Le cardinal Matteo Zuppi, archevêque de Bologne, a été nommé président de la Conférence épiscopale d’Italie par le pape François, le 24 mai, pour succéder au cardinal Gualtiero Bassetti, qui était à la tête de la CEI depuis 2017. Zuppi a immédiatement été présenté par la presse italienne comme un choix conforme à la préférence pour les pauvres et les marginaux, loin des combines de pouvoir et des intérêts politiques que l’on attribue habituellement à la Conférence épiscopale italienne, du moins pour ceux qui pensent à la ligne suivie à l’époque du cardinal Ruini. De plus, Zuppi est présenté comme l’un des fidèles de François et peut-être comme son successeur potentiel.
Zuppi est, du côté de sa mère, un neveu du cardinal Confalonieri, puissant préfet de la Congrégation Consistoriale – plus tard Congrégation des Evêques – sous Jean XXIII et Paul VI. En 1973, alors qu’il était encore étudiant, il a rejoint Andrea Riccardi dans la Communauté Sant’Egidio naissante, qui allait devenir une puissance politique et ecclésiale aux tendances clairement progressistes. En tant que prêtre, vicaire puis curé de Santa Maria in Trastevere pendant 29 ans, Zuppi était au centre des activités de la Communauté Sant’Egidio, qui ne se limitaient pas à organiser des tables pour les pauvres à l’intérieur de la basilique. C’est à Sant’Egidio que nous devons l’organisation de la première grande rencontre interreligieuse pour la paix à Assise, en 1986.
La Communauté a également joué un rôle important dans l’accord Sino-Vatican de 2018. Le pouvoir de la Communauté en Italie est tel que Riccardi lui-même a été ministre de la Coopération internationale en 2012, et candidat de gauche à la présidence de la République en janvier de cette année.
Après deux brèves années comme curé à Torre Angela, une banlieue romaine abandonnée, c’est Benoît XVI qui a choisi Zuppi comme évêque auxiliaire de Rome en 2012, lui ouvrant les portes de sa future carrière qui le verra quelques années plus tard archevêque de Bologne et cardinal en 2019, avec le titre de Sant’Egidio, précisément.
Sa nomination à la présidence de la CEI a été accueillie avec enthousiasme par le rabbin Di Segni de Rome et le jésuite James Martin, un partisan bien connu de la cause LGBT. L’édition italienne du livre du jésuite Bâtir un pont, consacré à l’intégration du monde homosexuel dans l’Eglise, a été préfacée par l’archevêque de Bologne. Têtu s’était réjoui de l’élévation au rang de cardinal de Mgr Zuppi.
En tant qu’évêque à Rome, il a célébré une messe pontificale selon le rite traditionnel à la Trinité des Pellegrini, et en tant que cardinal, des vêpres solennelles au séminaire de Gricigliano, de l’Institut du Christ-Roi.
La particularité de cette conférence épiscopale, forte de 198 évêques et archevêques est que la nomination de son président est « réservée au Souverain pontife ». Lors de la 76e assemblée plénière de la CEI, qui se déroule du 23 au 27 mai, les évêques ont voté une terna. Parmi les noms proposés au Pape, celui-ci a choisi l’archevêque de Bologne. Selon Famiglia Cristiana, les autres noms de la terna seraient ceux du cardinal Paolo Lojudice, archevêque de Sienne, et de Mgr Antonino Raspanti, évêque d’Acireale et vice-président sortant de la CEI.