Mercredi, le pape François recevait La Voie romaine. Samedi, c’était au tour de l’institut pontifical Saint Anselme de Rome, à l’occasion du 60e anniversaire de sa fondation. Le pontife est revenu sur la réforme liturgique et ne s’est pas privé de critiquer les traditionalistes.
Ce n’est pas une question de rites, c’est le mystère du Christ, qui une fois pour toutes a révélé et accompli le sacré, le sacrifice et le sacerdoce. Adorez en esprit et en vérité. Tout cela, dans votre Institut, doit être médité, assimilé, je dirais “respiré”. A l’école des Ecritures, des Pères, de la Tradition, des Saints. Ce n’est qu’ainsi que la participation peut se traduire par un plus grand sens de l’Église, qui nous fait vivre de manière évangélique en tout temps et en toute circonstance. Et cette attitude de fête subit aussi des tentations. Là-dessus, je voudrais souligner le danger, la tentation du formalisme liturgique : aller après les formes, les formalités plutôt que la réalité, comme on le voit aujourd’hui dans ces mouvements qui tentent de revenir un peu en arrière et de nier le Concile Vatican II lui-même. Alors la fête est récitation, c’est une chose sans vie, sans joie.
La liturgie, un champ de bataille ?
Je souligne à nouveau que la vie liturgique et son étude doivent conduire à une plus grande unité ecclésiale, non à la division. Quand la vie liturgique est un peu une bannière de division, il y a là-dedans une odeur de diable, le trompeur. Il n’est pas possible d’adorer Dieu et en même temps de faire de la liturgie un champ de bataille pour des questions qui ne sont pas essentielles, voire pour des questions dépassées et de prendre position, à partir de la liturgie, avec des idéologies qui divisent l’Église. L’Evangile et la Tradition de l’Eglise nous appellent à être fermement unis sur l’essentiel, et à partager des différences légitimes dans l’harmonie de l’Esprit.
Et sur la réforme liturgique, il évoque celle de Pie XII :
Il est vrai que toute réforme crée des résistances. Je me souviens, j’étais un garçon, quand Pie XII a commencé par la première réforme liturgique, la première : on peut boire de l’eau avant la communion, jeûner une heure… “Mais c’est contre la sainteté de l’Eucharistie !”, s’habiller. Puis, la messe du soir : “Mais, pourquoi, la messe est le matin !”. Ensuite, la réforme du Triduum pascal : “Mais comment, le Seigneur doit ressusciter le samedi, maintenant on le renvoie au dimanche, samedi soir, le dimanche ne sonne pas les cloches… Et où vont les douze prophéties ?” . Toutes ces choses scandalisaient les esprits fermés. Cela arrive aussi aujourd’hui. En effet, ces mentalités fermées utilisent des schémas liturgiques pour défendre leur point de vue. Utiliser la liturgie : c’est le drame que nous vivons dans les groupes ecclésiaux qui prennent leurs distances avec l’Église, remettent en cause le Concile, l’autorité des évêques…, pour préserver la tradition. Et la liturgie sert à cela.