Pour le préfet du Dicastère pour l’unité des chrétiens, la déclaration sur la bénédiction des couples homosexuels détériore les relations avec l’Orient. Même le dialogue est sacrifié à la cause de l’arc-en-ciel.
Les négociations entre l’Ukraine et la Russie n’ont de sens que « si leur but est une paix juste ». Tel est le résumé très rapide offert par VaticanNews, version allemande, de la récente interview du cardinal Kurt Koch, préfet du Dicastère pour la promotion de l’unité des chrétiens, à l’hebdomadaire catholique Die Tagespost. L’article publié sur le site du Dicastère pour la communication du Saint-Siège ne rapporte que les propos préoccupants du prélat suisse sur la guerre en Ukraine, qu’il qualifie de guerre entre chrétiens, « le triste contraire de l’œcuménisme des martyrs », mais passe totalement sous silence deux autres points de l’interview qui sont d’une grande importance.
En effet, le cardinal est revenu sur la nature problématique de la déclaration Fiducia supplicans (FS) dans le cadre du dialogue avec le monde orthodoxe. Le cardinal Koch a révélé qu’il avait invité le cardinal Victor M. Fernández à la session plénière de son dicastère dans le but précis de fournir des explications aux membres du groupe de dialogue orthodoxe, préoccupés par la publication de la déclaration. Le Préfet du Dicastère pour la Doctrine de la Foi n’a cependant pas pu répondre au souhait de son « collègue », car il était engagé dans la session plénière de son propre dicastère, et a donc choisi de leur envoyer une lettre, une réponse que, selon Koch, « les orthodoxes orientaux ont jugée insuffisante ». Il serait intéressant que ces réponses soient rendues publiques. Le cardinal suisse a donc demandé à Fernández de « répondre aux questions non résolues ». Nous verrons maintenant si Tucho sera en mesure d’offrir des réponses complètes au monde orthodoxe, qui sait très bien ce qu’est une bénédiction et qui n’est pas susceptible d’être écarté par le fait qu’il s’agit d’une question de quelques secondes…
Les propos du Préfet du Dicastère qui s’occupe du dialogue entre les chrétiens montrent que la déclaration de FS n’a pas été discutée et partagée au préalable avec les évêques du monde entier ou les autres dicastères. Sur le premier point, les nombreuses défections et critiques qui se sont abattues sur la « créature » de Tucho, au point de soulever un continent entier, l’ont démontré ; sur le second, le cardinal préfet du Dicastère pour le culte divin, Arthur Roche, s’en était déjà plaint peu de temps après la publication de la déclaration. Et objectivement pas à tort, puisque FS parle de bénédictions, donc de sacramentaux, un sujet qui relève de la compétence du Dicastère dirigé par Roche. À vrai dire, il subsiste également un doute sur le fait que FS ait été partagé avec les fonctionnaires de la DDF elle-même, puisque le document continue à présenter une simple approbation ex audientia, alors que la formulation habituelle (présente, par exemple, dans Dignitas infinita et dans les Normes sur les apparitions) faisant référence à la décision prise en session ordinaire ou plénière du dicastère est absente.
Aujourd’hui, un autre cardinal préfet indique clairement que François et Tucho ont suivi leur propre voie, sans confronter qui que ce soit et en causant, comme il était évident, des problèmes de tous côtés. La promotion de la cause homosexuelle au sein de l’Église a clairement la priorité sur toute autre préoccupation, au point que le dialogue avec les orthodoxes et l’unité interne du monde catholique peuvent lui être sacrifiés.
Une unité que le cardinal Koch voit de plus en plus menacée chaque jour en raison des avancées sur des questions sensibles, comme l’ordination des femmes. “Même au sein de l’Église catholique, il existe des idées et des exigences hétérogènes à cet égard. En Allemagne, en Suisse et dans d’autres pays, un certain nombre d’évêques sont résolument en faveur de l’ordination des femmes et en font dépendre la vitalité future de l’Église catholique”, a expliqué le cardinal, qui a rappelé le clivage qui s’est produit dans la communion anglicane précisément sur cette question.
La possibilité d’une ouverture à la prêtrise pour les femmes a été rejetée à plusieurs reprises par le pape François, mais il nous a maintenant habitués à ce mensonge opportuniste. Il suffit de dire que, précisément sur FS, le pape et Tucho ont librement varié l’interprétation du document – bénédiction de couples ou d’individus ? -selon les circonstances et les interlocuteurs ; ou encore, sur l’impossibilité pour les séminaristes homosexuels d’accéder à la prêtrise, le Pape est passé en quelques jours de la « pédérastie » à l’encouragement d’un jeune homosexuel expulsé du séminaire à poursuivre sa vocation. Si bien qu’un « non » de François signifie un « non » qui n’est plus cru par personne. Un démenti, dans la triste ruse bergoglienne, signifie plus simplement qu’il n’est pas encore temps de tourner la table, parce qu’on est encore dans la phase de démarrage des processus.
L’approche de l’Année Sainte, qui marquera le 1700ème anniversaire du Concile de Nicée (325), offre au Cardinal Koch l’occasion de dénoncer une autre crise grave et profonde dans le monde catholique, en particulier dans les pays germanophones : « l’hérésie arienne (…) n’est pas simplement quelque chose du passé, mais est répandue aujourd’hui encore », où Jésus-Christ est limité à sa dimension humaine, alors qu’il est en fait rejeté dans sa double nature de vrai Dieu et de vrai homme. M. Koch a souligné que ce nouvel arianisme prend la forme du rejet de l’Église en tant qu’institution divine et de sa réduction à une organisation philanthropique et démocratique. Benoît XVI avait « souligné à plusieurs reprises que dans la situation actuelle, derrière l’affirmation très répandue “Jésus oui – Église non”, il y a une affirmation encore plus profonde : “Jésus oui – Fils de Dieu non” ».