Voilà un évêque qui milite ouvertement contre le magistère de l’Eglise et qui n’est visé par aucune foudre vaticane à la différence d’autres… Mgr Erwin Kräutler, évêque émérite de Xingu, au Brésil, est interrogé sur kath.ch. Extraits :
Dans mon diocèse, 80 à 90 % des catholiques ne célèbrent l’eucharistie qu’une fois par an. C’est un scandale. La solution serait d’ordonner des prêtres parmi des hommes et des femmes qui ont fait leurs preuves dans les communautés ecclésiales. On pourrait ainsi célébrer l’eucharistie chaque dimanche.
Lors du synode sur l’Amazonie, vous aviez, justement demandé cela, avec plusieurs autres évêques…
Oui, car le pape François nous avait déclaré – à nous les évêques – avant le synode: ‘Faites-moi des propositions courageuses’. Mais, pour finir, il ne l’a pas accepté, ce qui m’a vraiment frustré et déçu. Lors du synode, 80% des évêques ont voté en faveur des viri probati et du diaconat des femmes. Il est inconcevable que le pape François n’en ait pas fait mention dans son exhortation apostolique. Un confrère, très, très traditionnel, m’a dit: «J’ai quatre hommes mariés que je peux ordonner immédiatement. Je ne comprends pas pourquoi nos demandes n’ont pas été mis en œuvre».
Quel regard portez-vous sur l’actuel processus synodal de l’Église?
Il n’en sortira rien. A part des frais, rien n’a été fait. Le problème, c’est que tous les thèmes de réforme ne sont pas abordés. A mon avis, les réformes d’avenir seraient l’ordination d’hommes mariés dans un premier temps, puis le diaconat féminin. L’ordination des femmes serait l’étape suivante.
François dit que les femmes ne doivent pas être ordonnées pour être protégées du cléricalisme.
Pour moi, c’est incompréhensible. Il y a des hommes non ordonnés en Amazonie qui sont bien plus cléricaux que les femmes qui dirigent des communautés. Je ne connais aucune femme ‘cléricalisante’. Aucune.
Jean Paul II avait pourtant dit qu’il ne pouvait pas y avoir de femmes prêtres.
Le pape polonais n’a malheureusement pas réalisé que les femmes ont aujourd’hui un tout autre statut. Autrefois, il n’y avait même pas de femmes dans les études de théologie. Aujourd’hui, le monde est différent et nous avons besoin de femmes, y compris dans les fonctions officielles. Ce n’est pas logique que ce soient des hommes très âgés qui conçoivent la théologie de la femme.
Comment avez-vous perçu cette période sous le pontificat de Jean Paul II?
La première fois que je l’ai rencontré, il m’a demandé combien de prêtres j’avais. Je lui ai répondu: 16. Il m’a dit que c’était trop peu pour cette grande surface et m’a demandé comment je m’organisais. Je lui ai expliqué qu’il y avait aussi des laïcs qui faisaient fonctionner les communautés ecclésiales de base. Quand il m’a dit qu’il trouvait bien que l’Église soit du côté des pauvres, cela m’a irrité, car je savais qu’il a lutté longtemps contre la théologie de la libération. […]