L’affaire du bébé « RB » a connu un tragique retournement de situation au septième jour du procès autour de sa « qualité de vie ». Cet après-midi, le jeune père de l’enfant atteint de myasthénie, après s’être battu devant les cours royales de Londres pour le maintien du respirateur de son fils, a demandé, en larmes, que l’audience se poursuive à huis-clos. Deux heures plus tard, la presse était réadmise dans la salle pour apprendre que le père et la mère s’étaient mis d’accord pour demander l’arrêt de tout traitement à leur fils, conformément aux autorités hospitalières qui avaient porté cette demande en faveur d’une « mort digne » pour le petit patient. Le juge chargé de l’affaire, Justice McFarlane, visiblement soulagé selon la journaliste de BBC News de ne pas avoir à imposer une décision lui-même, a entériné le choix des parents en autorisant le débranchement de « RB », accompagné de « soins palliatifs » pour compenser la souffrance entraînée par cela. On estime qu’il mourra tôt après. Le jour et l’heure seront déterminés par les parents et les médecins qui s’occupent du petit garçon.
A son ordre officiel le juge a choisi d’ajouter quelques mots, comme cela est possible dans la procédure anglo-saxonne, pour rendre hommage au « dévouement » et à « l’amour » dont les parents de « RB » avaient fait preuve à l’égard de leur fils depuis sa naissance :
« Ils ont mis leurs propres vies d’adultes entre parenthèses. Ils ont subi un stress immense, qui a signé la fin de leur propre relation, mais ils parviennent toujours à travailler ensemble et ils font ce qu’ils peuvent pour soutenir leur fils. Lorsqu’ils ont dû faire face aux affres de la situation où ils se sont trouvés, ces jeunes gens ont été totalement à la hauteur et ont fait face à la responsabilité que la vie leur avait imposée en faisant preuve, chacun, d’un engagement à 100 % qui ne peut que commander un profond respect et autant d’admiration. »
Il semble que le père de « RB » ait été ébranlé par les témoignages de médecins et d’infirmières à propos des souffrances de son garçon, l’argument principal étant que celui-ci n’était pas en mesure de montrer sa douleur par l’expression de son visage ou par des mouvements musculaires. L’un d’entre eux, un professeur qui a ausculté l’enfant ces derniers jours, a recommandé le débranchement parce que, dans le cas d’une trachéotomie réussie, il continuerait d’être malade tout en connaissant un développement neurologique et cérébral normal, et connaîtrait « une frustration croissante » du fait de ne pas pouvoir communiquer. Maintenir « RB » en vie ne serait donc pas dans l’intérêt de l’enfant dans la mesure où celui-ci ne pourrait espérer une quelconque « qualité de vie ». C’est précisément le fait que « RB » avait un développement normal et réagissait à la vue de ses parents qui avait poussé son père à se battre pour sa vie.
La Société britannique pour la protection des enfants naître (SPUC) avait déclaré, au début du procès : « Chaque fois qu’il y a un doute à propos d’un traitement médical indispensable à la survie, tous devraient agir en fonction d’une présomption en faveur de la vie. »
De fait ici un choix thérapeutique moins lourd a été écarté pour des motifs directement puisés dans l’argumentaire des partisans de l’euthanasie.