Suite à la sanction de l’abbé François Schneider, du diocèse de Saint-Dié, pour avoir évoqué l’avortement dans son homélie du 11 novembre, L’Homme nouveau a enquêté sur l’abbé Schneider, qui a la réputation dans le diocèse de répéter sans cesse et en toutes circonstances la gravité de l’avortement.
Le diocèse a précisé les canons qui ont permis de rédiger le décret (canons 769, 772 et 1333 § 1). Le canon 769 stipule que “La doctrine chrétienne sera proposée d’une manière adaptée à la condition des auditeurs et en tenant compte des besoins du temps”.
Mgr Jean-Paul Matthieu, évêque émérite du diocèse, avait déjà averti en 2015 l’abbé Schneider qu’il risquait une sanction s’il choquait à nouveau son auditoire. Le curé avait commenté l’attentat du Bataclan en disant :
« Comment des chrétiens, peuvent-ils aller à un concert où la première chanson dit : “j’aime Satan et j’embrasse Satan ?” Le Christ nous dit de ne pas craindre ce qui menace le corps mais ce qui menace l’âme ».
L’affaire a été rendue publique par Jacques Nicolle, maire sans étiquette de Bertrimoutier, qui accueillait les cérémonies de commémoration du 11 novembre dans son village. Il était au premier rang pendant la messe, accompagné de cinq ou six élus.
Le maire s’est d’abord entretenu avec le curé qui a répondu « avec l’onction qui le caractérise. » Jacques Nicolle tient à préciser qu’il s’entend bien avec le prêtre avec lequel il plaisante facilement, « nous ne sommes pas dans une situation de Don Camillo et Pepponne ». Il n’a cependant pas supporté « des propos choquants pour bien des fidèles mais surtout, pour les représentants officiels ».
L’abbé Schneider a très simplement répondu :
« On vient dans la maison de Dieu pour entendre la parole de Dieu : faites votre devoir, je fais le mien ».
Le maire reconnaît qu’il fréquente assez peu les enceintes religieuses.
Un autre prêtre du diocèse partage la surprise de nombreux fidèles face à la sévérité de la sanction, mais s’interroge sur l’opportunité de ces cérémonies républicaines au sein des églises.
L’abbé Schneider prend toute cette affaire très sereinement. De son point de vue, il a simplement dit la parole de Dieu, parole qui nous invite à être pour la vie, et non la mort. Durant cette commémoration
« nous prions pour ceux qui ont donné leur vie pour que nous restions libres. Que faisons-nous de notre liberté ? C’est la question qu’on peut se poser ? »
« J’ai toujours le même discours. Certains me disent que je parle toujours de la même chose, plusieurs fois dans l’année ou à l’occasion d’un texte ».
Le vicaire épiscopal a justifié la sanction par l’opportunité de la déclaration. L’abbé Schneider répond avec Saint Paul :
« Prêche la parole, insiste à temps et à contretemps, reprends, menace, exhorte, avec une entière patience et toujours en instruisant (2 Tim 4.2). »
Dans l’ensemble, les paroissiens de Bertrimoutier soutiennent leur curé. À ceux qui considèrent que le message n’est plus audible aujourd’hui, l’abbé Schneider répond
« que ce n’est pas parce qu’ils ne peuvent pas entendre, c’est qu’ils ne veulent pas suivre ».