Autre extrait du discours de clôture de l’assemblée générale de la CEF, à propos des caricatures :
Face à notre service de louange de Dieu, d’adoration, l’actualité récente a souvent parlé de « blasphème ». Pour nous, chrétiens, le blasphème qui n’est pas pardonnable, pas pardonnable par Dieu, est le blasphème contre l’Esprit. Dieu seul en juge et en jugera. L’interprétation du verset est délicate. Je propose quelques points de réflexion :
– Le blasphème consiste surtout à faire maudire le nom de Dieu. Est donc coupable de blasphème qui use du nom de Dieu pour justifier sa violence ou ses injustices. Peut-être faut-il penser ici moins aux malheureux jeunes hommes qui se laissent convaincre qu’ils vont donner à leur vie un accomplissement par le haut, en faire une œuvre à la gloire de Dieu, en assassinant un homme et deux femmes dans une église, un enseignant désarmé ou des badauds attablés, que ceux et celles qui produisent et diffusent une idéologie qui fait passer le meurtre pour un acte saint ;
– La dérision, la moquerie, me paraît d’un autre ordre. Les convictions fortes en suscitent forcément, parce que l’humanité cherche à se protéger, à esquiver d’avoir à donner à sa vie une portée qui lui paraît trop grande. C’est un gage de maturité que de ne pas s’en laisser démonter. Mais c’est le rôle de la famille et de l’école que d’apprendre aux jeunes à accepter que certains soient différents des autres et de rencontrer ces différences non par la violence ou par l’humiliation mais par la réflexion, la confrontation des idées, en cherchant à comprendre les personnes et à les aider fraternellement. Les évêques ont voulu publier une interpellation sur ce sujet hier matin, après l’hommage rendu par la Nation aux victimes de Nice. L’éducation, pour cela, vaut mieux que la loi. Nous savons, nous, que le Dieu vivant n’a pas craint d’être bafoué. En prenant chair de notre chair, il n’a pas craint d’être méprisé, ni même torturé. Il n’a pas craint non plus, et c’est vertigineux, d’être trahi par les siens ;
– Le blasphème contre l’Esprit est plus encore le fait de ceux qui usent du pouvoir spirituel reçu du Christ pour établir leur propre pouvoir et, pire encore, assouvir leurs pulsions. Les prêtres coupables d’actes d’agressions sexuelles sur des mineurs ou d’abus de pouvoir sur des jeunes adultes souillent le saint nom de Dieu. Ils abîment chez ces enfants et ces jeunes hommes ou femmes la capacité intérieure de tourner leur vie vers Dieu, le Créateur, en action de grâce et de faire de leurs actes des sacrifices spirituels en les unissant à l’acte du Christ ;
– Le blasphème contre l’Esprit est tout autant le fait de ceux et de celles qui refusent de reconnaître leur péché, lorsque la miséricorde de Dieu le tire à la lumière. Ce pourrait être le fait des structures d’Église qui ont refusé ou qui refuseraient de se laisser conduire dans une conversion réelle.