Nous sommes en 1902. Le Capitaine de Susbielle vient d’être nommé chef du poste de Taghit (entre Colomb-Bechar et Beni-Abbès, en Afrique du Nord). Il effectue de nombreuses tournées de reconnaissance de son secteur et rencontre à cette occasion le père Charles de Foucauld dans son ermitage de Beni–Abbès. Voici le récit exact de cette fameuse rencontre.
En chemin, le Capitaine de Susbielle avait dit à ses hommes : « Vous allez voir un marabout français; il vient par amitié pour vous : recevez-le avec honneur. »Foucauld, reconnaissant la France, se porte vers elle, au galop, sa robe blanche flottant au vent. Il arrête son cheval à trois pas de l’officier, et répond au salut du Capitaine de Susbielle. En même temps les 15 cavaliers, fidèles à la politesse indigène, mettent pied à terre, enveloppent le marabout « qui vient par amitié pour eux » et plusieurs, ensemble, inclinés, baisent le bas de sa « gandourah » (longue tunique sans manche de toile légère portée en Afrique du Nord). Ce fut leur première rencontre.
Charles de Foucauld, prévenu et souhaitant porter assistance aux blessés, fut escorté par les hommes du Capitaine jusqu’au lieu du drame. Il resta jour et nuit au chevet des blessés. Il se rendra également avec lui sur les lieux de l’embuscade pour bénir la tombe commune des victimes.