Estimée 6 millions d’euros, l’église suédoise, située près du parc Monceau à Paris depuis 1913 est à vendre. Seulement, la décision – qui émane des autorités suédoises, qui souhaitent se séparer de la plupart des églises à l’étranger – suscite une forte levée de boucliers dans la communauté, d’autant que si le vendeur souhaite que le nouvel acquéreur ne détruise pas l’église, il n’est pas sûr que le bâtiment soit suffisamment protégé pour l’en empêcher.
“À Paris, la nouvelle crée un grand émoi dans la communauté franco suédoise”, explique Le Figaro. “Une pétition, en ligne sur Change.org. , a recueilli plus de 2500 signatures en seulement 48 heures. En Suède, les grands médias comme le quotidien Dagens Nyheter et Sveriges radion l’équivalent local de Radio France se sont emparés du sujet. «Au-delà de l’aspect religieux, cette église a un rôle culturel extrêmement important», souligne l’architecte Hedvig Ersman. C’est effectivement là que 300.000 Suédois comme de nombreux Français se retrouvent pour les grandes traditions suédoises. Avec ses stands croulants sous les bougies, les objets d’artisanat et autres saumons marinés, le marché de Noël attire les foules.
Mi-décembre, la Sainte-Lucie est un autre moment fort. Les réservations pour siroter un glögg (vin chaud) et assister au défilé de jeunes gens habillés de blanc avec bougies sur la tête entonnant en suédois les chants traditionnels, est telle que le pasteur doit planifier plusieurs défilés trois jours durant. C’est là aussi que tous se retrouvent pour regarder la finale de l’Eurovision, qui, en Suède, est un événement majeur. Voir les fans applaudir leurs chanteurs préférés sous le regard sévère des pasteurs dont les portraits dominent le hall principal est une expérience à ne pas manquer. «Pour l’image du royaume nordique en France et la promotion de la Suède, c’est un lieu extrêmement important», souligne Anne Edelstam, membre de la congrégation parisienne“.
Des considérations politiques et liées aux travaux d’entretien compliquent encore les choses, établissant deux visions antagonistes – celles de l’Eglise de Suède et celle des fidèles parisiens suédois.
Le fond de l’affaire est politique. À Stockholm, le parlement a voté la séparation entre l’Église et l’État en 2000. Mais les partis politiques ont gardé la main sur le clergé, dont les représentants sont élus tous les quatre ans. Aux élections de septembre 2021, les sociaux-démocrates sont arrivés largement majoritaires. Ces élus ont décidé que les trente églises situées en dehors du royaume devaient à terme devenir indépendantes. D’ici 2030, le budget alloué à ces églises va diminuer de moitié.
Pour le clergé, la vente de l’église et de son terrain à Paris permettrait une opération blanche d’un point de vue financier. À la tête d’un patrimoine conséquent, l’Église suédoise est riche et possède de nombreuses forêts et terres agricoles du royaume. Un constat qui laisse bien amer les paroissiens parisiens car ce sont eux et non pas l’Église en Suède qui ont financé en 1911 l’achat du terrain près du Parc Monceau et la construction du bâtiment en 1913. À la paroisse, personne ne sait exactement quand, mais avant les années 70, la congrégation cède pour une couronne symbolique le foncier et le bâtiment à l’État suédois. En échange, Stockholm s’engage à prendre à sa charge, les frais de rénovation et de restauration de ce patrimoine. Rien ne sera fait. En 2000, les travaux deviennent urgents. L’Église luthérienne suédoise devient indépendante et l’État lui offre le terrain et l’église à Paris.
À Paris, les charges ont explosé, explique aujourd’hui Rickard Jönsson qui tient les cordons de la bourse des églises basées à l’étranger. Ces derniers dix ans, nous avons dépensé 5,4 millions d’euros en réparation. Et nous avons provisionné 1 million supplémentaire pour des travaux urgents.» A écouter le conseil d’administration de l’association de 1905 qui gère la paroisse, l’histoire ressemble davantage à de l’argent jeté par les fenêtres. «Sans jamais nous consulter, ils ont envoyé des ingénieurs suédois qui ont dépensé des sommes folles pour changer la ventilation, installer un ascenseur et faire de la cosmétique en changeant le parquet et en repeignant les murs. Ils n’ont pas touché à l’électricité et aux circuits d’eau qui sont centenaires. Ni au toit or il y a des fuites qui ont déjà mis de l’humidité sur leurs travaux de peinture», dénonce un administrateur qui souhaite rester anonyme. En vendant l’église pour 6 millions d’euros, soit le montant de l’argent dépensé à Paris, l’Église rentre donc dans ses frais. Ses autres charges sont minimes, elle ne paye que le salaire des deux pasteurs et celui du musicien. Tout le reste des charges fixes annuelles (eau, électricité,…), est financé par les cotisations des franco-suédois basés à Paris.
Je garde du concert de la Sainte Lucie un souvenir impérissable tant la chorale est de qualité et le répertoire exigeant (ils chantent sans partitions): un vrai bonheur à l’approche de Noël.
Franchement, voici une tradition dont les paroisses catholiques parisiennes et leurs faméliques chorales devraient s’inspirer.
Que c’est triste !
pas suédois mais……c’est triste!!!