Un lecteur nous a transmis le récit des évènements – l’empêchement d’un concert d’orgue profanatoire à l’église Notre Dame de Bon Port par 200 paroissiens. Il relate le déroulement de la mobilisation des fidèles à l’attention de l’évêque de Nantes, qui avait autorisé ce concert et l’avait maintenu en le déplaçant depuis une autre église (St Clément), dont les paroissiens s’étaient mobilisés (et auxquels il a été dit que le concert était annulé)
Monseigneur,
Nous, paroissiens catholiques de Nantes, avons empêché un concert d’avoir lieu le soir du mardi 7 décembre, la veille de l’Immaculée Conception, en l’église Notre-Dame de Bon Port. Cette initiative fut complètement spontanée, sans coordinateur, et ne pouvait qu’être ainsi car décidée la veille pour le lendemain. Nous sommes allés à l’encontre de votre décision, non par vil intérêt, mais à cause d’un profond sentiment d’injustice et d’offense envers nos croyances.
Vers 17h30, ce soir-là, l’accès à l’église nous fut refusé de façon véhémente par les équipes techniques du LU, à cause du concert organisé le soir, tandis que l’église est censée être ouverte jusqu’à 18h30. Nous n’avons pas insisté malgré notre incompréhension, nous sommes partis, et l’équipe du LU s’est soigneusement enfermée dans l’édifice en vérrouillant toutes les portes.
Vers 18h30, des techniciens ouvrirent la porte de la sacristie. Nous nous y engouffrâmes malgré une résistance violente à l’intérieur. Nous étions une vingtaine de jeunes paroissiens. Nous investîmes le hall exigu entre la sacristie et la rue, et refusâmes d’en ressortir avant d’avoir pu discuter pacifiquement avec l’équipe du LU, qui refusait toute discussion jusqu’à ce que nous les obligions à s’entretenir avec nous. Avant toute chose, nous nous fîmes bien comprendre : nous n’étions ici en aucun cas pour nous en prendre à des personnes où du matériel. Nous sommes catholiques et nous rendrons compte de nos actions devant Dieu. La sacristie était transformée en taverne où étaient entreposés packs de bières et nourritures sur le buffet. Nous avons des photos. Cette vision a fortement choqué certains d’entre nous.
S’est donc entamée une discussion pacifique, où chacun s’est exprimé librement. Nous remercions l’organisateur du concert pour son ouverture d’esprit, malgré le fait que nous n’ayons pu discuter qu’uniquement après avoir dû rentrer par ruse. Nous expliquâmes que l’artiste, Anna von Hausswolff, avait pu tenir des propos ouvertement sataniques et blasphématoires dans ses précédents morceaux, et que plusieurs de ses pochettes d’albums et de ses publications sur les réseaux sociaux faisaient montre d’un attrait explicite pour le funèbre, le morbide, la mort, l’obscurité et les ténèbres. Nous rajoutâmes aussi que le public lui-même ne cachait pas, sur les réseaux sociaux, un fort attrait pour le blasphématoire, l’anticléricalisme et la perversion de lieux et d’objets sacrés (nous avons des exemples).
Au bout d’une heure, nous convînmes d’une entente : cinq d’entre nous pourraient rentrer dans l’église pour réciter un chapelet de réparation, puis le public aurait pu rentrer assister au concert, après avoir écouté un bref discours de rappel de la part de l’équipe du LU, leur demandant de faire preuve d’un grand respect dans le lieu qui leur était prêté. Le chapelet s’est bien passé, dans un grand moment de calme, de paix et de silence, encadré par les agents de sécurité du LU. Nous avons alors pu constater que le choeur de l’église était en ordre, ce qui nous rassura. Nous échangeâmes ensuite quelques paroles avec les organisateurs et la police, qui nous a fait confiance, qui est restée en retrait nous laissant nous arranger seuls avec le LU, et qui nous a ensuite félicités pour notre responsabilité.
Vers 20h, nous rejoignîmes les autres paroissiens devant l’église. Nous n’étions alors plus une vingtaine, mais une centaine. Notre but premier, comme convenu avec les organisateurs, était de chanter pacifiquement à l’extérieur de l’église pendant le concert.
A ce moment, Monseigneur, le public commençait à arriver et à nous faire face sur la place devant le parvis de l’église, où nous nous trouvions rassemblés. Nous nous mîmes à chanter le chapelet d’une seule voix. Les spectateurs, d’abord étonnés d’une telle mobilisation, devinrent plus nombreux, et les simples questions laissèrent rapidement place aux insultes et aux provocations. L’allure du public confirma donc toutes nos craintes : ces gens-là, apparemment venus simplement écouter un concert d’orgue, perdirent bien vite leur contenance, et n’eurent plus aucune peine à vomir sur nous leur haine de l’Eglise et des catholiques. Ils essayèrent de couvrir nos Ave Maria par des hurlements de bêtes, nous insultèrent avec grande originalité de «fachos», d’«intégristes», de «radicalistes pires que les terroristes islamistes». Nous prîmes l’initiative de distribuer au public les paroles d’une chanson de l’artiste, intitulée «Pills» et où celle-ci dit «avoir couché avec le diable» («I made love with the devil»). En réponse, certaines personnes nous apostrophèrent «Laissez-nous faire l’amour avec le diable !». Ces mêmes personnes-là étaient bel et bien censées rentrer dans une église consacrée à la Vierge Marie, la veille de l’Immaculée Conception… Beau cadeau à la Vierge pour sa fête !
