Les présidents des conférences épiscopales catholiques d’Angleterre, d’Ecosse et du Pays de Galles ont marqué le 40e anniversaire de la légalisation de l’avortement dans leurs pays par une lettre à tous leurs fidèles, adressée à toutes les paroisses catholiques. Je vous propose ici ma traduction.
« Le 40e anniversaire de la loi sur l’avortement de 1967 est un moment important de réflexion. Il nous donne à tous l’occasion de chercher à chérir la vie humaine et d’aider les femmes qui se trouvent dans des circonstances difficiles. La loi affecte les attitudes, mais elle n’oblige en elle-même personne à subir un avortement. Sans même changer la loi le taux d’avortement pourrait chuter de façon impressionnante si assez de cœurs et d’intelligences étaient changés.
Le caractère miraculeux de la reproduction humaine est devenue de plus en plus visible g^râce aux récentes avancées de la technologie médicale. En 1967 l’échographie était un outil primitif. Les scanners échographiques d’aujourd’hui peuvent révéler, avec d’étonnants détails, le développement de la vie humaine dans le sein de la mère. Les bébés prématurés peuvent désormais survivre à des âges de plus en plus jeunes. La biologie développementale rend de plus en plus clair le processus maginifique et complexe du développement et de la croissance continus de l’organisme individuel et unique qui est formé à la conception. C’est là que nos vies ont commencé. A partir de ce moment-là, existe une nouvelle vie humaine qui n’est ni la vie du père, ni celle de la mère. En 2007, nous comprenons, mieux que nous ne l’avons jamais compris, car nous l’avons vu de nos propres yeux, le merveilleux processus de la vie qui est stoppe par l’avortement.
La loi de 1967 avait pour intention de résoudre le problème de l’avortement illégal, partant du principe que celui-ci était une cause majeure de décès chez les femmes enceintes. Mais nos pays pratiquent aujourd’hui près de 200.000 avortements chaque année. Nous avons l’une des lois sur l’avortement les plus libérales d’Europe, qui autorise l’avortement jusqu’à 24 semaines, et l’avortement en cas de handicap et quelques autres cas) jusqu’à la naissance. Quelle que soit notre foi religieuse ou notre conviction politique, l’avortement à cette échelle ne peut être que source de détresse et de profonde angoisse pour nous tous. L’Eglise catholique à travers le monde n’a pas fléchi dans son opposition à l’avortement comme moralement mauvais, et elle a été déterminée dans sa volonté de donner voix au cri silencieux qui dans chaque vie humaine aspire à l’amour et à la reconnaissance. L’Eglise, pendant de longues années, a été dans nos pays au premier plan de ceux qui offraient uen aide pratique, émotionnelle et spirituelle aux femmes et aux bébés dans le besoin. Elle a essayé aussi d’aider les nombreuses femmes, et les hommes, qui souffrent de tristesse, de douleur, du deuil après une expérience d’avortement.
Pendant les années suivant 1967 onnt a beaucoup mis en avant le slogan selon lequel la femme a le droit de choisir. Mais le droit de faire un vrai choix est précisément ce que beaucoup de femmes ayant subi un avortement affirment ne pas avoir eu.
L’avortement est un moment de choix. L’avortement est toujours un choix entre la vie et la mort, mais nous reconnaissons que ce choix se fait dans des conditions personnelles et familiales complexes. Il peut être particulièrement difficile pour la mère si elle se sent abandonnée par son partenaire ou si, en gardant son enfant, elle doit perdre le souien de sa famille ou de la société. Des femmes, dans cette situation, peuvent se sentir terriblement isolées. Beaucoup d’hommes et de femmes ressentent déjà la pression de devoir prendre soin de leurs familles. Ils ont à faire face à des difficultés financières et aux exigences de leur carrière. Dans de telles situations, les relations familiales peuvent devenir si tendues qu’ils pensent ne pas pouvoir accueillir une nouvelle vie. Si la grossesse n’est pas désirée, on peut trouver facile de soutenir que d’une certaine manière, il est dans l’intérêt de l’enfant de ne pas naître, parce qu’il ne sera pas le bienvenu. A certains moments, la vie de l’enfant est perçue comme limitant de façon indue la vie de la mère et du père. On place la vie de l’enfant en opposition avec la leur. Lorsque ceci se produit, l’avortement peut être présenté comme le moindre de deux maux qui permet d’ôter un obstacle au “succès” de la vie de parents. Mais la vie, spécialement la vie nouvelle, n’est au bout du compte jamais une privation. C’est un don qui enrichit toujours, une promesse emplie d’espérance. Nous ne devons jamais nous laisser persuader du contraire.
