L’Association patriotique catholique chinoise est une émanation du Parti communiste chinois (PCC), qui réunit le clergé ayant accepté de prêter allégeance au gouvernement. Elle est d’essence schismatique. Une dénomination commune appelle ce clergé l’Eglise « officielle », par opposition à l’Eglise « clandestine » ou « souterraine », dont le clergé est resté fidèle à Rome.
En septembre 2018, un accord a été signé entre le Vatican et le gouvernement chinois, concernant la nomination des évêques. Il était valable deux ans. Les clauses de cet accord, renouvelé en 2020 pour deux nouvelles années, n’ont toujours pas été révélées.
Le 28 juin 2019, le Saint-Siège publiait des « Directives pastorales sur l’enregistrement civil du clergé en Chine », qui permettaient l’adhésion à l’Association patriotique, sans l’imposer, et en précisant certaines limites qui ne devaient pas être franchies. Ces Directives furent diversement accueillies, mais de nombreux prêtres et évêques s’y opposèrent.
Le 15 juillet 2022, l’évêque officiel de Baoding, Mgr Francis An Shuxin, a publié une « Lettre pastorale sur l’enregistrement civil du clergé dans le diocèse de Baoding ». Il informe que plus de 30 prêtres ont concélébré avec lui ces derniers mois. Il explique qu’il a utilisé l’accord sino-Vatican de 2018, les Directives pastorales susmentionnées, ainsi que d’autres déclarations papales pour encourager tout le clergé à s’enregistrer officiellement et tous les fidèles du diocèse à accepter le clergé enregistré, de manière à favoriser l’unité du diocèse.
Il a aussi menacé les prêtres qui refusent de se faire enregistrer, de leur interdire de conférer les sacrements – ce qui est contraire au texte des Directives – et a souligné que les privilèges spéciaux accordés par le Saint-Siège en juin 1978 au clergé non enregistré avaient été abolis. Il a averti que les autorités civiles traiteraient les contrevenants conformément à la loi et aux règlements.
Un commentateur chinois écrit :
« En plus de la restriction complète de la liberté personnelle (surveillance et emprisonnement) du clergé clandestin, et des pressions physiques et mentales opérées par les autorités, un autre moyen important a été l’utilisation des Directives pastorales du Saint-Siège. Ce document est devenu l’arme la plus puissante pour “transformer” le clergé clandestin ».
Les prêtres de Baoding, connus depuis des décennies pour leur loyauté, ont signé, après deux ou trois mois seulement, ce qu’ils considéraient auparavant comme « contraire » à leur foi et ont célébré avec Mgr An, qui avait déjà rejoint l’Association patriotique. Les conséquences ont souvent été dramatiques pour les prêtres ayant signé : certains ont fait une dépression nerveuse après avoir signé ; d’autres ont regretté de l’avoir fait et se sont sentis trahis ; d’autres encore, après avoir été officialisés, ont été rejetés par leurs paroissiens et ont dû rentrer chez eux.