L’abbé Davide Pagliarani, Supérieur général de la Fraternité Saint-Pie X, évoque le temps présent et ses dérives dans la dernière lettre aux Amis et Bienfaiteurs de la FSSPX (n°91, 3 septembre 2022), ainsi que les remèdes :
Ouvrons les yeux maintenant, ouvrons les yeux de nos enfants, avant de nous réveiller engloutis dans la nouvelle Sodome. Donnons à nos enfants tout d’abord la leçon de notre exemple, de notre amour et de notre haine. N’attendons pas pour les prémunir. Éloignons de notre maison tout ce qui pourrait contribuer à propager l’esprit du monde, sans compromission, avec une douce et saine intransigeance. Ne soyons ni naïfs, ni faibles : aucune famille, aucune personne ne peut se croire à l’abri. La corruption est déjà beaucoup plus profonde qu’on ne pense, et sa progression est inarrêtable.
En même temps, n’oublions pas que cette bataille est foncièrement surnaturelle. On n’affronte pas des ruses diaboliques avec des moyens purement naturels. Ces moyens surnaturels se réduisent à trois principaux, et nous devons les redécouvrir continuellement.
Le premier est la sainte Messe : c’est par elle que Notre-Seigneur continue à vaincre le démon et le péché. Jamais nous n’apprécierons ce moyen dans toute sa valeur et jamais nous ne nous appuierons trop sur lui. C’est le précieux Sang offert sur nos autels qui gardera jusqu’à la fin des temps le pouvoir de faire germer la pureté et la virginité, même au milieu de la nouvelle Sodome. La Messe est le chef-d’œuvre de l’amour de Notre-Seigneur pour les âmes, et elle alimente en elles le même amour qui les fortifie jusqu’au don de soi.
Le deuxième moyen est le saint Rosaire. Ce moyen si ordinaire a particulièrement besoin d’être redécouvert dans nos familles. Il s’agit d’y voir toujours davantage le moyen de nous plonger dans les grands mystères de la vie de Notre-Seigneur et de Notre-Dame. Par là, guidés par notre mère, nous devenons capables de les imiter dans l’offrande d’eux-mêmes à Dieu, dans leur esprit de sacrifice et dans leur pureté. Malheureusement, en certains cas, on n’arrive plus à trouver le temps nécessaire pour prier ensemble. Le Rosaire doit rester la première de toutes les activités familiales quotidiennes. C’est autour de lui qu’il faut organiser sa journée. Dans les familles où cela est la règle, la grâce de la persévérance des enfants ne fera pas défaut.
Le troisième moyen est certainement le plus spécifique à la situation actuelle pour obtenir la persévérance : il s’agit du Cœur Immaculé de Marie. Dans sa Providence, Notre-Seigneur a voulu nous offrir un refuge au milieu de Sodome et Gomorrhe. C’est dans ce refuge que nous devons entrer. C’est-à-dire qu’il faut établir entre notre cœur et celui de la Vierge une telle intimité que nous puissions connaître et admirer la vie intérieure de la Vierge, partager ses désirs, ses joies et ses peines, ses soucis. Partager aussi et surtout sa volonté de coopérer sans réserve à l’œuvre de la Rédemption.
Qu’allons-nous alors découvrir dans ce cœur, que nous ne saurions trouver ailleurs ? Nous y trouverons surtout cette charité irrésistible, qui rend les âmes invincibles. C’est là que se cache le secret de la victoire et c’est là qu’il faut aller la chercher. Lorsqu’une âme aime véritablement, elle est prête à faire face à n’importe quelle épreuve. Toutes les craintes légitimes et compréhensibles disparaissent ; toute faiblesse s’évanouit ; tout héroïsme devient possible. En effet, tout ce que nous venons d’évoquer dans les quelques réflexions qui précèdent se résume à une question d’amour radical. L’amour vrai, la charité que Dieu répand dans nos cœurs, l’emporte toujours. Lorsque l’amour règne, il subjugue. L’amour dont nous parlons n’est pas synonyme de faiblesse mais de force. C’est l’arme à laquelle rien ne peut résister. Seul l’amour d’âmes prêtes au martyre pourra triompher dans l’empire de l’égoïsme et de l’impureté. Et c’est bien dans le cœur de la Vierge que nous trouverons l’exemple et la source de cet amour qui n’existe plus dans le monde mais qui doit être le nôtre. Credidimus Caritati.
Don Davide Pagliarani, Supérieur général