L’évêque de Saint-Etienne publie ce jour une nouvelle Lettre pastorale. Elle a l’avantage d’être brève et d’aller à l’essentiel :
Jésus parcourait toutes les villes et tous les villages, enseignant dans leurs synagogues, proclamant l’Évangile du Royaume et guérissant toute maladie et toute infirmité. Voyant les foules, Jésus fut saisi de compassion envers elles parce qu’elles étaient désemparées et abattues comme des brebis sans berger. Il dit alors à ses disciples :
« La moisson est abondante, mais les ouvriers sont peu nombreux.
Priez donc le Maître de la moisson d’envoyer des ou- vriers pour sa moisson. » Mt 9, 35-38
Chers amis,
Cette invitation du Christ à prier pour les vocations est pressante et elle rejoint une profonde préoc- cupation de notre Église aujourd’hui. Pourquoi est-il si important de prier pour les vocations ? Quels sont les enjeux ? Comment pouvons-nous répondre ensemble à cet appel du Christ dans notre diocèse ? Que pouvons-nous faire concrètement ?
Par cette lettre, je voudrais essayer de répondre à ces questions car il y a là une clé essentielle pour la transformation pastorale et missionnaire dans laquelle nous sommes engagés avec toute l’Église. Nous avons besoin de davantage de « pêcheurs », portés par l’Esprit, qui avancent au large et jettent leurs filets, sur la parole du Christ, pour la gloire de Dieu et le salut du monde.
Pourquoi prier pour les vocations ?
Prier pour les vocations, c’est partager la compassion de Jésus pour notre monde en désarroi. Est-ce que je suis touché par la détresse humaine et spirituelle de mes frères et sœurs aujourd’hui, autour de moi et dans le monde ?
Prier pour les vocations, c’est obéir à une demande pressante de Jésus. Est-ce que je prie régulièrement à cette intention ? Est-ce que je crois à la puissance de la prière ?
Prier pour les vocations, c’est reconnaître la liberté de Dieu. Il appelle qui il veut, dans une grande diversité de talents, de charismes et de ministères, pour que l’Église puisse accomplir sa mission. C’est aussi être conscient que nous ne pourrons pas relever les défis qui se présentent à nous par nos propres forces. Enfin, c’est croire que l’essentiel est l’œuvre de l’Esprit. L’Église est-elle pour moi une simple institution humaine, avec toutes ses limites, ou est-ce que je la reçois d’abord comme un don et un mystère, comme le projet du Père, le Corps du Christ, l’œuvre de l’Esprit ?
Prier pour les vocations, c’est découvrir que ma vie vient d’un Autre, qu’elle est un cadeau de Dieu pour le monde car elle m’a été donnée pour être donnée aux autres. Est-ce que je me regarde comme un cadeau pour eux ? Est-ce que je cherche à l’être toujours davantage ?
Prier pour les vocations, c’est découvrir la synodalité comme complémentarité et réciprocité des vocations, car personne ne peut se suffire à lui-même. C’est donc reconnaître que les prêtres, les diacres, les consacrés, contemplatifs ou apostoliques, et les laïcs, hommes et femmes, tous disciples-missionnaires, sont autant de cadeaux de Dieu pour le monde et pour moi. Est-ce que mon cœur est ouvert pour les accueillir tels qu’ils sont, différents de moi, avec leurs grâces et leurs limites ? Est-ce que je suis conscient d’avoir besoin du « Oui » de mes frères et sœurs dans le Christ pour vivre ma propre vocation ? Est-ce que je suis conscient de n’être qu’un « simple serviteur », parmi tant d’autres, eux aussi appelés ?
Prier pour les vocations, c’est permettre à des jeunes de découvrir le sens de leur vie, l’appel intérieur qu’ils portent, leur chemin de bonheur, leur manière spécifique de se donner à Dieu et aux autres. Est-ce que je fais confiance aux jeunes ? Est-ce que je crois à la beauté et à l’importance de l’appel de chacun ?
Prier pour les vocations, c’est soutenir ceux qui ont perçu un appel, depuis leurs premiers pas de dis- cernement et de formation, jusqu’à leur engagement définitif. Est-ce que je les porte fidèlement par ma prière ? Est-ce que je prie aussi pour ceux qui ont mission de les accompagner dans leur cheminement ?
Prier pour les vocations, c’est soutenir ceux qui sont engagés dans une vocation particulière, afin qu’ils persévèrent fidèlement, jusqu’au bout. Est-ce que je persévère dans mon appel, faisant des épreuves et des tentations l’occasion d’un « Oui » plus profond ? Est-ce que je perçois ma part de responsabilité dans la fidélité des autres à leur propre vocation ?
