L’examen du projet de loi sur la fin de vie a débuté ce lundi 27 mai à l’Assemblée nationale. Monseigneur François Durand, évêque de Valence, diffuse ce communiqué :
Le projet de loi relatif à l’accompagnement des malades et de la fin de vie est actuellement discuté à l’Assemblée nationale. Disons-le clairement, il fait sauter de nombreux garde-fous de ce qu’on appelle communément le « modèle français de la fin de vie ». Plutôt que de soigner et d’accompagner, le choix est fait de faciliter la mort. Plutôt que de promouvoir une solidarité interpersonnelle et nationale, le choix est fait du libéralisme sans limites. Plutôt que de favoriser l’accès aux soins, notamment les soins palliatifs, le choix est fait de lever l’interdit de tuer.
Sans que son pronostic vital soit engagé ni qu’une discussion collégiale ait eu lieu entre soignants, une personne pourra être euthanasiée ou aidée dans sa volonté de mettre fin à ses jours. Un proche pourra être celui qui provoque directement la mort. Cela pourra se passer à l’hôpital ou dans une maison de retraite pour personnes âgées. La belle et noble vocation des soignants en sera dès lors pervertie.
Sous couvert de fraternité et de dignité, ce projet de loi pousse au bout la logique de l’individualisme et s’avère particulièrement violent. Quelle confiance accorder à ceux qui nous entourent si notre vie souffrante n’est plus jugée digne d’être vécue, si la pression sociale intime d’en finir ? Une jeune femme de notre diocèse, atteinte d’une grave maladie chronique qui l’empêche de boire et de manger, a des paroles très claires à ce propos : « Quand on souffre, on se sent seul et les gens autour de nous se sentent impuissants. Ils ont tort. Ils ne sont pas impuissants parce que juste prendre la main, juste être présent, ça fait quelque chose. Il faut vraiment qu’ils le sachent ! »
Catholiques, il importe que nous soyons au rendez-vous de la véritable fraternité. Si la recherche doit encore avancer pour lutter contre la douleur physique et morale, notre présence auprès des personnes malades et en fin de vie est également cruciale. Dans les hôpitaux, cliniques et maisons de retraite, tout comme à domicile, nous avons besoin de personnes qui donnent de leur temps pour les visiter avec bonté, tact et discrétion. Des aumôniers et des équipes d’aumônerie s’y emploient. Ils doivent être soutenus et renforcés. Soyons authentiquement humains et solidaires : refusons la culture de mort ; faisons tout notre possible pour accompagner, jusqu’à son terme, la vie !
+ François Durand, Évêque de Valence