Notre-Seigneur est au désert ; Adam était au Paradis terrestre.
Adam ne manquait de rien, et fut vaincu : Notre-Seigneur manquait de tout, et fut vainqueur.
Satan pénétra au paradis et y fit entrer le péché ; il pénétra au désert où était Notre-Seigneur et y subit une
triple défaite.
Qui cherche les délices, qui veut être bien sur la terre, prépare au tentateur une victoire facile.
Qui fuit les délices, qui embrasse la pauvreté, les privations, acquiert contre Satan une force insurmontable.
Qu’il fait bon considérer Jésus dans son désert ! Il n’a d’autre abri que le ciel, d’autre lit que la terre, d’autre nourriture que le jeûne, d’autre occupation que la prière et l’ entretien avec son Père qui est dans les deux.
Seigneur Jésus, n’est-ce pas ici-bas le bien le plus souhaitable d’être là avec vous ? Quelles journées, quelles nuits, quel silence, quelles privations, quelle pénitence !
Seigneur Jésus, attirez-nous avec vous dans le désert ; il nous sera plus doux qu’un paradis de délices, pourvu que nous y soyons avec vous.
Donnez-nous l’esprit de retraite, de silence, de recueillement, et gardez-nous avec vous toujours.
Ayant jeûné quarante jours et quarante nuits, Notre-Seigneur eut faim, et il eut faim à en souffrir beaucoup.
Le tentateur eut, à sa manière, compassion de lui, et lui dit : « Voilà des pierres, faites-en du pain. »
Notre-Seigneur lui répondit sèchement : « L ’homme peut vivre sans cela. »
Le tentateur s’y prend avec Notre-Seigneur, comme il avait fait avec Eve ; la première de ses tentations répond au premier de nos besoins, manger.
Mais manger de manière à plaire à Satan, c’est avaler l’iniquité.
Ève tomba, Adam tomba, mais Notre-Seigneur ne tomba pas c’est Satan qui fut ici vaincu.
Il comprit qu’il avait affaire à un autre homme qu’Adam, il soupçonna plus fortement qu’ il avait devant lui le Fils de Dieu.
Notre-Seigneur répara le malheur d’Adam. Celui-ci avait péché, en prenant le fruit défendu : Notre-Seigneur répara le mal commis, en se privant de’ la nourriture même qui lui était nécessaire.
Vaincre la gourmandise, c’est-à-dire le plaisir de manger, ce n’est pas une mince victoire à remporter.
Demandons à Notre-Seigneur une part de son esprit et de sa victoire sur Satan, pour ne l’offenser jamais en péchant par gourmandise.
Extrait de Méditations pour tous les jours de l’année liturgique (Lundi et mardi), Père Emmanuel
NB : Suite de cette méditation du premier dimanche de Carême au Première semaine de Carême