L’abbé François Dedieu, curé de la paroisse Saint-Urbain-Sainte-Marie de La Garenne-Colombes (diocèse de Nanterre), vient de publier un essai plaidant pour être Curé à durée indéterminée. Il a été interrogé dans La Nef. Extrait :
Quand tout bouge, il est nécessaire d’avoir des repères stables ! Il importe avant tout de comprendre que la paroisse est une communauté. La taille de certaines de nos paroisses, tant en nombre dans de grandes villes qu’en superficie dans le monde rural, ne nous y aide probablement pas. Elle est pourtant une famille dont le curé est le père. Certains sont amenés à déménager, mais beaucoup sont stables. Et ceux qui déménagent sont souvent heureux de trouver un ancrage dans le lieu où ils arrivent.
Une certaine mobilité des curés n’est-elle pas nécessaire, ne serait-ce que pour pouvoir les déplacer lorsque cela se passe mal dans une paroisse, et cette mobilité ne peut-elle être source de renouveau?
Dans sa sagesse, l’Église prévoit que cela peut mal se passer. Un curé peut être transféré, révoqué ou peut démissionner. Notons que la stabilité souhaitée se distingue de l’inamovibilité. C’est le bien des âmes qu’il faut rechercher, tant des pratiquants que des habitants, ou encore du curé. Un changement peut être source de renouveau comme il peut déstabiliser une communauté. Des études – essentiellement dans le monde évangélique qui se préoccupe davantage de la croissance – montrent qu’une communauté qui vit un changement de pasteur tous les six ans ne connaît à terme aucune croissance numérique. Aujourd’hui, les curés sont déplacés alors que tout va bien, tant pour eux que pour la communauté qui croît!
Quelle est la position de votre évêque sur cette stabilité, et des évêques en général ? Et pensez-vous que vos confrères prêtres aspirent à cette stabilité plutôt qu’à des changements réguliers plus ou moins programmés ?
Je laisse mon évêque répondre à cette question, n’étant pas son porte-parole! Notez cependant qu’il est suffisamment libre pour avoir préfacé l’ouvrage… Quant aux autres évêques, j’imagine que beaucoup sont dans l’attitude qui était la mienne autrefois, et considèrent ces déplacements réguliers comme naturels car « on a toujours fait comme ça »… même pour les évêques ! Je ne peux que les encourager à lire le livre : il ne s’agit pas de défendre une thèse mais de comprendre pourquoi l’Église demande par principe la stabilité des curés en redécouvrant ce que sont la paroisse et le curé. J’ai reçu de nombreux témoignages de prêtres. Beaucoup n’osent pas en parler à leur évêque, de peur de donner l’impression de revendiquer quelque chose pour eux-mêmes. Ce n’est pas sans me poser question quant à la façon dont sont vécues l’obéissance et l’autorité dans l’Église.