Le samedi 25 septembre, à l’occasion de la Journée mondiale du migrant et du réfugié 2021, la Maison Bakhita ouvrira ses portes pour son inauguration. Ce projet du diocèse de Paris a pour vocation d’accompagner et de soutenir les personnes migrantes et tous ceux qui s’engagent à leurs côtés.
Après une inauguration officielle par Monseigneur Michel Guéguen, nouveau vicaire général du diocèse de Paris, et par Anne Duthilleul, présidente de la Maison Bakhita, et en présence de M. Eric Lejoindre, maire du 18e arrondissement, et de Ian Brossat, adjoint à la maire de Paris pour la protection des réfugiés, se tiendra le vernissage de l’exposition photos « Maison commune », réalisée par 15 personnes migrantes et Cyril Marcilhacy, du collectif de photographes Item.
L’après-midi, elle sera ouverte au public et s’articulera autour de 8 ateliers donnant la parole aux principaux acteurs du projet, afin de partager les enjeux et propositions portées par l’association. L’occasion de découvrir les activités qui se tiendront dans et hors les murs de la Maison Bakhita, en lien avec ses partenaires associatifs et paroissiaux, ainsi que le témoignage de personnes accompagnées. La projection d’un documentaire réalisé par le diocèse de Paris sera proposée tout l’après-midi. Enfin, des « déambulations spectaculaires », préparées par des personnes du centre CEDRE du Secours Catholique avec la compagnie Moissons de lune, animeront les espaces de la Maison tout au long de l’événement.
La Maison Bakhita porte une vocation particulière, qui se traduit par trois missions complémentaires : lieu de ressources, elle soutient et favorise des initiatives au sein du réseau des 106 paroisses parisiennes, des congrégations religieuses et des associations pour l’accueil et l’accompagnement des personnes migrantes ; lieu d’accompagnement, elle accueille ou propose directement des actions de soutien et de promotion ciblées et innovantes aux personnes migrantes ; lieu de rencontre fraternelle, elle contribue à changer le regard et à provoquer la rencontre avec les personnes migrantes.
Le dossier de presse n’indique pas qui était Bakhita, sainte Joséphine Bakhita… Réparons cette étrange omission. Bakhita, née aux alentours de 1869, assista à l’âge de 5 ans à l’enlèvement de sa sœur, 14 ans, mariée et mère, par des trafiquants d’esclaves. En 1877, elle est elle-même enlevée par des négriers musulmans. Elle parcourt alors pieds nus les plus de 900 kilomètres qui la séparent d’El Obeid, et est vendue plusieurs fois pendant ce trajet. Entre son enlèvement et sa vente à Calisto Legnani en 1883, on estime que Joséphine Bakhita est vendue au moins quatre fois, si ce n’est une douzaine, sur les marchés d’El Obeid et de Khartoum. Elle subit pendant cette période de nombreux mauvais traitements. Le traumatisme est si grand qu’elle en oublie son nom de naissance. C’est ainsi qu’on lui donne le nom de Bakhita, qui signifie « la chanceuse » en arabe.
On sait que Bakhita a notamment appartenu à un riche arabe qui la destinait à être la domestique de sa fille, puis pendant quelques années à un général turc. Ce dernier ordonne que Bakhita soit scarifiée selon la méthode du tatouage par incision. Une femme dessine des motifs sur sa peau avec de la farine, coupe sa peau avec une lame en suivant ces motifs, puis emplit les plaies de sel pour que les cicatrices soient marqués. Le général turc vend tous ses esclaves au début de la guerre des mahdistes.
Bakhita, alors âgée de 14 ans, est acquise en 1883 par le consul d’Italie à Khartoum, Calisto Legnani. Il lui donne le second prénom de Joséphine. Le nouveau maître de Bakhita la traite plus humainement. En 1885, le consul Legnani quitte le Soudan à cause de la révolution mahdiste. Bakhita lui demande de l’emmener. Il refuse tout d’abord puis accepte devant l’insistance de Bakhita. Ils embarquent à Suakin dans le même navire qu’une autre famille italienne, les Michieli. Arrivés à Gênes, Madame Maria Turina Michieli demande à garder Bakhita à son service. Le consul Legnani accepte. Bakhita suit donc les Michieli dans la province de Venise.
Madame Michieli accouche d’une petite fille, Alice, surnommée Mimmina. Sa garde est confiée à Bakhita. Ensemble, elles retournent brièvement au Soudan, à Suakin, où les Michieli tiennent un hôtel, avant de revenir à nouveau en Italie. Alors que Madame Michieli doit se rendre à nouveau à Suakin, elle confie sa fille et Bakhita à l’institut des Catéchistes de Venise, tenu par les religieuses canossiennes. Elles y restent 9 mois pendant lesquels Bakhita découvre la foi catholique et débute son éducation religieuse. Au retour de Madame Michieli, Bakhita refuse de quitter l’institut. L’affaire est portée en justice et le 29 novembre 1889 le procureur déclare Bakhita libre de choisir où elle veut rester puisque l’esclavage n’existe pas en Italie. Bakhita a alors vingt ans.
Le 9 janvier 1890, elle est baptisée par le cardinal-archevêque de Venise, Monseigneur Domenico Agostini, et reçoit la Confirmation. Elle prend alors le nom de Josephine Margaret Fortunata. Le 7 décembre 1893, ayant exprimé son souhaite de devenir religieuse, Bakhita rejoint le noviciat des Sœurs de la Charité à l’institut de catéchuménat de Venise. Elle prononce ses premiers vœux le 8 décembre 1896, à Vérone. En 1927, elle prononce ses vœux perpétuels.
Le 8 février 1947, Bakhita décède à Schio des suites d’une longue maladie. Son corps repose aujourd’hui dans l’église de la Sainte Famille à Schio. Les miracles commencent rapidement après son décès puisqu’en 1950 le bulletin canossien publie 6 pages de témoignages de noms de personnes affirmant avoir reçu des grâces par l’intercession de Bakhita. En 1958, sous le pape Jean XXIII, commence le procès pour la cause de canonisation. Le 1er décembre 1978, l’Église publie le décret sur l’héroïcité de ses vertus. Béatifiée le 17 mai 1992, elle est canonisée par Jean-Paul II le 1er octobre 2000.