De toute la soirée, nous n’avions pour seule arme que nos chants d’amour, dans lesquels nous demandions à Marie de prier pour nous, pauvres pécheurs, et de prier pour eux, pauvres pécheurs également. Aucune insulte de notre part, aucune violence, ni aucun geste déplacé. Veuillez s’il vous plaît regarder les vidéos de l’événement : un seul des deux camps insulte l’autre, et nous n’avons répondu aux violentes offenses que par la prière, conscients que nous représentions l’Eglise. Les haineux en face de nous, sous couvert de représenter la liberté d’expression, l’ouverture d’esprit, le Progrès et la liberté, ne faisaient que vociférer leur profond mépris pour une Foi qui les dépasse. Malgré nos échanges cordiaux avec les organisateurs, il devenait clair que nous ne pouvions plus laisser rentrer un troupeau déchaîné et chauffé à blanc dans la Maison du Seigneur. Alors oui, effectivement, nous prîmes à ce moment là la décision de ne pas les laisser rentrer. Nous nous répartîmes devant toutes les portes de l’église. Face à nous : une foule violente qui nous empêchait d’avancer. Derrière nous : des portes fermées à clés de l’intérieur, qui nous empêchaient de reculer. Quoi qu’il arrive, nous étions pris au piège. Sans cesser de chanter, nous formâmes un mur de nos propres corps en agrippant nos bras. Plusieurs fois, le public, soudainement métamorphosé en «brigade antifasciste», chargea contre nous. Sans violence, nous ne bougions pas. Nous ne le pouvions pas d’ailleurs, étant cernés. Nous, paroissiens pacifiques et priant, étions apparemment devenus une horde de fascistes obscurantistes moyenageux ennemis de la liberté d’expression. Vous pouvez cependant voir dans les vidéos qu’aucun membre du public n’a été privé de sa liberté d’expression, puisque personne ne s’est gêné pour nous insulter. Un jeune en face de nous essaya même de couvrir nos prières en lançant un «Nantes, Nantes, antifas» mais il ne fut pas suivi. On nous hurla d’aller nous faire avorter. On entendit également de nombreux propos extrêmement crus sur les prêtres : «tous des pédophiles et des homosexuels» (le public serait-il homophobe ?)…
A 21h, la police nous annonce que la meilleure issue possible est que le concert soit annulé, et que chacun rentre chez soi. Le public, voyant que nous vainquons par l’amour, se frustre et cherche à nous faire peur en nous menaçant : ils viendront dimanche bloquer nos églises lors de la messe. La police, de son côté, voyant que nous ne répondions pas aux provocations, n’intervint pas : preuve que nous avons su rester responsables et non-violents.
A 21h20, l’organisateur du LU annonce à tous que le concert est annulé, que le public sera remboursé et que chacun doit rentrer chez soi, sur décision de l’artiste. Le public, déçu de ne pas avoir brisé notre détermination par tout les pires moyens, se refuse à partir avant que nous ne soyons parti en premier. Sachant que notre mission était accomplie, que l’église n’allait pas être profanée, et par esprit d’humilité, nous décidâmes de nous en aller tranquillement, les premiers, sans haine ni mépris, ne sachant pas ce que le public, désormais moins nombreux mais plus radical, allait prévoir de faire pour se venger, sur nous ou sur l’église.
Monseigneur, toutes les photos et vidéos témoignent en notre faveur. Je témoigne avec humilité de ce que j’ai pu voir ou entendre personnellement, ayant toujours été en
première ligne. Sachez que ce genre d’action équivaut à une mort sociale : on a filmé nos visages, on nous a pris en photo, ces photos vont tourner sur les réseaux sociaux
et les groupes d’extrême gauche. Nous serons fichés, traqués, proscrits, chassés de nos rues et attaqués dans le dos comme à l’habitude de ces soi-disant «antifas». Comprenez le courage qu’il nous a fallu pour nous opposer publiquement à cette offense. Nous sommes les méchants dans l’histoire. Les médias et réseaux sociaux sont contre nous, et ceux qui nous ont violentés passent pour les victimes. L’extrême gauche anticléricale occupe déjà nos rues, elle ne peut occuper nos églises : elles sont
tout ce qu’il nous reste. Notre seul espoir et notre seule consolation est d’avoir Dieu avec nous. Et même si nous vous avons désobéi en agissant, nous l’avons fait,
Monseigneur, avec l’intime conviction que cela était juste. Nous sommes prêts à vous faire parvenir toutes les photos et vidéos qui appuieront mes propos. Ceci est peut-être le seul témoignage honnête que vous lirez. Vous aurez donc notre point de vue sur cette histoire : je témoigne de bonne foi et dans un souci d’exhaustivité. Je
prie Dieu qu’Il éclaire votre jugement.
Je vous prie d’agréer, Monseigneur, l’expression de mes sentiments les plus respectueux,
Un paroissien nantais