Cette annonce intervient après l’incendie de l’église St Jacques, le jeudi 17 janvier 2019, qui n’a jamais été reconstruite malgré de nombreuses promesses. Mon regretté confrère Daniel Hamiche avait consacré un grand nombre de posts à ce sinistre dont il avait raison de le suspecter d’origine criminelle, même si le diocèse le tenait alors pour accidentel (voir ici). Il fut pourtant, en quelques sorte, “revendiqué” quelques jours après la dénégation du diocèse (voir ici). Malgré cela, la presse locale en tenait toujours pour une cause accidentelle (voir ici). Deux mois plus tard, on apprenait que l’enquête n’était pas close (voir ici).
L’ église Saint-Jacques datait de 1958. Sa charge reposait donc entièrement sur le diocèse. On peut imaginer que, malgré l’assurance, le diocèse ait préféré ne pas reconstruire cette église pour des raisons financières. D’autant que l’évêque annonce aussi vouloir vendre deux églises. La déchristianisation se fait lourdement sentir.
Cette paroisse regroupait 3 églises et une chapelle : Saint François de Sales, Saint Jacques (détruite), Saint Paul et la Chapelle de Beauvert.
Communiqué de Mgr de Kérimel, évêque de Grenoble, le 17 février :
La pandémie est un révélateur et un accélérateur des mutations à vivre, comme j’ai déjà eu l’occasion de l’exprimer. Elle a mieux mis en lumière ce que nous pouvons appeler la fin d’un monde, posant, avec une certaine urgence, la question de l’avenir. Que ce soit sur le plan politique, social, écologique, des changements importants sont à réfléchir et à mettre en oeuvre pour envisager plus sereinement le futur. De son côté, l’Eglise en France est appelée à vivre une transformation profonde pour accomplir fidèlement, dans ces temps particuliers que nous traversons, la mission que lui a confiée son Seigneur. Nous ne pouvons plus nous contenter de maintenir coûte que coûte l’existant. Notre diocèse a commencé ce travail de mutation indispensable pour un nouvel élan missionnaire, mais il est loin d’être achevé.
C’est dans ce contexte que j’ai invité, lors d’une réunion qui s’est tenue samedi 13 février dernier, les paroissiens de la paroisse de la Sainte Famille à accueillir les décisions que j’ai prises, après consultation de plusieurs de mes conseils et après avoir mis en place un processus de discernement sur la pastorale dans la ville de Grenoble, processus qui a été mené avec les curés, les recteurs, et les équipes paroissiales de la ville. Nous avons pris le temps nécessaire pour arriver à ces perspectives. Par ce communiqué, je souhaitais vous en informer.
Ainsi, contrairement à ce que j’avais annoncé très rapidement après l’incendie de l’église Saint Jacques qui nous a tous fortement éprouvés en janvier 2019, concernant sa reconstruction et malgré toutes les démarches entreprises en ce sens depuis lors, j’ai renoncé, après ce long discernement, à reconstruire cette église et j’ai décidé de remodeler les paroisses de la ville de Grenoble pour favoriser ce nouvel élan missionnaire.
Comme je l’ai explicité de vive voix aux paroissiens de la Sainte Famille, je vous partage les raisons qui m’ont conduit à ces décisions :
A plusieurs reprises, j’ai eu l’occasion de déclarer, dans le diocèse, que nous avions « des vêtements trop grands pour nous ». C’est pourquoi nous avons demandé à toutes les paroisses de faire un audit sérieux de leur immobilier. Dans cette logique, nous avons le projet de vendre deux églises, comme vous le savez, à Grenoble. Dans cette ville, nous avons à charge beaucoup d’églises, dont plusieurs – dont Saint François de Sales – ont besoin de travaux plus ou moins importants si nous voulons les maintenir ouvertes. Il nous faut donc faire des choix douloureux, mais réalistes en vue de l’avenir.
Par ailleurs, nous ne pouvons plus penser la pastorale à partir du quadrillage d’un territoire, ni à partir des clochers, mais à partir du Christ et de communautés vivantes qui rayonnent du Christ comme en cercles concentriques, le plus loin possible. De plus nous pouvons constater que, dans l’agglomération grenobloise, les chrétiens se rassemblent volontiers pour participer à l’Eucharistie et faire communauté là où ils se sentent bien.
Ainsi donc, une nouvelle paroisse sera érigée qui comprendra une partie de la paroisse actuelle et s’étendra plus à l’ouest, avec pour centre Saint Pierre du Rondeau et pour second lieu de culte la chapelle Saint Paul de Beauvert. La paroisse Saint Jean XXIII aura les grands boulevards en limite sud. La paroisse Notre-Dame de l’Espérance s’agrandira un peu au sud des boulevards, en particulier avec le quartier Stalingrad. La paroisse de la Trinité s’agrandira du quartier de la Bajatière. Pour réaliser ces transformations, la paroisse de la Sainte Famille sera canoniquement supprimée pour donner naissance au sud-ouest de la ville à la nouvelle paroisse qui recevra un nom nouveau. Je souhaite que cette nouvelle paroisse soit véritablement une communauté de disciples-missionnaires qui rayonne dans le sud de la ville. Cette décision prendra effet au 1er septembre 2021.
Le renoncement à reconstruire Saint Jacques implique de faire le point sur les dons et les investissements engagés dans le projet de reconstruction, et, en particulier, elle demande de consulter les donateurs. Il y a un certain nombre de points à préciser encore. Nous le ferons.
Je suis conscient de ce grand changement pour les paroissiens de la Sainte Famille, et du deuil qu’ils ont à vivre ; j’ai dû moi-même y consentir. Faisons en sorte, autant qu’il dépend de nous, que ce deuil nous introduise dans une vie nouvelle. Reprenons notre bâton de pèlerin pour accepter cette forme d’exode que tous les chrétiens vivent en ce monde.
Sans bien encore mesurer l’importance des crises que nous traversons, nous préparons pourtant notre avenir. En nous attachant toujours davantage au Christ qui nous ouvre le chemin, nous franchirons avec Lui, dans l’espérance et la charité, tous les obstacles.
Soyez assurés de mon soutien, de ma confiance, et de mes encouragements.
† Guy de Kerimel, évêque de Grenoble-Vienne