Le père Paul-Antoine Drouin, prêtre diocésain de 51 ans, ancien vicaire général du diocèse du Mans, signe une tribune dans La Croix pour dénoncer une critique systématique des plus âgés, de la génération conciliaire, cette génération qui a tué le père, détruit les traditions et qui n’a pas transmis grand chose… C’est ce même prêtre qui s’en était pris il y a quelques jours à l’abbé Grosjean sur Facebook à propos du pèlerinage Notre-Dame de Chrétienté, qu’il juge ne pas être en communion ecclésiale… Interrogé dans Ouest-France le 9 juin, il dénonçait ainsi la nouvelle génération de catholiques :
Je dois aussi dire que je suis inquiet de voir la place croissante qu’occupent les minorités sur les réseaux sociaux. Comme la société n’échappe pas aux montées des populismes, l’Église n’échappe pas non plus au grand danger de la radicalisation et du repli sur soi.
Ces quelques éléments viennent éclairer la prise de position de l’ancien vicaire général du Mans, qui cherche visiblement à se faire nommer évêque…
Plutôt que de se demander pourquoi la génération des années 70 n’a rien transmis, il s’en prend à la nouvelle qui se “radicalise”. Sic.
À vrai dire, cela m’inquiète d’autant plus quand je vois que cette chasse aux sorcières fait florès au sein même du peuple chrétien, toutes sensibilités confondues. Il n’y a qu’à lire, par exemple, les commentaires postés sur les réseaux sociaux en réaction aux synthèses synodales diocésaines pour s’apercevoir qu’est en train de s’installer un véritable ressentiment contre le boomer chrétien qui jouissait de ses 20-30 ans dans les années 1968.
Celui qui s’en prend à Notre-Dame de Chrétienté tente de défendre… la tradition (re-sic) :
la foi chrétienne s’inscrit toujours dans une tradition et jamais en rupture d’une tradition. L’apôtre saint Paul le redit deux fois : « Je vous ai transmis ce que j’ai moi-même reçu » (1Co 15, 3) Certes, on peut à juste titre interroger nos aînés sur la transmission de la foi chrétienne. Mais de là à les accabler en les rendant coupables à eux seuls de la déchristianisation de notre pays, je n’oserais pas simplifier les choses à ce point. Si l’on peut interroger le processus de transmission de la foi au cours des dernières décennies, qui peut, pour autant, se prévaloir d’en avoir la recette magique aujourd’hui ? Cela serait très présomptueux. Seul le temps nous le dira. Et puis, soyons logiques : si nous croyons aujourd’hui, c’est bien parce que ces mêmes aînés ont joué un rôle fondamental dans notre parcours chrétien. Il n’est pas superfétatoire de le reconnaître !
« Je vous ai transmis ce que j’ai moi-même reçu », telle était le devise de Mgr Lefebvre. Pas trop radical pour l’abbé Drouin ?