Le Père François de Foucauld s’était suicidé il y a quelques jours. Proche du défunt, Mgr Philippe Brizard a prononcé l’homélie dans laquelle il n’a pas omis certains traits de la personnalité du Père de Foucauld:
Dies irae, dies illa ! Jour de colère que ce jour-là où nous avons appris la stupéfiante nouvelle. Elle venait des gendarmes :« On a trouvé la voiture de M. de Foucauld, abandonnée en pleine forêt » Puis, « on a trouvé son corps, pendu ». C’était la semaine dernière. C’est immonde, ce n’est pas possible ; c’est d’une cruauté inouïe. La colère a vite monté parce que le Père, avec ses qualités et malgré ses défauts, compte beaucoup d’amis. Certes il avait du caractère – et en avoir aujourd’hui, c’est presque un défaut –, il a fait de belles choses. Moi, qui le connaît, pas comme ses parents mais presque, depuis sa naissance, ne puis m’empêcher de penser qu’il était aimé même si, grand affectif, il recherchait à l’être et surtout à être reconnu. C’est pourquoi je m’incline profondément devant la douleur de ses parents. Cher Jacques, chère Isabelle, dans mon amitié pour vous, je souffre pour vous ; je souffre avec vous. Je me tourne tout autant vers sa sœur, Hélène, et ses frères Bertrand et Dominique et leurs épouses : votre fratrie est ébréchée mais faites bloc. Aimé des siens, François-Armand est aussi aimé de Dieu qui l’a appelé à devenir son enfant en portant le prénom d’un aïeul, prêtre, martyr des Carmes, béatifié, Foucauld tout comme lui et comme le Père Charles de Foucauld tout juste canonisé. Dans son amour, Dieu l’a appelé au sacerdoce de son Fils comme François-Armand, comme Charles et, comme Charles, non sans difficultés. Et l’Eglise, qui a reconnu sa vocation, l’a aimé et choyé. Je suis témoin de tout ce qu’a fait pour lui Mgr Éric Aumonier, son évêque jusqu’à une date récente. Et beaucoup d’autres peuvent le dire avec moi. Et quoi qu’on ait dit, Mgr Crépy se trouve être dans les mêmes dispositions.
Sortons de la noirceur du mal qui l’a emporté, considérons sa vie – il aurait eu aujourd’hui 50 ans –. Sa vie porte aussi de beaux fruits et tenons-nous dans la communion de l’Eglise afin que, solidaires dans le deuil, nous le devenions, s’il plaît à Dieu, davantage dans la paix et l’espérance.
De Houilles à Bois-d’Arcy, Le Père de Foucauld a exercé le ministère que lui a confié son évêque en diverses paroisses. Il avait l’intelligence exercée, aiguisée, pour chercher l’action pastorale innovante et missionnaire. Il en est ici qui se souviennent de sa passion pour le bateau qu’il mettait au service des jeunes avant même qu’il fût ordonné. Il a aimé et servi les jeunes. Il cherchait comment rejoindre les plus éloignés. Sa « messe pour les curieux » est un bel exemple de sa pédagogie pastorale. Il n’aimait pas ce qui ronronne, d’où ses innovations dans les préparations au baptême ou au mariage. Il réfléchissait aussi au renouveau de la catéchèse avec le lancement de la catéchèse du Bon Pasteur qui emprunte à la méthode Montessori. Cette soif de renouveau l’a fait songer à partir au Canada, à Halifax, pour voir la pastorale de transformation initiée par le Père James Mallon. Parmi les tweets et les messages des réseaux sociaux, il en est qui attestent de son attention aux personnes en difficulté. Comme se doit de l’être tout prêtre, il était fidèle en amitié et à ceux avec qui il avait tissé des liens à la suite d’une relation pastorale forte.
Je dois à la vérité de dire que le Père François-Armand avait des difficultés avec l’autorité quelle qu’elle soit. C’est un trait de sa personnalité. On croyait y trouver quelque chose du P. Charles de Foucauld qui a eu maille à partir avec l’autorité militaire quand il était officier, et qui en a fait voir de toutes les couleurs à l’Abbé Huvelin, son père spirituel. Charles s’est poli dans la découverte de l’obéissance qui rend libre. François avait à sa décharge une faiblesse psychologique qui pouvait le crisper, le rendre autoritaire, l’éloigner des autres de sorte qu’il supportait très mal les contradictions et de plus en plus mal les difficultés inhérentes à la vie tout simplement.
