L’Espagne fête encore cette année sa « Journée pour la Vie », à l’initiative de la Conférence épiscopale qui l’a fixée de façon générale au 25 mars, jour de l’Annonciation. Alors que la solennisation de la fête est repoussée cette année au 31 mars dans l’Eglise latine, du fait de sa coïncidence avec le Mardi de Pâques, les membres de la sous-commission épiscopale chargée de la vie et de sa défense d’Espagne viennent de publier une note intitulée “La vie est toujours un bien”. Voici la traduction intégrale que je vous en propose :
1. Promouvoir une culture de vie
A l’occasion de l’Incarnation de Notre-Seigneur, que l’on célèbre cette année le 31 mars, l’Eglise en Espagne célèbre la VIIe Journée pour la Vie, qui est une invitation à la prière et à la proclamation du caractère sacré de toute vie humaine dès son commencement au moment de la fécondation jusqu’à sa fin naturelle. En cette prière doit prendre source l’engagement décidé de vaincre le mal à force de bien, de vaincre la « culture de la mort » en promouvant une culture qui accueille et soutienne la vie.
Le mystère de l’Incarnation du Seigneur nous invite à considérer la grandeur et la dignité de la vie huaine. Tout comme nous, le Fils de Dieu a commencé sa vie humaine dans le sein de sa Mère. Pour cette raison, ce mystère nous rappelle que depuis que depuis le moment de la conception, la vie humaine possède une valeur sacrée que nous devons reconnaître, respecter et promouvoir : « La vie de l’homme est don de Dieu, que tous sont appelés à toujours protéger. »
Nous autres évêques ressentons le devoir de promouvoir dans l’Eglise et dans la société la valeur de la vie humaine, en soutenant toutes les initiatives qui promeuvent la famille et la vie comme, par exemple, le moratoire international sur l’avortement.
2. « On ne peut jamais légitimer la mort d’un innocent »
Il y a peu de temps, la société espagnole s’est émue de certaines pratiques abortives et par la cruauté des moyens utilisés pour les occulter. Cette réalité, que nous, évêques, dénonçons depuis des années, a suscité un nouveau débat sur l’avortement dans notre société.
Comme nous l’avons déjà dit, même si l’on peut considérer comme une grande avancée l’arrêt de la pratique illégale de l’avortement, une action véritablement morale et humaine serait l’abrogation de la « loi de l’avortement », qui est une loi injuste. Jean-Paul II nous a dit à Madrid en 1982 : « Quiconque dénierait une défense à la personne humaine la plus innocente et la plus faible, à la personne humaine déjà conçue mais point encore née, commettrait une violation extrêmement grave de l’ordre moral. On ne peut jamais légitimer la mort d’un innocent. Ce faisant on minerait le fondement même de la société. »
Nous invitons les fidèles à élever au Seigneur leur prière pour qu’il illumine la conscience de nos concitoyens, et spécialement des hommes politiques. Que le Dieu de la vie les aide à comprendre et à apporter un remède à l’énorme drame humain que constitue l’avortement pour l’enfant dans le sein de la mère, pour la mère elle-même, et pour la société tout entière. La loi de l’avortement doit être abolie, en même temps qu’il faut aider efficacement la mère, spécialement dans sa maternité, en créant une nouvelle culture où les familles accueillent et promeuvent la vie. Une alternative importante est l’adoption. Des milliers d’époux doivent recourir à de longs et pénibles procédures d’adoption alors qu’en Espagne plus de 100.000 enfants sont morts par avortement en 2006.
3. La conscience du catholique par rapport à la vie humaine
Nous nous adressons maintenant aux catholiques pour leur rappeler leurs obligations morales et de conscience. Aucun catholique, que ce soit dans la sphère publique ou privée, ne doit admettre, en aucun cas, des pratiques comme l’avortement, l’euthanasie ou la production, la congélation et la manipulation d’embryons humains. La vie humaine est une valeur sacrée, que nous devons tous respecter et que les lois doivent protéger.
On ne peut soutenir que l’avortement est inacceptable pour le catholique mais que ceci n’oblige pas le non-catholique. Au contraire : « Le chrétien est en permanence appelé à se mobiliser pour affronter les multiples attaques auxquelles est esposé le droit à la vie. Il sait qu’en la matière il peut s’appuyer sur des motifs profondément enracinés dans le droit naturel et qui, par conséquent, peuvent être partagés par toutes les personnes de conscience droite. »
Ainsi, si un catholique devait éprouver des doutes à ce propos, il devrait recourir à la prière pour demander la lumière du Saint Esprit. Il pourra aussi s’informer quant aux raisons invoquées par l’Eglise, toujours avec des arguments théologiques, philosophiques et scientifiques solides, pour affirmer la valeur et la dignité de la vie personnelle depuis la fécondation jusqu’à la mort naturelle.
4. Dieu aime aussi la vie malade et faible
La vie est une réalité merveilleuse qui ne laisse jamais de nous surprendre. Plus la science nous la révèle, mieux nous pouvons comprendre que la vie de l’homme, créée à l’image et à la ressemblance de Dieu, est un mystère qui dépasse la dimenion de la simple biochimie.
Dans ses progrès constants, la science affirme avec toujours plus de force que depuis la conception, nous nous trouvons en face d’une nouvelle vie humaine, originale et qui ne peut être dupliquée, avec une histoire et un destin uniques. Une vie qui doit être accueillie, respectée et aimée : « C’est le devoir de tous d’accueillir la vie comme un don à respecter, protéger et promouvoir, d’autant plus qu’elle est fragile et demande attention et soins, que ce soit avant sa naissance ou dans sa phase terminale. »
Demandons au Seigneur qu’en cette Journée, en contemplant le mystère de son Incarnation, nous sachions accueillir comme la Vierge Marie le don de la vie, et que nous apprenions de la Mère du bel amour à défendre et à promouvoir la vie dans tous ses instants, en proclamant que « face à la mort se trouve la vie ».
Madrid, 8 mars 2008