Quatre-vingt-dix financiers et responsables de l’Église venant de seize pays, tous en charge de la gestion de portefeuilles de valeurs mobilières, se réunissent cette semaine pour une rencontre exceptionnelle avec comme objectif de contribuer au développement de la gestion de portefeuille éthique qui respecte les valeurs chrétiennes.
Cette conférence « Mensuram Bonam » des 11 et 12 novembre est le deuxième de ce type ; elle va impliquer l’ensemble de l’ « écosystème du capital aligné sur la foi chrétienne ». Il est organisé par Jean-Baptiste de Franssu (photo), président de l’Institut pour les œuvres de religion (la Banque du Vatican), en collaboration avec cinq gestionnaires d’actifs internationaux spécialisés basés en Europe et aux États-Unis. Elle constitue l’étape la plus récente visant à mettre en pratique les recommandations de Mensuram Bonam, qui est un appel de l’Académie Pontificale des Sciences Sociales en faveur de la gestion de portefeuille éthique conforme à la foi Chrétienne. Publié en 2022, ce document est conçu à l’intention des institutions catholiques et des personnes en charge d’actifs « à investir plutôt que simplement [à] dépenser », ainsi qu’à toutes « personnes de bonne volonté ». Ce document atteste du souhait de l’Église de faire en sorte que la gestion de portefeuille soit « orientée de façon à refléter ce don de Dieu à la famille humaine, en servant le bien commun, en respectant la justice et les normes éthiques » ¹.
La gestion de portefeuille en cohérence avec la foi (GPF) catholique, comme d’autres GPF chrétiens, est axée sur des secteurs Environnementaux, Sociétaux et de Gouvernance (ESG) Toutefois, et en parallèle à ces critères, il existe, pour les investisseurs catholiques, divers critères d’exclusion, parmi lesquels les substances qui créent une dépendance, la pornographie, les violations du droit du travail, les armes nucléaires et la sainteté de la vie.
Jean-Baptiste de FRANSSU, président de la Banque du Vatican, et l’un des co-organisateurs de la conférence Mensuram Bonam de cette semaine, a déclaré :
« Il existe des sociétés de gestion de gestion de capitaux qui se sont spécialisées sur la gestion éthique qui respecte les valeurs chrétiennes, mais le développement de ce marché est encore trop modeste et la diversité des offres limitée.
C’est la raison pour laquelle nous réunissons l’ensemble de cet « ‘écosystème » à Londres – des fournisseurs d’indices et de données, aux agences spécialisées dans la mesure de performance de fonds, en passant par divers intermédiaires qui interviennent dans la chaine de valeur. . L’objectif principal est de renforcer la cohérence de l’approche, à mieux définir les produits et à les classer avec plus de clarté pour faciliter le développement et la croissance de ce marché. Il est fondamental que les responsables financiers qui participent à la gestion de capitaux alignés sur la foi chrétienne s’engagent à développer des instruments financiers qui non seulement délivrent une performance financière, mais gèrent également les risques non financiers et visent à maximiser les effets positifs sur la société et l’environnement ».
Si le montant estimé des actifs détenus par des institutions chrétiennes dans le monde s’élève à 1750 milliards de $², le marché des capitaux aligné sur la foi chrétienne est moins développé que le secteur de la finance islamique, qui, d’après les projections, devrait atteindre 6700 milliards $ en 2027.³
Une nouvelle étude concernant les critères GPF publiés par diverses conférences épiscopales catholiques de par le monde, sera présentée lors de cette conférence. Elle identifie les différences qui existent entre ces critères selon les pays reflétant ainsi le caractère décentralisé de la gestion de l’« argent de l’Église » mais insiste sur le fait que ce manque de cohérence peut constituer un obstacle à la croissance de ce marché. Les participants à la conférence ont pris l’engagement de travailler ensemble, tant durant la conférence qu’après celle-ci, pour faciliter l’accès à la GPF catholique et mieux pourvoir aux besoins de ce marché important. Des représentants d’églises protestantes participent aussi à la conférence pour présenter leur expérience en matière de GPF, illustrant ainsi le souhait des auteurs de Mensuram Bonam que ces questions soient abordées dans une perspective œcuménique (à l’échelle du monde chrétien).
La rencontre se déroulera à Londres, au Royaume-Uni, dans les locaux de la société de gestion CCLA Investment Management qui est spécialiste de ce marché de la gestion de portefeuille éthique conforme à la foi chrétienne, avec le soutien des sociétés de gestion Anthos Fund and Asset Management (Hollande), CBIS Catholic Responsible Investing, Catholic Investment Services et Knights of Columbus Asset Advisors aux Etats Unis
Peter HUGH SMITH, directeur général de CCLA, qui accueille la conférence, a déclaré :
« Au Royaume-Uni, CCLA constate un intérêt croissant de toutes les dénominations, y compris des catholiques, pour la gestion de portefeuille en cohérence avec la foi (GPICF) ). Les personnes animées par des valeurs religieuses sont de plus en plus soucieuses de veiller à ce que leur argent ait un effet positif sur le monde à un moment où celui-ci est plongé dans de telles affres. »
CCLA a été fondée il y a 60 ans pour gérer des actifs de l’Église en accord avec la foi, et nous sommes fiers d’apporter notre soutien à la deuxième conférence Mensuram Bonam, qui se tient à Londres, ainsi que de souhaiter la bienvenue à des propriétaires d’actifs et à des prestataires de services du monde entier pour dynamiser le marché de l’investissement en accord avec la foi ».
- la finance chrétienne est estimée à 780 milliards $ en Europe ;
- le capital chrétien est estimé à 970 milliards $ aux États-Unis.