La Porte Latine met en ligne une conférence donnée par l’abbé Bertrand Labouche, FSSPX, aux parents du Cours Notre-Dame des Victoires (Le Hérie la Viéville – 02) (Ecole dirigée par les Dominicaines de Brignoles).
Après avoir décrit les missions éducatrices de l’école, œuvre d‘Eglise, et de la famille, œuvre du Créateur, la nécessité d’une union profonde entre les deux nous apparaîtra clairement. Une désunion, même à des degrés divers, entre ces deux institutions serait au contraire extrêmement dommageable au bien de l’enfant.
« Comme Dieu l‘a établi, la famille est la première responsable de l’éducation de l’enfant. Notre tâche [celle du Cours Notre-Dame des Victoires] n’est pas de nous y substituer mais de la compléter. Vous comprenez dès lors que pour rien au monde nous ne voulons d’une école totalitaire et renfermée sur soi et qu’une étroite collaboration s’impose entre nous. Ce sont vos filles qui feraient les frais d’un manque de collaboration. Par suite, en cours d’année, nous aurons des réunions avec vous, nullement solennelles, croyez-le, mais réalistes et portant sur des questions précises pour le bien de vos enfants (comme aujourd’hui). Nous trouvons cela tellement indispensable que si, pendant la durée d’une année, il nous eût été impossible d’atteindre la famille d’une de nos élèves, la question se poserait de garder celle-ci l’année suivante ».
« L’école accepte volontiers la collaboration des parents quand ils l’offrent et elle doit l’exiger s’ils ne l’offrent pas ».
Comme le dit Pie XI, la mission éducatrice de la famille concorde admirablement avec celle de l’Eglise et donc de l’école catholique, d’abord parce que « toutes deux procèdent de Dieu » qui ne souffre aucune contradiction. Mais on ne pourra exiger de miracles pédagogiques à l’école si les parents négligent l’éducation de leurs enfants et une confiante collaboration avec l’école. Le meilleur tuteur du monde ne pourra rien si la terre est ingrate. La jolie plante qui promettait tant depuis le jour de son baptême, s’étiolera, puis mourra.
C’est une même personne qui est à la fois votre enfant et élève à l’école. Rassurez-vous, vous n’êtes pas les seuls à répéter 1000 fois les mêmes choses, à les reprendre, à les encourager, à les féliciter ! Il n’y a pas l’élève en semaine d’un côté et votre enfant le week-end ou en vacances de l’autre. Si l’enfant ressentait des divergences entre sa famille et son école, elle souffrirait, au mieux, d’un strabisme divergent, particulièrement incommode. Son âme serait tiraillée entre l’amour pour ses parents et le respect envers la Mère ou la maîtresse, ou l’aumônier. En gros, elle ferait ce qui lui est demandé, mais n’en pensera pas moins. Aux grandes causes métaphysiques (formelle, matérielle, efficiente et finale), s‘ajoutera la « cause toujours, tu m’intéresses ». II ne faudra alors pas s’étonner si la petite ou la jeune fille vous manifeste moins de confiance car elle aime beaucoup son école ou qu’elle n’est pas fière de son école, joyeuse d’en parler parce que des critiques sur son école ont été faites devant elle à la maison.
« Le climat scolaire de nos maisons est un climat d’honnêteté, de joie et de confiance. L’entente avec les parents porte sur cinq points principaux : docilité, discipline, pauvreté, pureté, foi ». Ces points essentiels doivent être parfaitement reçus par vous, sous peine d’imposer à votre fille un tiraillement bien dommageable. Reçus, c’est-à-dire acceptés, voulus et non subis.
Remarquez bien une chose, chers parents : jamais à l’école les parents sont dénigrés devant leurs enfants, ce serait pure folie, et une faute grave. Mais permettez-moi, à l’inverse, de vous donner quelques exemples concrets, non pour vous réprimander, mais pour vous encourager à faire attention.
