L’Eglise nous donne de fêter en ce jour Saint-Martin, l’apôtre des Gaules :
« Ô l’homme bienheureux, dont l’âme est entrée en possession du paradis. C’est pourquoi les anges se réjouissent, les archanges exultent, le chœur des saints élève sa voix et la foule des vierges lui adresse cette invitation : Demeure avec nous à jamais ! » ( Ant. de Magn. aux 1res vêpres et de Benedict.)
« Ô le bienheureux Pontife, qui aimait le Christ de tout son cœur et qui ne craignait pas la puissance des princes ! Ô sainte âme, qu’éPargna le glaive du persécuteur, mais qui n’a pas laissé échapper la palme du martyre ! » ( Ant. de Magn. aux 2èmes vêpres).
« Martin est reçu tout joyeux dans le sein d’Abraham,. Martin, pauvre et humble ici-bas, entre riche au ciel et reçoit l’hommage des chœurs célestes. »
Saint Martin est, avec saint Silvestre et saint Antoine l’ermite, l’un des premiers saints dont le culte soit établi dans l’Église dès le Ve siècle, bien qu’il ne fût par martyr. L’honneur dont il jouissait dès les anciens temps est mentionné par le bel office du bréviaire avec ses chants historiques. — Les morceaux de la prière des Heures permettent de réunir les détails de sa vie ; Saint Martin naquit (vers l’an 316) à Sabarie, ville de Pannonie (Hongrie actuelle, près du célèbre monastère bénédictin du Mont-Saint-Martin). A l’âge de dix ans, il s’enfuit, malgré la volonté de ses parents, dans une église catholique et se fit inscrire au nombre des catéchumènes. A 15 ans, il entra dans l’armée et servit sous les empereurs Constance et Julien. Étant soldat, il rencontra un jour, à la porte d’Amiens, un pauvre mendiant sans habit qui lui demanda l’aumône au nom du Christ. Comme il n’avait sur lui que ses armes et ses vêtements militaires, il prit son épée, coupa en deux son manteau et en donna une moitié au pauvre. Au cours de la nuit suivante, le Christ lui apparut, revêtu de cette moitié de manteau, et dit : « Martin, le catéchumène, m’a vêtu de ce manteau ! » A 18 ans, Martin reçut le baptême. Sur la demande de son chef, il demeura encore deux ans à l’armée. Lorsqu’il réclama alors sa libération, Julien lui reprocha sa lâcheté ; il répondit : « Avec le signe de la croix et non avec le bouclier et le casque je traverserai sans crainte les rangs ennemis. » Il quitta l’armée et se rendit auprès de saint Hilaire, évêque de Poitiers, qui lui conféra l’ordre d’exorciste. Plus tard, il devint évêque de Tours. Là, il construisit un monastère où, avec 80 moines, il mena une vie très sainte. Martin, qui se rendit souvent à la cour impériale de Trêves, y reçut un jour la visite d’un père venant l’implorer pour sa fille : « Le Seigneur me donne la ferme confiance que ma fille sera guérie sur ta prière ! », lui dit-il. Saint Martin guérit la jeune fille par une onction d’huile sainte. Tétradius, témoin de ce miracle, se fit baptiser. Le saint avait aussi le don du discernement des esprits. Un jour, l’esprit mauvais lui apparut, environné de rayons éclatants et d’une magnificence royale, et voulut se faire passer pour le Christ. Saint Martin reconnut l’imposture et lui dit : « Le Seigneur Jésus-Christ n’a jamais annoncé qu’il viendrait en vêtements de pourpre et ceint d’une couronne de roi ». Là-dessus l’apparition s’évanouit. Saint Martin ressuscita trois morts. Pendant qu’il célébrait la messe, on vit apparaître un jour au-dessus de sa tête un globe lumineux. Le saint évêque était déjà très âgé lorsque, pendant un voyage à Candes, une paroisse de son diocèse qu’il visitait, il fut saisi par une violente fièvre. Il priait Dieu avec instance de le délivrer de cette prison de mort. Mais ses disciples s’écrièrent en le priant et suppliant : « Père, pourquoi nous abandonnes-tu ? A qui vas-tu confier le soin de tes malheureux enfants ? » Saint Martin, profondément ému, s’adressa à Dieu : « Seigneur, si je suis encore nécessaire à ton peuple, je ne refuse pas de travailler ; que ta volonté soit faite ! » Ses disciples, voyant que malgré sa forte fièvre il demeurait étendu sur le dos pour prier, le supplièrent de se tourner un peu pour trouver quelque soulagement. Il leur répondit : « Frères, laissez-moi regarder le ciel plutôt que la terre, afin qu’à son départ mon âme prenne tout droit son essor vers le Seigneur. » Un moment avant sa mort, il vit l’esprit infernal, auquel il dit : « Que viens-tu faire ici, bête cruelle ? Tu ne trouveras rien en moi qui t’appartienne ! » A ces mots, le saint vieillard rendit l’âme, âgé de 81 ans, le 11 novembre 397 ou 400, couché sur un sac parsemé de cendre. Soulignons surtout les pensées du temps de l’automne ecclésiastique (son désir de la parousie), Saint Martin trouva son fidèle biographe en son ami Sulpice Sévère qui fut, au moins en partie, le témoin oculaire de ses actes et de ses miracles, Le culte de saint Martin se répandit dans tout l’occident, où sa fête fut célébrée avec solennité. Le peuple chrétien prit de bonne heure l’habitude de faire rôtir une oie le jour de sa fête (d’où la coutume aussi de représenter le saint avec cet animal). Vraisemblablement c’était là une sorte de mardi-gras avant le jeûne de l’Avent qui, à cette époque, était plus long qu’aujourd’hui,
Dom Pius Parsch