De Mgr Thierry Brac de La Perrière, évêque de Nevers :
La guerre s’est déclenchée en Ukraine, et nul ne sait où elle s’étendra ni combien de temps elle durera. Elle nous concerne bien sûr, comme Européens, mais aussi comme membres d’une même famille humaine. Cette agression de la part d’un dictateur rappelle bien sûr celles de 1938 et 1939 de la part d’Hitler, et nous assistons à la résistance héroïque d’un peuple. Que notre prière accompagne cette résistance et rejoigne tous ceux qui dans le monde se battent contre des totalitarismes politiques ou religieux.
La guerre s’est déclenchée il y a quelques jours, avec l’agression militaire russe, mais elle est là depuis longtemps, à l’échelle mondiale : guerre d’influence pour la maîtrise des matières premières, des énergies, de l’eau, des moyens d’information, des circuits économiques. La guerre s’appuie sur la faiblesse des Etats, sur la vénalité des dirigeants, sur la léthargie des consciences ; elle a pour moteurs l’appétit de pouvoir, les idéologies politiques ou religieuses, et comme moyens la violence, le cynisme, le mensonge, la corruption et tant d’autres, imaginés par des cœurs pervertis. Les victimes en sont les peuples, spécialement les plus vulnérables. Mais également la planète elle-même, jardin désormais souillé et dévasté par toutes ces luttes économiques et politiques.
Cela nous dépasse ; nous ne connaissons pas tous les rouages de la géopolitique, et nous n’avons pas les solutions. Mais nous savons que la paix comme la guerre prend racine à l’intérieur du cœur de l’homme. Et nous devons produire des fruits de paix. Le Carême qui commence est un temps pour cela.
Car la paix est le don de Jésus ressuscité : « La paix soit avec vous », dit-il à ses apôtres réunis au Cénacle. Elle est aussi la mission qu’il leur confie : « Je vous laisse la paix, je vous donne ma paix ». Disciples du Christ, c’est sa paix qui est entre nos mains, pour la semer et la faire fleurir : dans nos familles, dans nos communautés chrétiennes, dans notre lieu de travail, dans notre société. Car tous ces lieux peuvent aussi être des champs de bataille.
Le Carême nous invite à accueillir de manière renouvelée la paix du Christ, qui jaillit de son cœur transpercé. C’est donc sa croix que nous garderons devant les yeux tout au long de ce chemin. Une croix qui porte la Paix en personne ; la paix crucifiée, bafouée, meurtrie, apparemment vaincue et éliminée ; mais de laquelle jaillissent l’eau de la vie et le sang de l’amour.
Pour trouver la paix en nous, pour faire la paix autour de nous, pour que vienne la paix dans notre société et dans le monde, rendons-nous au pied de la croix.