Mgr Eric Aumonier, évêque émérite de Versailles et responsable pour le diocèse du suivi des travaux de restauration de la cathédrale Notre Dame de Paris ne lève pas le flou sur Notre-Dame de Paris. Ce n’est pas Riposte catholique qui le dit, mais Famille chrétienne qui relate ainsi un entretien visiblement houleux sur Kto. Bref, de quoi sonner les cloches aux oreilles du Père Gilles Drouin… Au passage, bonne performance de Kto qui n’a pas servi la soupe à la langue de bois ecclésiale.
« Nous sommes à l’état d’une élaboration où tout n’est pas ficelé, nous avançons pas à pas. » La prudence est toujours de mise chez les responsables du diocèse de Paris lorsqu’il s’agit d’évoquer l’aménagement intérieur de Notre-Dame. Mgr Eric Aumônier (…) n’a pas dérogé à la règle en formulant cette phrase qui se voulait sans doute rassurante en répondant aux questions de KTO dimanche 2 janvier 2022.
Il faut dire que les inquiétudes n’ont pas vraiment été dissipées depuis la validation du projet par la Commission nationale du patrimoine et de l’architecture (CNPA) le 9 décembre dernier. Dans ce nouvel entretien, Mgr Eric Aumônier n’a pas donné beaucoup plus d’informations concrètes que celles dévoilées fin décembre par le père Gilles Drouin, responsable précisément du projet de réaménagement intérieur, qui avait répondu aux questions de Famille Chrétienne et de quelques autres médias après des mois de silence total du diocèse.
L’ancien évêque de Versailles a confirmé deux choses : le grand flou qui persiste autour de certaines déclinaisons concrètes du projet, mais aussi la possibilité d’un recours à des outils de médiation contemporains à condition qu’ils servent l’initiation spirituelle des visiteurs de l’édifice, au grand dam des défenseurs du patrimoine. Il a rappelé les deux piliers guidant le projet d’aménagement aux yeux du diocèse : permettre « la prière du peuple chrétien dans Notre-Dame », et initier les visiteurs à la dimension spirituelle du lieu et au mystère chrétien. « Tout cela se réfléchit de manière très sérieuse et ce n’est absolument pas un délire d’imagination étrange sur Notre-Dame que nous sommes en train de faire. »
« Pourquoi n’avoir pas choisi de tout refaire comme c’était avant ? », l’interroge alors son interlocutrice Philippine de Saint-Pierre, directrice générale de KTO. « Qu’est-ce que c’est que cet avant ? répond Mgr Aumônier. Parce que les chapelles étaient toutes noires de suie avant l’incendie. Faut-il refaire des chapelles à l’identique ? »« Vous comprenez bien ce qu’il y a derrière la question… Nettoyer, rendre sa beauté à Notre-Dame sans la modifier. C’est ce que certains demandaient ! », reformule la journaliste.
« Mais il ne s’agit pas de modifier Notre-Dame ! Je ne vois pas où on a trouvé qu’on allait modifier Notre-Dame ! Ça n’est ni en notre pouvoir ni dans notre désir ! Il faut que ce soit clair », martèle l’évêque émérite de Versailles. Avant d’ajouter : « Il faut se rappeler que les gens qui rentrent à la cathédrale ne sont pas tous de culture chrétienne. Il est tout à fait normal qu’en rentrant dans une cathédrale catholique ils puissent comprendre là où ils sont. Et donc tout ce qu’on pourra faire pour aider cette compréhension, on le fera. » L’idée est de permettre l’initiation chrétienne des visiteurs à travers un parcours catéchétique le long des chapelles latérales, et de les faire entrer par le portail central et non plus la porte de droite sur la façade, pour leur permettre de « mieux constater l’axe liturgique jusqu’à l’autel ».
Interrogé sur l’éventuelle projection de phrases sur les murs le long des chapelles latérales qui a suscité une levée de boucliers, Mgr Aumônier n’a pas exclu cette possibilité. Il a répondu que le diocèse se posait la question suivante : « Comment permettre à des personnes de différentes langues de comprendre quelque chose sans abîmer en rien la structure de la cathédrale ? Les murs, on ne peut pas toucher aux murs ! Et donc comment peut-on faire au mieux, de façon sobre et de façon fine ? »
Et son interlocutrice de lui demander : « N’est-ce pas justement ce que faisaient les statues et les peintures ? »« Si mais quand vous êtes pressé et que vous visitez une cathédrale comme Notre-Dame vous n’avez pas forcément le temps d’aller regarder inscrit en tout petit en bas d’une statue ce qui se passe ! » Et Mgr Aumônier ajoute que la durée de visite moyenne est de vingt minutes. Le parti pris du diocèse serait ainsi de se plier à la rapidité de parcours des visiteurs pour leur offrir une immersion efficace dans le mystère chrétien. Ce que regrettent justement certains architectes et défenseurs du patrimoine, invitant à faire davantage confiance au pouvoir évangélisateur de l’œuvre des bâtisseurs et de Viollet-le-Duc ayant parachevé leur travail.
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S’ils « entendent » le projet, nul ne sait quelle place prêtres et fidèles se verront concrètement accorder dans les décisions.
Comme on dit: quand il y a un flou, il y a un loup…
S’ils rendaient sa nature religieuse à Notre Dame au lieu de faire comme en nombre d’endroits, organiser un circuit touristique que des cars entiers de personnes souvent irrespectueuses ou indifférentes au sacré traversent comme des consommateurs pressés.
Est-ce que la dimension économique, le tourisme “religieux” rapporte, ou l’illusion d’avoir des lieux de prière très visités par des indifférents, primerait sur la dimension religieuse et évangélisatrice pour laquelle ont été bâtis ces édifices par nos ancêtres?
Si vous videz le message catholique de sa substance doctrinale et religieuse, l’annonce explicité du salut à tous? à quoi rime de prétendre proposer des phrases spirituelles à des indifférents qui visitent Notre Dame à la charge entre la Tour Eiffel et l’Arc de Triomphe?