La Porte Latine rediffuse l’homélie de Mgr Marcel Lefebvre pour le jour de Pâques 1979 intitulée “Les deux Pâques et le Saint-Sacrifice” :
Extrait
Cette autre Pâque c’est celle de Notre Seigneur. Cet agneau n’était autre que le symbole de Notre Seigneur : « Voici l’Agneau qui enlève les péchés du monde », dit Jean Baptiste : Ecce agnus Dei qui tollit peccata mundi.
Oui, Notre Seigneur est bien l’Agneau et Il sera sacrifié et Il choisira précisément le passage des Hébreux de l’Égypte à la Terre promise. C’est donc que Notre Seigneur voulait signifier qu’il s’agissait aussi d’un passage dans cette fête qu’il a choisie.
Et quel est donc ce passage ? Il le dit Lui-même – et l’Écriture le dit – sachant qu’Il devait passer de ce monde à son Père, le grand Passage de Notre Seigneur de ce monde à son Père, de ce monde de péché, de ce monde de ténèbres, de ce monde de vices, représenté par les Égyptiens qui tenaient en esclavage le peuple d’Israël.
Ce monde est tenu aussi en esclavage par le démon. De ce monde il faut passer à la Terre promise ; il faut passer au Ciel. Notre Seigneur sachant qu’il devait passer de ce monde à la Terre promise, institua le sacrement de l’Eucharistie et le Sacrifice eucharistique.
C’est donc dans cet esprit que Notre Seigneur a institué à la fois le sacerdoce, le Sacrifice de la messe, le sacrement de l’Eucharistie. Et cela d’une manière qui est très conforme au symbole que représentait le passage des Hébreux de la terre d’Égypte à la Terre promise.
Sacrifice en effet, comme le sacrifice de l’agneau qui sera le signe de notre salut et qui produira notre salut. Et ce signe quel sera-t-il ? Et ce sacrifice, que sera ce sacrifice ? Ce sacrifice, ce sera Notre Seigneur Lui-même ; Lui-même qui s’offrira sur la Croix.
Nous avons entendu tous ces jours-ci, au cours des Matines, au cours des Laudes que nous avons chantées, tous ces offices que nous avons chantés depuis le Mercredi saint jusqu’à ce matin même, nous avons entendu des appels de Notre Seigneur à son Peuple, à sa vigne, à son troupeau. Notre Seigneur se tournait vers Jérusalem ; Notre Seigneur se tournait vers sa vigne, vers son Peuple, lui disant : Mais que t’ai-je fait : Qui feci tibi ?
Qu’est-ce que j’ai fait pour être ainsi rejeté ? Pour être crucifié ? Eh oui. Notre Seigneur voulait qu’il fut crucifié, afin précisément de nous entraîner avec Lui dans son Passage : le Passage de ce monde à la Terre promise, au Ciel. Et ainsi, nous devons nous demander quel est notre point de départ ; quel est notre but et notre point d’arrivée.
Et quel est le moyen pour passer de notre point de départ, jusqu’à la fin de notre voyage, de notre pèlerinage ? Le point de départ pour chacun d’entre nous, pour chacune de nos âmes, c’est l’emprise du démon avant le baptême. Voilà le point de départ. Nous sommes en esclavage comme l’étaient les Hébreux chez les Égyptiens : l’esclavage du démon. Et c’est précisément de cet esclavage que Notre Seigneur Jésus-Christ a voulu nous délivrer. Il nous en a délivré par le baptême.
Marqué par le baptême, par le Sang de Notre Seigneur Jésus-Christ, nous sommes rachetés de son Sang. Mais nous savons parfaitement que nous ne sommes pas pour autant sauvés ; que nous ne sommes pas encore arrivés au but vers lequel nous tendons ; vers lequel nous sommes destinés : la Terre promise. Nous sommes ici en pèlerins, comme l’étaient les Hébreux dans le désert. Ils ont passé quarante années dans le désert. À travers des souffrances certainement, à travers des difficultés, mais nourris, nourris de la manne, nourris de cette eau miraculeuse que Dieu leur donna.
Mais nous, nous avons bien plus que cette manne, nous avons bien plus que cette eau miraculeuse, nous avons le Sang de Notre Seigneur Jésus-Christ. Nous avons la Sainte Eucharistie, voilà notre manne. Voilà notre breuvage ; voilà notre nourriture au cours de ce pèlerinage.
Alors que nous passions quarante années ici-bas, ou quatre-vingts peu importe. Nous sommes dans le désert et nous risquons toujours de retomber sous l’esclavage du démon. Alors nous devons nous protéger. Et Dieu nous donne une colonne lumineuse également qui nous guide. C’est notre foi ; c’est l’Église qui nous enseigne par la foi, là où nous devons aller et qui nous montre notre chemin.