Construite de 1928 à 1932 par l’architecte Louis Poisson à l’emplacement d’une église médiévale détruite pendant la première guerre mondiale, , l’église Saint-Denis de Becquincourt est désacralisée en 1980 à cause de la baisse de la pratique religieuse et de la fusion avec Dompierre, en 1964, qui possède aussi une église.
Vendue pour 50 000 euros à un acquéreur privé en 2007 qui la sauve ainsi de la démolition dans l’espoir d’en faire un musée d’art graphique. Ce dernier, Luc Parin Hémar, avait un curieux projet de transformation artistique qu’il décrivait en 2017 au Courrier Picard :
“C’est ici que Blaise Cendrars, remonté des combats de Frise, a fait étape et a voulu se reposer. Et qu’en retournant un Christ sur un mur, il a été condamné à un mois de prison qu’il n’a heureusement pas fait ». Un siècle après, l’enfant du pays, attaché à l’écrivain et à l’histoire noire de 1914-1918, voudrait mettre en lumière un lieu créatif, symbole de vie. Après une nuit blanche, Luc adresse de beau matin un mail énigmatique à l’artiste espagnol Dulk. « Une église vide t’attend ici » lui écrit-il simplement, comme on lance une bouteille à la mer. La réponse est venue très vite de Valencia. « J’ai dégusté chacun de ses mots, je lui ai écrit trois pages, il m’a répondu en trois pages ». Depuis des mois, les deux hommes échangent une correspondance assidue. « Je voudrais qu’il me réalise deux triptyques inspirés du Néerlandais Joaquim Bosch, qu’il me peigne quatorze stations et mes murs de plein d’animaux. C’est le meilleur et il est capable de fresques de trente mètres de large », salive Luc, lui-même ancien étudiant en dessin, art et graphisme.
Luc Parin Hémar a également fort sympathisé avec le Nordiste Silvany, compagnon charpentier, qui lui aussi rachète des églises. Le premier a rejoint l’association Farlab du second, un réseau d’églises laboratoires en transformation par des particuliers. Grâce à cette relation, des étudiants en Master d’architecture devraient se déplacer à Dompierre-Becquincourt pour élaborer leurs projets pour l’église Saint-Denis. « Je ne casse rien et tout est démonté », précise le propriétaire qui possède également 2500 m2 de terrain autour de son église. Et de temps en temps, il gravit deux échelles pentues pour faire sonner les cloches. Et s’en amuser comme un gamin”.
Néanmoins, tout cela nécessitait de l’argent et des financements publics qui n’ont pas été obtenus. L’église a donc de nouveau été mise en vente, et rachetée cette fois par un particulier qui veut la transformer en logements. Là aussi, des financements extérieurs sont nécessaires.
Le réseau Farlab sauve deux églises de la démolition dans le Nord
Quant au réseau Farlab, il a finalement réussi à transformer l’ancienne église Saint-Louis de Tourcoing, promise à la démolition en 2009, en lieu culturel ouvert en 2020 après des années de restauration par des jeunes en décrochage scolaire. La ville lui avait cédé l’église 20.000 €, après que les Bâtiments de France en aient empêché la démolition.
Depuis, le réseau Farlab a acheté à l’euro symbolique une seconde église construite en 1907-1912, désacralisée par le diocèse de Lille en 2014, et promise à la démolition, l’église Saint-Gérard de Wattrelos. Il est question d’en faire un lieu d’apprentissage des métiers d’artisanat pour les jeunes en rupture scolaire, tout en conservant l’aspect extérieur de l’église et son clocher.