Souvent, le droit de choisir de la femme empêche de reconnaître le rôle du père. Il semble écarter le fait que la plupart des hommes veulent en effet être les pères de leurs enfants. Si nous acceptons « le droit des femmes de choisir” comme le principe qui gouverne un choix aussi profond entre la vie et la mort, alors, plutôt que d’encourager les hommes à prendre leurs responsabilités, il peut soutenir leur reniement ou leur évitement.
Pour tous ceux qui sont impliqués, l’avortement aura souvent été une décision douloureuse et destructrice. Pour beaucoup de femmes, elles en auront été, peut-être autant que leur enfant non né, victimes. C’est pourquoi nous croyons que l’avortement n’est pas seulement un choix personnel, mais concerne les choix que fait notre société pour venir en aide aux femmes, à leurs partenaires et aux familles qui se trouvent dans ces situations. Si notre société choisit la vie, il n’y a pas de raison pour que l’enfant, sa mère et son père, et même toutes la famille de la société ne puissent pas accomplir leur potentiel. L’avortement vole l’avenir de tous. Individuellement et en tant que société, nous pensons avoir un autre choix : donner naissance à la vie.
Comment pouvons-nous aider le changement à se produire ? Rien n’empêche notre société d’agir dès maintenant pour faire naître une nouvelle compréhension et une nouvelle approche des relations humaines, de la responsabilité et de l’entraide mutuelle :
En étant des parents et des familles qui chérissent la vie et qui soutiennent nos filles et nos fils afin qu’ils prennent des décisions qui soient de manière responsable pro-vie.
En apportant un conseil sympathique et de l’aide aux jeunes femmes qui se trouvent enceintes.
En offrant davantage de moyens, et de meilleurs moyens pour soutenir et aider celles qui choisissent d’avoir leur bébé.
En démantelant une chaîne automatique qui conduit souvent les jeunes femmes vers un avortement précoce sans qu’aucun autre choix ne soit proposé ou envisagé. Faire de la vraie liberté de choix une réalité est le premier choix crucial pour obtenir un véritable changement d’esprit et de cœur.
En soutnant et en développant de meilleurs programmes d’éducation qui placent le don des relations sexuelles dans le cadre du mariage et de la fidélité. De tels programmes peuvent aider les gens à comprendre de façon réaliste la joie et la responsabilité sacrée du fait d’être parents. Ils peuvent les informer sur les ressources offertes par l’Eglise catholique et par la société pour aider les familles et les parents dans les moments difficiles.
En respectant et en soutenant la décision des personnels de santé qio refusent de pratiquer ou d’assister des avortements pour des raisons de conscience.
En faisant pression pour des changements possibles de la loi à la lumière des progrès médicaux, même si le Parlement n’abolit pas la loi. Tout en affirmant le principe du caractère sacré de la vie humaine, il est à la fois licite et important que ceux qui, étant dans la vie publique, s’opposent à l’avortement par principe, travaillent et votent pour les possibles améliorations à une loi injuste.
La foi catholique nous permet de voir la gloire rayonnante de la vie humaine depuis son commencement jusqu’à sa fin. Dès lors que nous savons que chaque personne, quel que soit son âge, sa race ou sa condition porte l’image de Dieu, nous voyons sa valeur infinie et sa dignité. Que nous ayons ou non cette vision de la foi, chérir la vie est la valeur centrale de toute société qui veut fleurir.
L’Eglise catholique propose de collaborer avec d’autres pour obtenir ce nécessaire changement des esprits et des cœurs. Nous espérons et prions, pour le bien de notre commune humanité, et pour les vies qui sont en jeu, que les 40 ans à venir raconteront une histoire très différente. Le moment de prendre un autre chemin, c’est maintenant. »