Prier pour les vocations, c’est accepter de recevoir ma mission pour un temps et consentir à ce qu’elle ne m’appartienne pas. Est-ce que je suis prêt à transmettre ma mission, le moment voulu, à quelqu’un de différent, qui fera certainement autrement, selon ce qu’il porte et les besoins qui évoluent ?
Enfin, prier le « Maître de la moisson », c’est accepter que je ne sois pas moi-même le Maître. Est-ce que je me situe humblement dans un plan d’amour qui me dépasse infiniment, que j’accueille et que je sers ? Est-ce que je désire que se réalise toujours davantage, dans notre Église diocésaine, la demande fondamentale de la prière du Notre Père : « Que ta volonté soit faite sur la terre comme au ciel » ?
Comment agir pour les vocations ?
Les parents et les familles
Les parents chrétiens ont la mission de faire découvrir à leurs enfants l’importance et la beauté de leur vie aux yeux de Dieu et de les éveiller à la question de la vocation, au service des autres et de l’Église, en les aidant à découvrir les talents qu’ils portent et le sens profond de leur vie. Ils les éduquent à la liberté intérieure et veillent à la respecter. Est-ce que nous prions en famille pour les vocations ? Comme parent, est-ce que je serais heureux si le Seigneur appelait un ou plusieurs de mes enfants à tout quitter pour se consacrer à lui ?
L’accompagnement des enfants et des jeunes
L’accompagnement de chacun, dans la découverte et la réponse à sa vocation personnelle, doit être au cœur de l’œuvre d’éducation des enfants et des jeunes, en catéchèse, dans les aumôneries, dans l’Enseignement catholique et dans les mouvements. Il doit être tout spécialement présent dans la préparation à la confirmation, dans les pèlerinages, dans les formations et les temps spirituels, en s’appuyant sur le Service diocésain de la pastorale des jeunes et des vocations. Notre monde a besoin de saints, de jeunes et d’adultes saisis par le Seigneur, au service de son projet d’amour. Comment aidons-nous les enfants et les jeunes à découvrir le sens profond de leur vie dans le plan de Dieu ? Comment les aidons-nous à entendre les appels de Dieu et à y ré- pondre librement, dans la joie du don de soi ?
La prière personnelle pour les vocations
Beaucoup s’estiment impuissants face aux défis à relever dans notre monde. Nous avons cependant tous le pouvoir de la prière. Dans l’Évangile, bien souvent, le Christ nous invite à intercéder : « Demandez et vous recevrez ». En demandant, nos cœurs s’ouvrent pour mieux recevoir ce que Dieu veut nous donner. Nous avons alors la lumière et la force pour agir, là où Dieu nous attend.
Il est donc essentiel que tous les baptisés s’engagent fidèlement dans la prière pour les vocations. Celle des enfants, des malades et des personnes âgées est aussi particulièrement précieuse. Comment nous aidons-nous à découvrir l’importance de cette prière et sa fécondité pour le renouveau de l’Église et pour la vie du monde ? Comment inviter chacun à prier « sans cesse », et en particulier avec la prière diocésaine, Maître de la moisson ?
La prière communautaire pour les vocations
L’Eucharistie est le don de Dieu par excellence. Par le ministère des prêtres, c’est tout l’amour du Christ offert sur la croix qui nous est donné, pour que nous puissions aimer à sa manière, nous donner comme lui et ressusciter avec lui, pour que nous soyons les témoins de son amour en paroles et en actes. C’est donc au cœur de l’Eucharistie qu’il nous faut demander des prêtres, des consacrés, des disciples-missionnaires.
C’est pourquoi je souhaite qu’à compter de ce jour, on introduise la prière diocésaine pour les vocations, Maître de la moisson, au cœur de chaque messe célé- brée dans notre diocèse. Elle sera dite par toute l’assemblée, après la prière qui suit la communion.
J’invite aussi chaque prêtre à célébrer la messe pour les vocations tous les premiers jeudis du mois.
Enfin, j’invite tous les groupes de prière à porter spécifiquement cette intention dans chacune de leurs rencontres.
N’attendons plus !
Chers amis, n’attendons plus, prions le Maître de la moisson d’envoyer des ouvriers pour sa moisson ! Imaginez-vous tout le bien que pourrait faire l’Eglise si chacun d’entre nous, cherchant à accomplir la volonté de Dieu, vivait pleinement sa vocation ? Que de grâces pour le monde si chacun d’entre nous prenait au sérieux sa mission d’aider ses frères et sœurs à répondre à l’appel du Christ, jour après jour, par sa prière, par son exemple et par son soutien !
Saint-Étienne, le 8 décembre 2023
En la fête de l’Immaculée conception de la Vierge Marie