L’abbé Paul Aulagnier qui fut longtemps Supérieur du District de France de la Fraternité Saint-Pie X avant de co-fonder l’Institut du Bon Pasteur, nous livre ses réflexions sur la note de la Conférence des Evêques de France concernant l’application du Motu Proprio Summorum Pontificum de 2007 en évoquant notamment sa démarche pour ouvrir une maison de retraite spirituelle dans un diocèse français en 2016 (démarche qui n’a pas aboutie). Cette lettre de l’abbé Aulagnier répond avant l’heure aux différents objections avancées à l’encontre des fidèles et des communautés attachés à la messe traditionnelle.
« Un monde à part, une Église parallèle se dessine », dit pathétiquement le document des Evêques de France en réponse aux 9 questions du Vatican sur le Motu Proprio de Benoît XVI.
C’est précisément ce que me répondait Mgr Rivière alors que je l’avais visité voulant m’installer à Verovres, village natale de sainte Marguerite Marie Alacoque, dans le diocèse d’Autun.
Pour prêcher les exercices de saint Ignace, prédication que m’avait confiée M l’abbé Laguérie en 2016, dans le cadre de l’Institut du Bon Pasteur, il me semblait nécessaire d’installer cette œuvre dans une propriété propre. On m’indiqua une propriété à acheter à Verosvres même, village natale de saint Marguerite Marie. J’ai visité cette grande propriété. Elle pouvait, de fait, bien convenir, d’autant que j’étais attaché à cette sainte pour bien des raisons. J’avais fait une retraite d’élection à Paray le Monial, en 1964, prêchée par le Père Roustant, dans une maison juste en face de la chapelle des apparitions. De plus la Providence permit que je reçoive le sacerdoce un 17 octobre 1971, date de la fête de cette grande sainte de la miséricorde. J’ai donc pris rendez-vous auprès de Mgr Rivière, l’évêque du diocèse d’Autun. Il m’a reçu très aimablement, m’a écouté sans m’interrompre pendant une bonne heure. En conclusion, il me dit : « je vous répondrai dans trois semaines ». Il tint parole. Malheureusement sa réponse fut négative. Il invoqua la raison, celle-là même que les évêques de France viennent de donner au Vatican dans leur document de synthèse au Motu Proprio de Benoît XVI (18 janvier 2021).
Je me suis permis de lui présentait une supplique, bien argumentée, me semble-t-il. Je n’ai reçu ni accusé de réception ni réponse. Je vous en donne aujourd’hui le texte. Je l’ai gardé jusqu’ici par devers moi. L’heure est venue, me semble–t-il de la publier. Elle me parait être une belle réponse au document épiscopal sur les neuf questions romaines liturgiques d’une importance fondamentale.
Le maintien de la liturgie « antiquior » peut-il créer dans un diocèse « une église parallèle » ?
Voilà la question à laquelle je veux répondre.
Lire la lettre de l’abbé Paul Aulagnier
Rappelons que l’abbé Paul Aulagnier, IBP, prêche tout au logn de l’année des retraites de Saint Ignace auxquels nous vous invitons à participer.
Les évêques ont produit un rapport allant dans le sens du pape: c’est bien dans ce but que François l’avait commandé (comme je l’expliquais sur ce site l’année dernière en avril il me semble)
Ne soyons pas naïfs.
