Lors des ordinations à l’Institut du Bon Pasteur, le cardinal Müller a raconté l’anecdote suivante :
Cela m’amène à ma conversation avec un haut représentant du Dicastère romain pour le culte divin. Encore ému par la fidélité des 20 000 jeunes catholiques avec lesquels j’ai pu célébrer la Sainte Messe dans la merveilleuse cathédrale de Chartres le lundi de Pentecôte, il m’a objecté qu’il n’y avait pas de quoi se réjouir, car la Sainte Messe était célébrée selon l’ancien rite latin extraordinaire. En effet, certains considèrent l’ancien rite de la Sainte Messe comme un plus grand danger pour l’unité de l’Église que la réinterprétation du Credo, ou même que l’absence de Sainte Messe. Ils interprètent la préférence pour l’ancien rite comme l’expression d’un traditionalisme stérile, plus intéressé par la théâtralité de la liturgie que par la communion vivante avec Dieu qu’elle véhicule.
J’ai répondu qu’en tant qu’ancien professeur de dogmatique, le contenu des sacrements, la res sacramenti, est plus important pour moi que la forme rituelle, qui lui est secondaire, ou pour le dire plus précisément : les cérémonies, qui interprètent le signe visible, lequel est constitué de forme et de matière.
En effet, la doctrine révélée de la foi et la substance des sacrements sont données à l’Église de manière inaliénable et immuable, alors qu’il existe une diversité légitime d’écoles théologiques et de rites liturgiques. Ceux qui aiment invoquer Vatican II pour accuser les autres de mentalité préconciliaire devraient d’abord tenir compte des avertissements du Concile, qui dit dans le Décret sur l’œcuménisme :
“En conservant l’unité dans ce qui est nécessaire, que tous dans l’Église, chacun selon la charge qui lui est confiée, gardent la liberté qui leur est due, soit dans les diverses formes de vie spirituelle et de discipline, soit dans la variété des rites liturgiques, soit encore dans l’élaboration théologique de la vérité révélée ; et qu’en tout ils pratiquent la charité. De cette façon, ils manifesteront toujours plus pleinement la vraie catholicité et l’apostolicité de l’Église” (Unitatis redintegratio 4).