Sur Boulevard Voltaire, Jean-Pierre Maugendre fait le point sur le début du mandat de Joe Biden, dont certains catholiques français, parmi lesquels des évêques, avaient salué l’élection :
À peine élu président des États-Unis, Joe Biden a signé un décret permettant, de nouveau, au gouvernement américain de financer les ONG offrant des services d’avortement dans le monde. Les évêques américains se sont immédiatement élevés, par un communiqué du 28 janvier, contre cette décision « incompatible avec l’enseignement catholique ». Le catholique pratiquant Biden défait, ainsi, ce qu’avaient fait les presbytériens Trump et Reagan.
Qu’en pense Mgr Malle, évêque de Gap, qui s’émerveillait, sur son compte Twitter, le 8 novembre : « On rêve de cela, en France. Un président catholique pratiquant, ce n’est pas arrivé depuis de Gaulle. Et notez qu’il peut aller, LUI, à la messe » ? Nous voilà, ainsi, rendus, sous une plume épiscopale, au niveau zéro de la réflexion politique. En effet, c’est d’abord sur ses actions qu’un homme politique, en charge du bien commun, doit être apprécié. Ses convictions intimes, morales et religieuses ne regardent que lui, même si elles inspirent, normalement, ses actions. Or, un des drames de notre temps est la déconnexion, très marquée chez de nombreux élus catholiques, entre leurs convictions personnelles et leur action politique. La distinction de Max Weber entre « éthique de conviction » et « éthique de responsabilité », parfaitement intériorisée par le personnel politique catholique, fait que l’étiquette « catholique » ne signifie, généralement, plus grand-chose. Après cinquante années d’insistance sur une Église qui se voulait plus « dialoguante » qu’« enseignante », les résultats sont là, observables par tous : l’unité de foi et de morale qui fut longtemps un des apanages de l’Église catholique, face aux « variations des églises protestantes » (Bossuet) est à placer au rang des souvenirs. Signe manifeste, parmi tant d’autres, de la protestantisation de l’Église catholique.
Cette décision du président des États-Unis peut être rapprochée d’une déclaration de Mgr Wintzer, évêque de Poitiers, qui déclarait, le 28 avril 2017, en même temps qu’il annonçait qu’il voterait pour Emmanuel Macron à l’élection présidentielle : « Personne ne reviendra sur la loi sur l’IVG ou sur le mariage pour tous, pas plus le FN que Macron. C’est un faux débat. » Le 14 juillet 2018, Mgr Wintzer était nommé chevalier de la Légion d’honneur. Certainement en raison de la gestion exemplaire de son diocèse… « Honni soit qui mal y pense », comme disent nos amis britanniques ! La question de l’avortement semblerait ainsi être exclue du débat politique, comme une fatalité contre laquelle on ne pourrait rien et qu’il faudrait accepter. Heureusement, il n’en est rien. Il n’existe pas de sens de l’Histoire, mais uniquement une Histoire faite par des hommes avec leurs limites, leurs faiblesses et leurs lâchetés, mais aussi leurs enthousiasmes, leurs élans et leurs héroïsmes. Ainsi, dans un entretien à International Family News, le 2 juillet 2020, l’ambassadeur de Hongrie auprès du Saint-Siège, Édouard de Habsbourg-Lorraine, déclarait que dans son pays, entre 2010 et 2018, le nombre des avortements avait baissé de 33,5 %. Notons, incidemment, que Viktor Orbán ne va pas à la messe puisqu’il est calviniste.
Face aux défis qui mettent en jeu la survie même de notre civilisation l’heure n’est pas à la distribution d’étiquettes, plus ou moins factices, mais à l’union de ceux qui ont en commun l’amour du Bien, du Beau, du Vrai, de la famille et de leurs patries charnelles.