“Je vous confirme bien que j’agis dans ce projet au nom de l’Institut du Bon Pasteur, Institut qui a été fondé par le pape Benoît XVI, en 2006 et qui est donc une œuvre parfaitement catholique, qui plus est de droit pontifical. Ce qui est une garantie de catholicité. Quelle crainte légitime pourrait nourrir votre « presbyterium » et le peuple de Dieu qui est sous votre responsabilité ? Ne doit-on pas tout faire au contraire pour faciliter l’unité de l’Eglise et de ses membres ? Cette volonté d’union n’est-elle pas la volonté expresse des Souverains Pontifes et particulièrement des trois derniers papes, Jean-Paul II, Benoît XVI et le pape François. Votre décision d’exclure l’IBP en refusant son installation dans votre diocèse ne facilite en rien cette union, mais bien au contraire fomente la division et cherche à perpétuer des conflits qui n’ont que trop duré. Ce qui est parfaitement dommageable. Je suis un homme, certes, attaché à mes idées qui, je l’espère sont romaines, mais aussi un homme de concorde. Vous manquez une belle occasion ! ” Autrement dit, lui Aulagnier est parfaitement catholique, alors que ses anciens employeurs ne le sont pas. C’est exactement la rhétorique utilisée dans le document des évêques à propos de summorum pontificum et du risque d’église parallèle : il faut tenir à distance les méchants de la FSSPX qui ne sont pas d’Eglise. L’abbé Aulagnier croit malin d’utiliser l’argument afin d’amadouer l’évêque d’Autun. Peine perdue! Il cumule ainsi naïveté et lâcheté. On a dit que ce document épiscopal était l’oeuvre d’un sous-fifre. Que nenni, Nos bons évêques le suivent au pied de la lettre.
Bonjour Marek,
l’argument utilisé par l’abbé Aulagnier est très bien vu. Cela s’appelle : mettre l’opposant face à ses contradictions internes. Vous dites refuser la FSSPX et accepter les instituts pontificaux ? Très bien, alors faites-le.
Ce n’est pas être naïf, c’est demander la cohérence interne, et obliger l’autre à se justifier, quitte à ce qu’il change d’argument et donc se révèle un peu plus. La parade est irritante mais efficace : il suffit de faire le mort. Néanmoins, cela permet aux lecteurs – à l’Histoire ? – de savoir où est la justice. Tôt ou tard, les jeunes générations feront évoluer les choses : il ne faut jamais sous-estimer le public dans ce genre d’affaire, ce que l’évêque néglige, tout à sa logique “tant que j’ai la paix avec mon presbyterium, après moi le déluge”.
Et qu’appelez-vous de la lâcheté exactement ? L’abbé Aulagnier, combien de divisions ? vous vouliez qu’il organise une manifestation ou une occupation d’église pour faire plier l’évêque ? Dans l’église, l’obéissance est une vertu, relisez la vie du Christ ou de St Louis-Marie Grignon de Monfort, ou de quasiment tous les saints : même si on est persécuté par l’Eglise, la sainteté c’est l’obéissance. Dieu s’occupera des pasteurs.
A moins que vous n’entendiez “lâcheté intellectuelle” ? L’abbé aurait dû rejoindre et défendre la FSSPX ? Il y a un dialogue plus ou moins suivi entre Rome et la FSSPX, et l’abbé n’en fait pas partie. Ce serait naïf de penser qu’à lui seul il puisse faire évoluer une situation aussi complexe et figée depuis autant d’année.
Ou alors vous considérez son départ de la FSSPX comme une lâcheté, et qu’il n’est même pas récompensé pour cela ? C’est que hélas tous les fruits de la FSSPX ne sont pas bons. Il y en a des bons, mais il n’y a pas que ça. Il y a aussi une blessure fondamentale dans sa relation à l’Eglise, et qui déteint pas mal sur le comportement du fidèle de base. Ce n’est pas par lâcheté qu’on quitte la FSSPX, c’est pour se rapprocher de Dieu et de Sa volonté. Le chemin est étroit, et comme l’abbé à eu à subir des combats vraisemblablement plus durs que vous ou moi pour garder sa fidélité à une liturgie solide et à la Foi tout en restant dans l’Eglise, l’accusation de lâcheté paraît un peu téméraire. Dieu bénisse tous les artisans de bien et leur donne la grâce de l’unité. Si tous les dégoûtés s’en vont, il ne restera que les dégoûtants, dit-on parfois. Il nous faut des voix en latin dans l’Eglise.
