Dans Le Figaro, Jean-Marie Guénois revient sur le conflit qui oppose Mgr Aupetit à ses prêtres et fidèles. Il rapporte ces propos de le secrétaire général de l’épiscopat, le père Hugues de Woillemont :
« Nous avons dit au gouvernement cette impatience des fidèles. Nous allons avoir une réunion en début de semaine sur le nouveau protocole sanitaire en vue de la reprise, que nous espérons début décembre mais aussi pour assurer la fête de Noël. Pour ce qui est des manifestations ou autres pratiques, le culte ne se réduit pas à la messe et beaucoup de fidèles ont décidé de rester chez eux. On peut très bien prier à la maison. Disant cela, je ne veux opposer personne : les fidèles qui manifestent comme ceux qui restent chez eux – c’est la grande majorité. Le mystère de la communion, doit nous porter à l’unité, pas à la division. »
Guénois pointe une division plus profonde dans l’Église :
Elle n’est pas tactique, mais théologique. Elle porte sur la foi en « l’eucharistie » , à savoir l’hostie consacrée donnée lors de la communion. Les catholiques – on le constate avec cette crise, tous n’y croient pas vraiment – sont avec les orthodoxes et certains protestants luthériens, les seuls à croire dans « la présence réelle » . C’est-à-dire en la « présence du Christ » , sous « les espèces consacrées » du pain et du vin, par le prêtre, lors de la messe. Ce sont ces « hosties consacrées » qui sont données comme une nourriture lors de la communion et qui sont ensuite conservées dans le tabernacle. Selon leur foi, « l’eucharistie » , c’est « Dieu qui est présent » .
Un évêque très au fait des débats internes à l’épiscopat quand il s’est agi, pour l’Église catholique, d’aller ou non plaider le retour de la messe en public au Conseil d’État, ou de se déterminer pour les manifestations de rue, s’est dit « douloureusement » étonné de constater « une foi catholique eucharistique théologiquement divergente » jusque chez les évêques. Un état de fait qui reflète un débat tabou dans l’Église catholique : une partie des théologiens, prêtres, évêques et certains cardinaux, a épousé les thèses du protestantisme qui considère la « présence » eucharistique du Christ comme « symbolique » et non « réelle » . Donc non absolument « sacrée » au point de se battre pour elle.
La grande surprise, dans ce registre, est venue de Rome cette semaine. Et d’un futur cardinal – il le deviendra le 29 novembre – choisi par le pape François pour piloter l’important synode des évêques. Mi-novembre, il a traité ceux qui se plaignaient de ne pouvoir accéder à la messe « d’analphabétisme spirituel » dans la revue jésuite de référence mondiale, La Civilta Cattolica. Il a demandé à l’Église de profiter de cette crise pour rompre avec une pastorale visant à « conduire au sacrement » pour passer, « par les sacrements, à la vie chrétienne ». Un cardinal très proche du pape, relativisant l’importance de la messe… Ces propos ont choqué beaucoup d’évêques mais pas tous. Une partie de l’Église catholique doute sur la foi eucharistique, qui est pourtant l’un de ses fondements.
Les propos emplis d’un cléricalisme froid sont de Mgr Grech.