Bref, la messe que nous célébrons est une aide précieuse pour nous. Elle est un moment de communion autant que de souvenir. C’est bon, aussi, que la communion des vivants porte ceux qui sont morts et les confie à la miséricorde divine. Il s’agit alors de bien autre chose que du souvenir. Certes le souvenir est un moyen de rester uni à ceux qui ne sont plus ici-bas. Le souvenir est bien vivant, parfois paisible, parfois douloureux. Il est hélas souvent incommunicable. A qui confier son chagrin, avec qui évoquer telle chose vécue avec le défunt ? Bien souvent, et heureux sommes-nous alors si nous trouvons notre consolation dans le Seigneur. Que le Seigneur vienne donc à notre secours.
Et qu’il vienne au secours de notre foi. Dans le deuil, elle peut vaciller. A n’en pas douter, la mort – peut-être moins la nôtre que celle de proches – est une épreuve dans les affections mais aussi pour la foi. Il est normal que la foi s’interroge et que nous nous demandions s’il est raisonnable de croire vivants ceux qui, à l’évidence, sont morts.
La foi chrétienne n’évacue rien des réalités. Ce qu’il y a de plus réel la touche. Jésus lui-même est mort. Il a maintes fois affronté la mort dans sa vie. Elle provoquait chez lui une grande compassion et même le faisait pleurer. Il faut s’en souvenir quand, dans un débordement de douleur, on s’en prend à Dieu. « Si le bon Dieu existait, il ne permettrait pas cela ». Mais approfondissons davantage ce que disent l’expérience chrétienne et la foi. Elles disent ceci : chacun de nous, chacun de ceux que nous pleurons, nous sommes faits pour Dieu, pour vivre en relation avec Dieu. Comme le dit saint Paul : « aucun ne vit pour soi-même… nous appartenons au Seigneur ». Si nous sortons de l’alliance que Dieu a voulu nouer avec nous, nous nous retrouvons pratiquement dans la situation d’Adam après la chute. Coupé de Dieu, Adam ne peut que mourir. Si, au contraire, nous tenons la main que Dieu nous tend, alors nous acquérons une certitude. Cette main, c’est Jésus-Christ, et nous passons avec lui de la mort à la vie. La mort devient pour nous passage vers Dieu, comme pour Jésus. En un mot notre vie est pascale. C’est évidemment la solidité de l’amour de Dieu qui nous donne cette assurance.
Si rien des réalités de cette vie n’est occulté, Jésus invite donc à se lier à lui par un acte de foi et d’amour : « celui qui croit en moi obtient la vie éternelle ». La force de l’Alliance va jusque-là, à savoir que le Seigneur s’est lié à nous de telle façon que l’imperfection de notre foi, l’imperfection de notre vie ne peuvent faire obstacle à la volonté de salut de Dieu. Certes, comme le dit encore saint Paul, chacun est responsable de ce qu’il fait. Mais chacun peut lier sa prière à la puissance d’intercession du Christ pour le salut. Nous ne pouvons pas, en vérité, juger la vie de ceux qui nous précèdent et certainement pas celle du Père de Foucauld. Même si nous pensons que leur vie chrétienne est insuffisante, même si nous regrettons amèrement les atteintes graves ou légères à la charité, voire à la justice, les disputes et les conflits que nous avons eus, nous pouvons faire fond sur la solidarité qui nous vient du Christ. C’est donc à bon droit que nous prions pour le salut éternel de nos défunts et donc pour le Père de Foucauld.
Autrefois, en raison des circonstances de sa mort, nous n’aurions pas pu célébrer la messe qui consiste à appliquer les mérites du mystère pascal au Père de Foucauld. Aujourd’hui nous pensons, avec les progrès de la réflexion sur les drames psychologiques sans qu’on sache les soigner, qu’il y a eu quelque chose de compulsif dans le comportement d’un homme de foi comme le P. de Foucauld qui l’a mené à cette horrible extrémité. Nous ne pouvons que le remettre à Dieu pour qu’il le prenne en pitié. Que la Bienheureuse Vierge Marie, Mère de Dieu, nous aide. Elle a assisté son Fils mourant sur la croix. Elle a éprouvé la compassion d’une mère pour son fils avec toute la tendresse qu’on imagine. Elle a vécu la compassion au sens fort parce qu’elle a été associée dans la foi à la Passion. A cette compassion, nous sommes tous appelés pour faire l’offrande de nos vies associées à celle du Christ mais aussi pour offrir la vie de notre frère François-Armand que nous accompagnons jusque dans la mort.
