Pierre Hardy, économe du diocèse de Nantes, confie son inquiétude dans Presse Océan :
« La crise sanitaire n’arrange pas les affaires de l’Église, même si le diocèse de Nantes n’est pas le plus touché. Le confinement notamment est très difficile à vivre pour les fidèles. Ne pas aller à la messe les affecte. La célébration diffusée à la télé maintient un lien, certes, mais ce n’est pas suffisant. Il y a aussi le fait de ne pas pouvoir partager sa religion avec sa communauté. Il y a toute une fraternité, avec les réunions, les repas, les rencontres, qui ne se vit plus. Et il faut l’admettre, certains fidèles ont perdu l’habitude de se rendre à l’église. C’est ennuyeux pour eux d’abord, mais aussi pour le diocèse… »
Parce que cela a un impact financier ?
« Oui. La conséquence de la Covid, c’est qu’il y a moins de monde dans les églises, moins de messes, moins de mariages et de baptêmes, quasiment plus de communions et des sépultures en comités restreints. Cela affecte directement les quêtes et le casuel, ces sommes versées par les familles pour un sacrement, une cérémonie, une messe ».
Vous avez déjà fait les comptes ?
« Nous les ferons en fin d’année, avec les retours des 71 paroisses du département. Sur un budget qui dépasse les 20 millions d’euros, la quête et les offrandes représentent habituellement pour le diocèse une rentrée d’environ 3 millions d’euros, le casuel près de 2 millions. Nous avons encore peu de visibilité mais nous nous attendons à un impact fort, très fort : on va perdre plus de la moitié de ces revenus ».
Mais le diocèse a aussi d’autres sources de financement ?
« Heureusement ! Il y a le denier du culte qui, avec 5 millions d’euros, représente le quart du budget. Nous recevons aussi des legs, environ 5 à 600 000 euros les mauvaises années mais 2 à 3 millions en règle générale, parfois plus comme il y a trois ans avec un don exceptionnel. Les loyers du patrimoine immobilier représentent un autre poste conséquent, autour de 3 à 4 millions et le diocèse a aussi des placements financiers ».
Cela ne suffit pas à équilibrer le budget…
« Nous avons la chance d’avoir des réserves financières et nous pouvons encore compter sur des cessions de biens. C’est le fruit de l’Histoire et cela nous a permis de présenter des bilans excédentaires ces dernières années. On ne peut pas s’en passer mais à force de puiser dans ces réserves… Les prochaines années pourraient être difficiles ».
Vous appréhendez les nouvelles mesures annoncées par le président Macron et le gouvernement ?
« J’appréhende leurs conséquences, oui : je crains que cela ne finisse de couler l’économie. Et pour ce qui nous concerne, les catholiques, d’une manière générale, ont été très généreux. Mais ceux qui ont donné en avaient les moyens; les auront-ils éternellement ? »