Ces exemples sont éclairés par un principe fondamental : pas de critique, de commentaires négatifs sur l’école, la Mère titulaire, les maitresses devant votre enfant ; de même que vous évitez, je l’espère, de vous disputer devant vos enfants.
Certes, tout ne va pas forcément très bien, il y a telle ou telle difficulté, un doute, une inquiétude légitime ; la seule attitude à avoir est de s’adresser directement à l’école, à telle ou telle Mère. Alors tel problème fondra comme neige au soleil, même ici dans l’Aisne, qui n’est pas le département le plus chaud de France !
Très souvent, quand une enfant veut changer d’école, qu’elle y va en trainant des pieds, la critiquant sans cesse, ses· parents ont critiqué l’école devant elle sur tel ou tel point, même secondaire. Ou alors ils n’exercent pas leur autorité sur l’enfant. En tout cas, elle prie moins, ne se confesse pas, elle est inattentive pendant les cours, sinon insolente, elle est moins joyeuse en recréation, la petite va commenter cela avec ses amies dans un coin, bref, le mauvais esprit se faufile et à la fin de l’année, c’est inéluctable, elle voudra partir. Que de grâces perdues !
La tendance actuelle, réseaux soi-disant sociaux aidant, est de parler de tout et de tous, en comparant, en plaisantant, en parlant haut, ou en relativisant, en critiquant telle personne, en passant en revue les diverses tendances dans les chapelles, en jugeant les prêtres, et ce devant les enfants. II faut faire attention à cela.
II n’y a qu’un seul Dieu ; celui du Cours Notre-Dame des Victoires est le même que celui de la chapelle ou de l’église ou du Prieuré du dimanche. II mérite ce même respect qui se manifeste par la modestie de la tenue vestimentaire à la Messe, selon les directives de l’Eglise depuis saint Paul, à Le Hérie comme ailleurs. Quel dommage de retrouver ainsi nos élèves en pantalon, la tête découverte à la communion, enfin « libres », soi-disant. C’est surtout une porte ouverte au manque de docilité.
Quand je suis revenu d’Amérique du sud, en 2012, après y avoir passé 10 ans, quelque chose m’a impressionné : la palette des français dits « traditionalistes ». II y a la Fraternité Sacerdotale Saint Pie X et ses fidèles, dont vous êtes pour la plupart, ceux qui sont plus durs, les « résistants », ceux qui sont moins durs, et ce à des degrés divers, les sédévacantistes, certains venant dans nos chapelles d’autres non, les « accordistes », un pèlerinage de Pentecôte dans les deux sens, ceux qui fréquentent indifféremment les chapelles de la FSSPX ou toute autre chapelle, d’autres à l’occasion, d’autres jamais, bref ! Un fidèle m’a dit une fois : « la FSSPX devient libérale » ; peu de temps après, une autre personne me dit : « la FSSPX se durcit ». Mgr Lefebvre nous a donné une ligne de crête à suivre, nous la suivons contre vents et marées, c’est tout.
Pourquoi je vous dis cela ? Pour que vous ne débattiez pas de cela devant vos enfants. A la moindre réprimande juste, ils diront, comme cela a été entendu récemment dans un couloir de l’école : « Elles (les Mères) ne sont pas cools, elles sont rattachées à la FSSPX ; au Christ-Roi, à la Frat’ Saint-Pierre au moins c’est cool ». II y aura comme des petits clans à l’école suivant les options parentales. Ne parlez pas de tout cela, dites du bien des œuvres que fréquentent vos filles et auxquelles vous les avez confiées. Dites du bien des Mères, des enseignantes, dont le travail est admirable. Attention à la médisance ! Parlez-en aux Mères ou aux personnes concernées.
L’idéal serait bien sûr que nous nous retrouvions tous au même lieu de culte les dimanches.
Dernier point : ne laissez pas la toile (internet) envahir leur vie, leur imagination, leur curiosité. On ne joue pas impunément avec l’araignée de cette toile qui fait écran à la vie spirituelle, à la vraie sagesse, à la pureté.