Cependant, rappelons-nous, parce que chacun de nous à cette heure pense à sa propre mort : quand un homme meurt, il naît à la vie éternelle dans la logique de son baptême. Au baptême, nous avons déjà renoncé à cette vie qui ne tient qu’à elle-même pour recevoir toute celle qui vient de Dieu. Et cette vie éternelle est déjà commencée. Lorsque nous mourrons, nous acquiescerons à notre baptême. En abandonnant tout, nous recevrons tout de Dieu, tout son amour, toute sa vie. Saint-Paul ajouterait : « retenez ce que je viens de vous dire et réconfortez-vous les uns les autres ».
Prions pour que François-Armand de Foucauld et tous les défunts reposent en paix.
Sainte-Marguerite du Vésinet, le 8 juillet 2022
Monseigneur Philippe BRIZARD, Prot. Ap.
Source: Église catholique en Yvelines
De grâce, les larmes de crocodile, assez !
Du silence et de la décence, messieurs les mitrés, avant car il s’agit de vous préparer surtout à une nécessaire enquête pénale qui portera très certainement sur plusieurs agissements de harcèlement moral dont vous serez sans doute accusés, et pas seulement l’*évêque actuel de Versailles.
Amen, belle homélie.
Maintenant, qui peut me dire :
– si les laïcs dénonciateurs exercent toujours des responsabilités dans la paroisse ?
– quel est le [responsable] qui a sélectionné les deux DRH retraités auteur d’un rapport de médiation ratée ? Même l’évêque a reconnu que leur rapport était biaisé, entirèrement à charge sur la foi de 5 témoins seulement, et leur méthodologie foireuse. D’accord. Qui les avait choisi ? Quand on a (au minimum) aussi peu de discernement, on démissionne ou on est écarté. La question est posée de la complicité avec un réseau de pourris comme semble le manifester la connivence entre les médiateurs et l’une des parties auditées (et ce n’est pas le curé)
– pourquoi l’évêque demande-t-il de détruire les pièces de la médiation/audit ?
– sur la video de condoléances de l’évêque, il semble avoir du mal à se retenir de sourire, voire de rire doucement. C’est moi ou c’est vraiment le cas ?
Donc en gros l’affaire de Foucauld est enterrée avec ce pauvre prêtre. L’affaire Crépy / gouvernance du diocèse de Versailles devrait prendre la suite pour répondre aux questions ci-dessus. Je souhaite aux diocésains de Versailles qu’ils ne laissent pas passer cette affaire-là sans explications et actions claires et efficaces.
C’est assez probable que le diocèse se mure dans son silence “institutionnel” après avoir multiplié tentatives de reprise en main ratées et manips eventées – ce qui montre bien au passage que cela ne marche, de plus en plus mal du reste, qu’avec les clercs- , mais c’est tout à fait probable aussi que les proches de la victime et les diocésains ne se laissent pas arrêter dans leur quête de vérité, d’autant que ce type de problème existe dans bien d’autres diocèses qu’à Versailles.
A Paris avec les prêtres placardisés, dépressifs ou confinés dans des aumôneries d’hôpital, de couvents, des pastorales de niche etc il y aurait de quoi faire tourner deux petits diocèses de province. C’est un immense gâchis.
C’est poignant et même en ignorant le détail de ce malheur je sais que la hiérarchie institutionnelle de ce prêtre n’ a pas eu LES MOTS DE l’AMOUR qui console et qui guérit comme une thérapie. SI les hommes ‘dits de DIEU ‘ n’ont pas de message DIVIN pour la vie quotidienne comme pour les actes décisifs ils ne sont RIEN. En important et en imposant le temporel l’INSTITUTION a tué les coeurs portés vers un idéal or un idéal veut la VERTIE de DIEU
ELLE NE VEUT PAS CHANGER et retrouver l’humilité du moine et de l’ermite ; mieux vaut la quitter que lui faire encore confiance quand on n’entend plus la parole qui rend JUSTICE. cette affaire en son contexte me rappelle l’affaire DREYFUS banni par la haine des hiérarques mais réhabilité par la volonte d’un JUSTE
dies irae ..
Sermon épouvantable ! Lamentable !
Précisons par ailleurs que suite à une première expression dans ce sermon jugée maladroite par l’assistance il a été interrompu, et qu’à la fin de la cérémonie un oncle de la victime (c’en est évidemment une) a remis les choses en place et a été applaudi à tout rompre, d’autant plus quand le micro s’est malencontreusement coupé…
(Témoignage reçu d’un de nos lecteurs qui était à l’enterrement).
