Tribune pathétique de l’évêque émérite de Viviers, dans La Croix, aujourd’hui âgé de plus de 80 ans. Mgr Blondel commence par souligner qu’il refuse de prendre la parole dans le débat public, depuis sa retraite. Mais, celui que nous n’avons pas entendu lors du scandale des abus sexuels, a trouvé plus important de venir cracher son venin sur une partie des catholiques, avec ce sophisme incroyablement inélégant ‘on leur tape dessus et ils ont le culot de se plaindre : c’est bien la preuve qu’il faut leur taper dessus‘ !
Depuis 2015, je me suis interdit de donner un avis ou un conseil dans la vie pastorale, acceptant très sereinement d’être éloigné et de la responsabilité et des mentalités des nouvelles générations. Avec une grande confiance en ceux qui sont « aux affaires ». L’Assemblée plénière de la Conférence des évêques de novembre m’a confirmé dans cette attitude.
Mais voici Traditionis custodes et les réactions qu’a suscitées ce motu proprio du pape François. J’ai envie de dire quelques choses simples.
La violence « réactionnaire » montre, il me semble, que le pape a eu raison d’intervenir. C’est bien une « Église » complète, à part, à côté qui se constituait petit à petit et qui s’est sentie menacée. Peut-être ai-je été (avons-nous été) un peu complice dans ce laisser-faire. Que des personnes classiques, facilement critiques, posant des questions se réunissent entre elles, après tout cela nous laissait tranquilles.
Les évêques ont passé leur temps à marginaliser les catholiques attachés à l’usus antiquor et ensuite, ils s’étonnent que ces catholiques vivent en parallèle ! Disons-le tout net : c’est de la faute des évêques si ces catholiques sont des catholiques à part ! Pourquoi n’ont-ils pas osé les accueillir à bras ouvert ? Pourquoi ne leur ont-ils pas confié des églises délaissées ? Pourquoi avoir restreint leur apostolat ? Pourquoi cette attitude mesquine et sourcilleuse ? Pourquoi ces chantages répétés à l’égard des prêtres ?
Rappelons que, suite à Summorum Pontificum et à la demande de fidèles de son diocèse, Mgr Blondel avait désigné un prêtre pour célébrer… le premier samedi de chaque mois, à 17h30 (!), la messe selon le rituel de 1962, avec les lectures du missel de 1969, dans une église située à 50km du lieu où habitaient les demandeurs… Si ce n’est pas une mesure vexatoire, qu’est-ce donc ? Cette célébration a été enterrée.
Mgr Blondel, qui fait un rapprochement entre les traditionalistes et les antivax (ces assassins en puissance si je comprends bien sa pensée), ne se pose pas la question du pourquoi : pourquoi user de la forme traditionnelle de la liturgie ? Un peu d’introspection ne lui ferait pas de mal : en 15 ans d’épiscopat à Viviers (de 1999 à 2015), le nombre de prêtres a été divisé par deux. Et il a réduit les 368 paroisses à 24 (mais pas une seule pour les méchants traditionalistes).
Mais peut-être que les catholiques attachés au missel traditionnel devraient être un peu plus islamophiles… En 2006, Mgr Blondel a vendu un terrain diocésain à la commune de Tournon en Ardèche pour permettre la construction d’une mosquée. Les musulmans ont droit à leur mosquée, mais des catholiques sont privés d’Eglise. Peut-on raisonnablement être en communion avec ce type d’évêque ? Je pose la question.
maximilienbernard@perepiscopus.org