La Congrégation pour l’éducation catholique a publié une instruction, signée en janvier par le préfet le cardinal Versaldi, mais rendue publique mardi 29 mars, sur l’identité de l’école catholique.
Ce texte rappelle le rôle majeur des parents :
L’éducation étant un droit de tous, le Concile a fait appel à la responsabilité de tous. Tout d’abord, celle des parents qui ont un droit prioritaire dans les choix éducatifs. Le choix de l’école doit être fait en pleine liberté et selon la conscience, d’où le devoir des autorités civiles de rendre possibles différentes options dans le cadre de la loi. L’État a la responsabilité de soutenir les familles dans leur droit à choisir l’école et le projet éducatif.
Quant à l’école catholique, outre son rôle d’école, elle a une dimension catholique ainsi explicitée :
En tant que catholique, l’école possède non seulement les caractéristiques susmentionnées qui la distinguent des autres institutions ecclésiales que sont la paroisse, les associations, les instituts religieux et d’autres encore, mais elle possède aussi une qualification qui détermine son identité spécifique : il s’agit de « sa référence à la conception chrétienne de la réalité. C’est Jésus-Christ qui est le centre de cette conception ». La relation personnelle avec le Christ permet au croyant de poser un regard radicalement nouveau sur toute la réalité en assurant ainsi à l’Église une identité toujours renouvelée afin de susciter, au sein des communautés scolaires, des réponses adéquates aux questions fondamentales de toute femme et de tout homme. Par conséquent, pour tous les membres de la communauté scolaire, « les principes évangéliques inspirent son projet aussi bien comme motivations que comme finalités». En d’autres termes, dans l’école catholique, outre les outils communs aux autres écoles, le dialogue entre la raison et la foi permet d’accéder aussi aux vérités qui transcendent les simples données des sciences empiriques et rationnelles, et de s’ouvrir à la vérité tout entière afin de donner une réponse aux questions les plus profondes du cœur humain qui ne concernent pas seulement la réalité immanente. Ce dialogue entre raison et foi n’est pas une contradiction, puisque la tâche des institutions catholiques dans le cadre de la recherche scientifique consiste à « unifier existentiellement, dans le travail intellectuel, deux ordres de réalités qu’on a trop souvent tendance à opposer comme si elles étaient antithétiques, la recherche de la vérité et la certitude de connaître déjà la source de la vérité ».
Ce texte rappelle que, dans une école catholique, l’éducateur est catholique. On en est loin en France :
Un autre aspect important, de plus en plus déterminant pour parvenir à la formation intégrale des élèves, est le témoignage des éducateurs laïcs et consacrés. En effet, « dans le projet éducatif de l’école catholique on ne fait donc pas de séparation entre les temps d’apprentissage et les temps d’éducation, entre les temps de la connaissance et les temps de la sagesse. Les diverses disciplines ne présentent pas seulement des connaissances à acquérir mais des valeurs à assimiler et des vérités à découvrir. Tout ceci exige une ambiance caractérisée par la recherche de la vérité, où les éducateurs, compétents, convaincus et cohérents, maîtres de savoir et de vie, soient les icônes, imparfaites certes, mais non dépourvues d’éclat, de l’unique Maître».
24. L’éducateur laïc catholique dans les écoles, en particulier dans les écoles catholiques, « accomplit une tâche qui suppose un aspect professionnel indéniable mais qui ne peut se réduire à cela. Elle est assumée dans le cadre de sa vocation surnaturelle chrétienne. Il doit donc la vivre effectivement comme une vocation personnelle dans l’Église et pas seulement comme l’exercice d’une profession ».
25. Pour les personnes consacrées, « l’engagement éducatif, aussi bien dans les écoles catholiques que dans les autres, est une vocation et un choix de vie, un chemin de sainteté, une exigence de justice et de solidarité surtout vis-à-vis des jeunes les plus pauvres, menacés par diverses formes de déviance et de risque. En se vouant à la mission éducative dans l’école, les personnes consacrées contribuent à faire parvenir le pain de la culture à ceux qui en ont le plus besoin». Les personnes consacrées, « en communion avec les Pasteurs, remplissent donc dans l’école une mission ecclésiale d’importance vitale parce qu’en éduquant, elles collaborent à l’évangélisation».
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38. L’ensemble de la communauté scolaire est responsable de la mise en œuvre du projet éducatif catholique de l’école en tant qu’expression de son caractère ecclésial et de son intégration dans la communauté de l’Église. « C’est proprement dans cette référence explicite à la vision chrétienne partagée – bien qu’à des degrés divers – par tous les membres de la communauté scolaire que l’école est catholique, car ainsi les principes évangéliques inspirent son projet aussi bien comme motivations que comme finalités».
39. Tous ont l’obligation de reconnaître, de respecter et de témoigner de l’identité catholique de l’école, exposée officiellement dans le projet de formation. Ceci vaut pour le corps enseignant, le personnel de service et pour les élèves et leurs familles. Au moment de l’inscription, les parents comme l’élève devront être informés du projet de formation qui caractérise l’école catholique.
Une école catholique n’est pas un établissement scolaire avec un peu de catéchisme… :
69. La particularité charismatique avec laquelle est vécue l’identité catholique ne justifie pas une interprétation réductrice de la catholicité qui exclurait explicitement ou de facto des principes, des dimensions ou des exigences essentielles de la foi catholique. En outre, la catholicité ne peut pas être attribuée seulement à certains moments ou à certaines personnes, par exemple aux moments liturgiques, spirituels, sociaux ou aux fonctions d’aumônier, de professeur d’éducation religieuse ou de directeur d’école. Cela serait en contradiction avec la responsabilité qu’ont la communauté scolaire dans son ensemble et chacun de ses membres, responsabilité qui, par ailleurs, n’est pas affirmée dans l’intention d’instaurer une « société parfaitement égalitaire », ou un perfectionnisme moral ou disciplinaire difficile à évaluer.