Je prie pour que la volonté de Dieu se fasse. Et si c’est Sa volonté, qu’il y ait dépôt de plainte, et que la plainte aille au pénal. Il est extraordinaire de devoir mobiliser la justice humaine pour être protégés et si possible débarrassés de ces gens.
Si l’amour du père de Foucaud n’était pas suffisant pour motiver la démarche, au moins que cela soit fait pour l’honneur de l’Eglise et pour protéger à l’avenir tous les prêtres, avant les prochains suicides.
Si la justice fait son travail, ce sera une bonne chose. Si elle ne le fait pas, et si à cette occasion on découvre une connivence de plus, il faudrait alors poser – sans exaltation et sans faiblesse ni respect humain – la question des mesures nécessaires pour traiter ce problème. Cela a assez duré.
Lamentable, les clercs se couvrent tous les uns les autres! Minables, veules! Trop de prêtres souffrent de l’Autorité et des actions de groupuscules de laïcs qui ont pris le pouvoir dans certaines paroisses…ou ce qui en reste!
Je ne connais pas le fond du problème et ne jugerai donc pas pour ne pas être moi-même jugé. Cela dit, on devine en coulisses un petit monde de délateurs, de moralistes, de doctrinaires, de malfaisants, qui grouillent, grenouillent et scribouillent. L’obsession de ce noble “ami de la famille” semble être de dédouaner les pèrévêques, si bons, si clairvoyants, si courageux, si efficaces. Certains parlent ici de justice civile. Laver son linge en famille ne donne pas toujours de bons résultats. Il y a l’exemple d’un prêtre des Yvelines qui expie aujourd’hui ses fautes dans une prison laïque. Ses confrères de séminaire ont vu les écailles leur tomber des yeux au procès en appel. Il aura quelques années pour se ressourcer avant le jugement final, le seul qui compte. Se méfier du quant à soi. Prions malgré tout pour le père de Foucauld qui a deux saints intercesseurs dans sa famille. Cet homme, victime fragile d’une sous-Eglise en décomposition, présente toutes les caractéristiques d’un bon zigue.
Un prêtre est appelé par le Seigneur. La vie nous est offert par Notre Père. Un prêtre qui se donne la mort, c’est pour moi un prêtre qui dit au monde : Dieu n’existe pas.
Jésus sur la croix dans tout son Amour a dit “Père pardonne leurs ils ne savent pas ce qu’ils font” puis dans un élan peut-être de désespoir “Père pourquoi m’as tu abandonné” et Dieu L’a libéré de la souffrance.
Ce que je reçois au travers de cet acte, aussi désespéré soit-il, aussi compréhensible soit-il, aussi légitime soit-il pour certain, c’est: il n’y a pas d’espoir. Personnellement, cela n’a pas d’importance la vengeance, la reconnaissance d’avoir été victime ou non, le mal est fait et l’a emporté, il semblerait, aux vues de la véhémence, la colère, la tristesse même la mort que laisse tout ceci, bien loin de la Paix du Christ.
À Peu Importe
Je crois qu’il faut nuancer le jugement que vous portez sur ce prêtre en premier paragraphe de votre commentaire. Il me semble que Notre Seigneur serait capable de donner des circonstances atténuantes à ce suicide car les médecins et les avocats (Notre Seigneur les entend aussi) vous diront que le harcèlement moral est capable de détruire tous les comportements raisonnables d’intelligence et de volonté de tout être humain (les prêtres sont aussi des êtres humains), comportements qui précisément sont le préalable à un acte surnaturel par excellence qui est celui de la foi, laquelle est intimement liée à l’espérance. Et le fait d’avoir été ordonné prêtre ne change rien à ce constat, quand bien même le sacrement de l’ordre est porteur d’une grâce divine toute particulière qui implique peut-être un héroïsme dans la foi.
Mais précisément, l’héroïsme est lui aussi un acte liant intelligence et volonté, deux caractéristiques qui peuvent être détruites par ces agissements répréhensibles.
Et il m’est d’avis par conséquent, que Notre Seigneur exercera sa sévérité,
(laquelle est plus significative que celle de la justice humaine nécessaire pour réprimer ce délit pénal),
d’abord à l’encontre des auteurs de ces agissements et de leurs complices actifs ET PASSIFS fussent ils eux aussi titulaires de ce sacrement.