’Église. En fait, ils ont tendance à considérer une relation avec un partenaire comme une tentative d’établir une stabilité dans leur vie face à la promiscuité qui est parfois présente dans les communautés gays et hétérosexuelles ».
La fidélité à la relation homosexuelle serait un mérite car elle contrecarre la promiscuité. Telle est la conclusion du cardinal.
Dans le même ordre d’idées, une autre clarification suit immédiatement la précédente sur la promiscuité :
« L’engagement pastoral envers la population LGBTQ devrait toujours inclure l’appel de l’Évangile à vivre une vie chaste et vertueuse […]. Après tout, nous sommes tous appelés à la chasteté ».
L’annotation est astucieuse. Elle mentionne la vertu de chasteté à laquelle nous sommes tous appelés, y compris les époux. Si donc ces derniers doivent aussi être chastes et que cela ne signifie pas pour eux l’abstention de relations, cela signifie que lorsque le Catéchisme affirme que « les personnes homosexuelles sont appelées à la chasteté » (n° 2359), il indique à ces dernières une manière de vivre la chasteté identique à celle dont doivent s’inspirer les couples mariés hétérosexuels, n’interdisant donc pas les relations intimes.
En somme, le cardinal Cupich nous offre un résumé efficace des stratégies mises en place pour que l’idéologie du genre soit confondue avec la doctrine catholique.