Chantal Sébire a gagné, l’euthanasie progresse…
Jeudi matin, la cause du décès de Chantal Sébire, retrouvée morte à son domicile mercredi soir, n’était pas connue, a indiqué le procureur de Dijon. Il n’était pas exclu qu’elle ait tout simplement succombé à sa maladie. Mais elle avait laissé entendre qu’elle avait les moyens de se supprimer, et un médecin au moins s’était dit prêt à l’« aider » : le Dr Bernard Senet, médecin du Vaucluse qui avouait dans Match, jeudi matin, une trentaine de ces mises à mort compassionnelles au cours de sa carrière. Curieusement, en annulant le point-presse qu’il avait annoncé, le procureur a déclaré « hésiter » quant à l’opportunité d’une autopsie. Ne saura-t-on donc jamais ?
Chantal Sébire avait de toute façon gagné. Elle a obtenu que Jean Leonetti, auteur de la loi de 2005 sur la fin de vie, se voie confier par Matignon, la mission d’« évaluer la mise en œuvre concrète de la loi et de faire des propositions, pour remédier à la méconnaissance ou la mauvaise application des textes et éventuellement à l’insuffisance de la législation ».
La manipulation est ici évidente : la loi Leonetti prévoit et organise l’euthanasie par omission en autorisant l’arrêt des soins ordinaires (l’alimentation, en l’occurrence ; les textes préparatoires de la loi excluent l’arrêt de l’hydratation), avec l’objectif unique et direct de provoquer la mort du patient.
Il s’agit donc de faire évoluer plutôt que d’évaluer, et doublement. Le cas Chantal Sébire est le plus frappant. Elle a brandi comme un drapeau son refus d’être plongée dans un coma qui la soulagerait, son refus encore d’y être plongée en vue de mourir, ce que la loi Leonetti prévoit. Elle a pleinement joué le jeu de l’Association pour le droit de mourir dans la dignité, dont le message aura finalemnent consisté à dire aux Français que Chantal Sébire était tombée dans l’indignité de vivre, et que la mort doit pouvoir alors être administrée directement.
Bernard Kouchner, François Fillon, Jean Ameisen, du Comité national d’éthique, et quelques autres ont déjà plaidé pour cette solution… finale, que ce soit sous forme d’« exception » ou de légalisation d’office. On peut dire que Chantal Sébire a marqué ici un autre point : Nadine Morano, nouveau secrétaire d’Etat à la Famille depuis mardi, renouvelait dès mercredi son soutien à l’euthanasie. Elle avait été co-auteur, avec Gaëtan Gorce (PS) d’une proposition de loi élargissant son cadre.
Deuxième cas : celui d’Hervé Pierra. Ce jeune homme, réanimé par ses parents alors qu’il venait de se pendre, était plongé dans un coma végétatif. Le Monde de mercredi raconte avec force détails le combat de ses parents pour obtenir l’application de la loi Leonetti : contre son gré, l’équipe médicale a fini par lui retirer sa sonde gastrique, sans accompagner ce geste d’une « sédation palliative » que la loi ne prévoit pas explicitement. Hervé Pierra est mort au bout de six jours de convulsions terribles et éprouvantes pour ses proches. Le fait tragique est là encore monté en épingle pour obtenir, sans doute, une prescription légale encore plus explicite du « laisser mourir » qui en l’occurrence relève totalement de la volonté de tuer.
Manipulation, exploitation : elles ont été manifestes dans le cas de Chantal Sébire, comme le souligne Tugdual Derville dans France Catholique, à travers « refus des solutions sociales ou médicales (notamment analgésiques) qui pourraient être proposées ». « Plusieurs médecins que nous avons interrogés se disent dégoûtés par ce qui est affirmé à propos des douleurs de Chantal Sébire », note-t-il, précisant plus loin : « Son cas ne serait pas aussi “limite” qu’il est spectaculaire. »
Voilà un aspect des choses que les gros médias ne soulèveront pas. En attendant, dans les pays où l’euthanasie est pleinement légale, on cherche aussi à aller plus loin. L’euthanasie, à Anvers, de l’écrivain belge Hugo Claus, qui souffrait d’un Alzheimer, était fortement médiatisée mercredi. Le même jour, la Deuxième chambre néerlandaise était saisie de la demande de la présidente du groupe « Gauche Verte », proposant que l’euthanasie soit autorisée pour les personnes âgées privées de la « dignité humaine » : celles, par exemple, dont tous les enfants seraient morts, celles qui souffrent trop de la solitude.
Supprimons-les ! Cela soignerait au moins la mauvaise conscience de la société…
Tout ceci arrive pendant la Semaine sainte, et ce n’est pas un hasard. Nous nous apprêtons à revivre la Passion du Christ, librement choisie, librement consentie pour notre salut, en vue de la Résurrection. Qu’Il pardonne à tous ces malheureux qui ne savent pas ce qu’ils font. Qu’Il nous pardonne aussi de ne pas assez prier pour ceux qui « ont le plus besoin de sa Miséricorde ». La neuvaine commence ce Vendredi saint. La vraie réponse à ces drames dont on veut gommer l’aspect surnaturel est là.
Article extrait du n° 6553
du Vendredi 21 mars 2008