Dom Cardoso Sobrinho, l’archevêque d’Olinda et Recife qui s’était tant battu pour essayer de sauver la vie des petits jumeaux dont était enceinte une fillette de neuf ans, après avoir subi pendant trois ans les viols de l’amant de sa mère, a reçu jeudi soir le prix « Cardinal von Galen » attribué par l’organisation « Human Life International ».
Ce prix porte le nom du prélat allemand qui s’opposa héroïquement au national-socialisme, portant notamment un coup d’arrêt au projet d’Hitler d’exterminer les handicapés par ses prises de parole publiques contre la persécution des juifs. Le cardinal von Galen subit l’internement en camp pendant plusieurs années, mais le « Lion de Münster » devait survivre à cette épreuve et faire un retour triomphal dans son diocèse en 1946. Il fut béatifié en 2005.
« Human Life International » est un organisme catholique de défense de la vie, présent dans de nombreux pays, dont le responsable actuel, le père Euteneuer, s’est élevé contre la campagne médiatique quasi mondiale qui a frappé l’archevêque brésilien. Mgr Cardoso a été flétri pour avoir déclaré, en réponse à des questions de journalistes, que la mère de la petite fille avortée ainsi que les médecins responsables de l’intervention s’étaient excommuniés en méprisant ainsi la vie de deux tout-petits de 15 semaines.
On se rappellera que ce constat, assorti de la précision que l’Eglise n’allait pas « notifier » cette excommunication aux intéressés parce qu’elle « n’a pas l’habitude de procéder ainsi », qu’il s’agissait simplement de faire « réfléchir » ceux qui ont choisi l’avortement volontaire, a été violemment critiqué comme une erreur de « communication » et le signe d’une grave insensibilité aux souffrances de la petite victime.
L’affaire s’est compliquée par la publication d’une « note » (avec tout ce que ce genre de publication a de solennel et d’officiel) par Mgr Rino Fisichella, président de l’Académie pontificale pour la Vie, désavouant l’archevêque de Recife et affirmant son respect pour les médecins qui avaient pris cette décision « difficile », à la « une » de L’Osservatore Romano. On sait depuis, comme l’a affirmé Daniel Hamiche dans L’Homme nouveau et comme le confirment pleinement mes sources, que Mgr Fisichella « enrage » d’avoir été amené à publier cette mise au point sur la base d’informations trompeuses.
Le Père Euteneuer faisait partie de ceux qui avaient d’emblée manifesté leur incompréhension et leur indignation devant cette mise au point qui a eu pour effet de laisser croire qu’il est des circonstances où l’Eglise catholique légitime pleinement l’avortement, la mise à mort directe et volontaire d’innocents, comme moyen justifié par la fin de sauver une autre vie.
L’initiative de « Human Life International » apparaît ainsi comme une sorte de réparation de ce désordre. C’est le directeur de l’organisation pour les pays de langue portugaise, Raymond de Sousa, ainsi que le chef du bureau de HLI à Rome, Mgr Ignacio Barreiro-Carambula, qui se sont déplacés à Recife pour remettre officiellement le prix à Mgr Cardoso, soulignant lors de la cérémonie que celui-ci avait « osé affronter les médias du monde entier, il n’a pas eu peur de l’impopularité ».
Mgr Cardoso Sobrinho, se disant très « surpris » par cette gratification, a souligné qu’il ne la recevait pas à titre personnel mais au nom de l’Eglise catholique. Rappelant que Benoît XVI avait tenu, en février, en recevant les lettres de créance du nouvel ambassadeur du Brésil près le Saint-Siège, à redire qu’il faut défendre la vie humaine « dès la conception », Mgr Cardoso a expliqué qu’il s’était « borné à suivre les principes de l’Eglise et du Droit canon ». Et de déclarer que s’il était resté silencieux après la réalisation de l’avortement, il se serait senti « complice », « quasiment en connivence ». « J’ai fait mon devoir ! »
Le prix lui a été remis en ces termes : « “Human Life International” a l’honneur de remettre à Dom José Cardoso Sobrinho archevêque d’Olinda et Recife, le prix Cardinal von Galen en reconnaissance de son atttidude héroïque dans l’accomplissement de son ministère épiscopal, pour la défense de la vie humaine, en affrontant l’hostilité de tous ceux qui font la promotion de la culture de mort. » A commencer par le président Lula, partisant du « droit » à l’avortement.
Doit-on pour autant parler d’héroïsme ? Mais oui. Il eût été bien plus facile de ne rien dire. Avoir aujourd’hui le souci des âmes et de leur salut éternel, et le dire, est considéré comme une faute de goût, une faute tout court, et même un empêchement à l’évangélisation. Ce sont des accusations très graves, et elles méritent d’être lavées.