La gestion du rapport Sauvé, sans recul, et en reconnaissant le caractère systémique des abus sexuels, pourrait empêcher Mgr de Moulins-Beaufort d’être nommé à Paris. Dans Libération, Bernadette Sauvaget avant une autre hypothèse :
[…] Arrivé mardi dans la capitale, Georges Pontier, l’archevêque émérite de Marseille et ex-président de la Conférence des évêques de France, assure l’intérim à la tête du diocèse du Paris, à la demande du pape François. «C’est un vieux sage», commente un prêtre parisien à son sujet. La mission de pacification doit durer «six ou neuf mois», précise à Libération Georges Pontier, croisé vendredi soir dans les allées de Saint-Sulpice. Car il faut choisir un successeur à Aupetit. Et ce n’est pas une mince affaire dans le contexte difficile du catholicisme français. «La chute d’Aupetit, c’est la fin d’une époque et la décapitation de l’Eglise catholique en France», relève un prêtre du diocèse, pourtant opposant de l’archevêque. «Il faut sortir maintenant de l’entre-soi parisien», estime de son côté une personnalité du catholicisme français. Le système dans lequel les archevêques de Paris en poste imposaient, au pape, le choix de leurs successeurs est arrivé à bout de souffle.
Selon Georges Pontier, le dossier de succession serait à peine ouvert. Confiée au nonce apostolique en France, l’équivalent d’un ambassadeur du Vatican, Celestino Migliore, la première étape de la procédure, confidentielle et opaque, consiste à réaliser un audit du diocèse et à sélectionner trois candidats à travers des consultations secrètes. La «terna» est ensuite transmise à l’un des services les plus puissants du Vatican, la Congrégation pour les évêques, dirigé par le cardinal canadien Marc Ouellet. En réalité, pour des postes importants comme celui de Paris, le cardinal Ouellet et le pape François ont toute latitude. […]
Ces derniers temps, la nonciature apostolique testait, de manière informelle, des noms de successeurs potentiels. Preuve qu’avant même les affaires de pseudo-liaisons, l’avenir d’Aupetit était compromis, une disgrâce plutôt liée à sa gouvernance et aux conflits internes dans le diocèse. En France, émergent des favoris et des outsiders, comme l’archevêque de Rouen, Dominique Lebrun, ou celui de Marseille, Jean-Marc Aveline. A Rome, un nom se murmure avec insistance : Jean-Paul James, l’archevêque de Bordeaux, un outsider discret, hors des cercles de pouvoir de l’Eglise de France. «Equilibré, appuie une source à la curie romaine. Et déjà pressenti, en 2020, pour le poste de Lyon.» «James, c’est l’extrême centre», tacle, ironique, un prêtre parisien. […]