L’abbé Aulagnier n’a pas quitté la FSSPX. Il en a été viré. Pour actes d’indiscipline répétés. Il était trop solidaire de son ami Rifan, qui avait profité d’un rapprochement Fellay – Castrillon Hoyos pour se faire régulariser.. Les happenings dudit abbé quand il était à la tête du district de France de la FSSPX sont multiples : affaire du Chamblac avec processions dans la campagne normande, apostrophe à Mgr Pican devant la basilique de Lisieux, occupation de Saint Germain l’Auxerrois, séparation des pèlerinages de Pentecôte, etc… Il avait alors des troupes qui lui faisaient confiance et le suivaient. Apparemment, ce n’est plus le cas. Il en est réduit à envoyer des missives, interminables comme d’hab, qui ne feront ni chaud ni froid à l’évêque d’Autun. Pour moi, la lâcheté c’est de se renier, de débiner aujourd’hui ce qu’il a servi avec un enthousiasme maladroit hier, de proclamer qu’il n’a rien à voir avec ces gens-là. C’est Saint Pierre si vous voulez, mais sans chant du coq pour le réveiller, sans repentir sincère, sans larmes amères. Bref, le retournement de veste pur et simple. Pour paraphraser Vigny : pleurer, gémir, quémander est également lâche. Mais vous l’aurez compris, Arôme : j’aime la FSSPX.
Certes, l’abbé Aulagnier ne cite pas explicitement la FSSPX. Mais alors pourquoi ces formules justificatives : “l’lnstitut du Bon Pasteur a été fondé par le pape Benoît XVI en 2006 et c’est donc une œuvre parfaitement catholique, qui plus est de droit pontifical ce qui est une garantie de catholicité.” Nous sommes parfaitement catholiques, parfaitement catholiques, parfaitement catholiques, … Mais enfin, il n’a jamais entendu parler de l’oecuménisme ? Nos frères musulmans avec leur école d’imams à Saint Léger de Fougeray , nos cousins bouddhistes avec un ashram, nos amis trois points et la construction d’un temple maçonnique, une ville sainte druidique sur le mont Beuvray, ça oui, d’accord. Mais une maison de retraites ignaciennes “parfaitement catholiques” alors que le covid 19 a fait fuir les derniers paroissiens du diocèse d’Autun, vous n’y pensez pas! Retournez plutôt chez vos anciens amis à Paray le Monial (chapelle Ste Marguerite, messes le dimanche à 8h30 et 10h).
Bonjour Marek, vous avez raison : votre attachement à la FSSPX était perceptible. J’aime les membres de la FSSPX comme frères en Christ, et je vous propose de lancer une idée qui pourrait vous plaire : si le monde “tradi” au sens large représente 20% des ordinations en France, il serait juste que les fidèles demandent que 20% des lieux de culte ou des horaires de culte soient réservés à la liturgie traditionnelle. Que certains veuillent persister dans des méthodes désastreuses, très bien pour eux, mais nous ne sommes pas obligés de les laisser faire.
Merci pour les détails sur la trajectoire de l’abbé Aulagnier, que j’ignorais. Maintenant, dénigrer (et le mot est peut-être un peu fort) ce qu’on a quitté, n’est-ce pas logique quand on évolue ? “indiscipline répétée” est aussi une accusation portée par les autorités romaines contre Mgr Lefebvre, et c’est le double paradoxe de la FSSPX d’exiger obéissance alors qu’elle même se sent très libre vis-à-vis de l’autorité centrale (paradoxe 1), dupliquant ainsi le comportement des pires modernistes : Rome dit ce qu’elle veut, et moi je fais ce que je veux (paradoxe 2). On peut aimer la FSSPX et ne pas être contaminé par l’amertume des rapports entre elle et un de ses ex-membres. Qui demeure dans le Christ demeure dans la paix et la joie.
Il reste un scandale objectif : l’Eglise de France devrait être dans l’obéissance à Rome (Dieu sait qu’elle l’exige assez des autres, et notamment de la FSSPX). Or manifestement, elle ne l’est pas : la mauvaise volonté à faire une place à la liturgie traditionnelle est flagrante, et inacceptable. En plus du quota de lieux ou d’horaires de culte ci-dessus, demandons aussi le rétablissement d’une discipline enfin efficace dans l’Eglise pour mettre les “coqs de village” au pas.
Certains ont une conception de l’appartenance à l’Eglise Unique, détentrice des moyens du salut, étrange.
Dire qu’il faut, pour se rapprocher de Dieu, quitter la FSSPX, est une erreur grave, car cette institution est la seule qui ait défendu avec un grand succès le saint sacrifice de la Messe, et la primauté des lois divines dans les sociétés humaines. L’Église de la hiérarchie officielle organisait alors le contounement , ou l’oubli de bien des pratiques et vérités de foi et de liturgie.
Certains , après, ayant déserté ce combat primordial, ont obtenu un statut à part, à cause de l’héroïsme de la FSSPX et de son fondateur, et actuellement jouissent d’une liberté très relative, bien abrités et montrant du doigt les fidèles de tous les combats pour garder le Dépôt de la Foi, en péril dans ces temps mauvais.
La vérité est une, et le sacerdoce n’admet pas d’accommodements avec la doctrine éternelle, si galvaudée par la hiérarchie.
Pour rester près de Dieu, il faut lui être fidèle en tout, et ne pas transiger sur l’essentiel: le sacrifice de la messe, le pouvoir civil soumis à la Loi du Christ, et l’évangélisation de tous ceux qui ne sont pas du troupeau unique, afin qu’ils y viennent.
Bonjour Bainville,
entièrement d’accord avec votre dernier paragraphe : c’est l’essentiel, et j’y souscris entièrement. Votre premier paragraphe est discutable, et le second franchement simpliste. Il correspond assurément au ressenti de beaucoup de fidèles de la Frat’. Cependant (et c’est là qu’est l’os) les faits peuvent aussi être interprétés différemment. CE serait une discussion intéressante, mais hors sujet.
Le propos de l’Abbé Aulagnier, qui pourrait nous rassembler : si Rome demande qu’on fasse de la place à la liturgie traditionnelle, l’Eglise de France devrait se soumettre de bonne grâce. Elle ne le fait pas. C’est un problème. Et ce problème me paraît 1 – réel 2 – pas traité aujourd’hui 3 – beaucoup plus intéressant et stratégique que de savoir ce que l’abbé Aulagnier pense de la FSSPX. Il n’en parle même pas dans son document ! Il énonce un fait : l’IBP a été fondé par Benoît XVI. C’est un fait. Et il met l’Eglise de France face à ses contradictions.
Si l’intérêt de la Frat’ était le bon combat, elle soutiendrait toute initiative qui va dans le bon sens. Que ce ne soit pas le cas, chers amis, devrait vous sembler un problème. Que vous ne le voyez pas en est un de plus. Mais de toute manière, ce n’est pas de la FSSPX dont il est question ici : l’Eglise de France désobéit en refusant d’appliquer la volonté des papes. C’est un problème de taille. Comment le résoudre réellement et concrétement ? C’est ça le débat.
Cette obstination fautive à refuser à une communauté d’Eglise d’ouvrir une maison à Verosvres près de Paray est incompréhensible jusqu’à un certain point.
L’évêque d’Autun, Chalon, Macon et Abbé de Cluny doit avoir peur du succès de ce centre qui risque d’attirer pas mal de paroissiens nomistes vers le forme FERR et d’être une pompe aspirante à vocations sacerdotales et religieuses.
Les chrétiens du Charolais sont bien classiques et cette région était autrefois une pépinière de vocations. Ayant assez des Curés qui changent la liturgie au gré des modes et des lubies de ces pasteurs, ils préféreront rapidement ce qu’ont connu leurs Pères. Evidemment le rayonnement s’étendra bien au delà du Charolais et de la Saône et Loire!
On peut se demander si Monsieur Edmond Michelet; grand père maternel de Monsieur d’Autun, en voie d’être proclamé vénérable et qui a vécu sa vie chrétienne avec cette vénérable Messe aurait choisi cette interdiction. Personnellement, je suppose qu’il aurait suggéré par sagesse l’ouverture de ce centre.
L’aveuglement de certains évêques quant à l’application effective de Summorum Pontificum porte à croire à leur sottise… Quant on prend une décision on donne une réponse sensée qui tienne la route. Le salut des âmes est la loi universelle de l’Eglise!