L’agence DICI (FSSPX) a interrogé l’abbé Davide Pagliarani, Supérieur général de la Fraternité Saint-Pie X. Après deux années de supériorat, il évoque notamment le développement et les projets de la Fraternité :
DICI : Après deux ans à la tête de la FSSPX, quel jugement portez-vous sur le développement de la FSSPX ?
La FSSPX est, depuis longtemps, présente un peu partout dans le monde. Je ne pense pas qu’à l’heure actuelle, la Providence nous demande d’ouvrir de nouvelles maisons et de nous étendre davantage, ce qui serait peut-être de notre part un manque de prudence. Je pense plutôt que la FSSPX doit s’enraciner plus profondément là où elle est déjà présente, afin d’avoir des communautés plus fortes ; afin surtout que les jeunes prêtres aient le temps de mûrir, de compléter leur formation, ce qui va nous permettre de les préparer aux différentes responsabilités, en particulier à la tâche de prieur, afin qu’ils soient un jour de vrais pères pour leurs confrères et pour les âmes confiées à leurs soins.
DICI : Connaissez-vous tous les pays où la FSSPX est implantée ? Comment le « trésor » dont vous parliez après votre élection, est-il communiqué par la FSSPX dans le contexte actuel ?
En raison de la Covid-19, il y a des districts que je n’ai pas encore pu visiter et je le regrette beaucoup. Ce « trésor » est communiqué par les prêtres de la FSSPX dans des situations qui diffèrent nécessairement les unes des autres, mais qui permettent toujours l’expression d’un vrai zèle de la part des prêtres. À ce sujet, j’ai été très édifié par l’inventivité de nos confrères, qui sont arrivés à trouver des solutions très ingénieuses pour administrer autant que possible les sacrements en situation de confinement. Surtout, certains de nos prêtres sont restés isolés pendant plusieurs mois en des endroits où la communication avec d’autres prêtres était devenue impossible. Ils ont eu un grand mérite, et je tiens à les féliciter.
En même temps, j’ai été touché aussi par les réactions de nos fidèles, qui avaient un tel désir de recevoir les sacrements qu’ils n’ont pas épargné leur peine, et ont consenti à des sacrifices considérables pour manifester leur attachement à Notre Seigneur. Cette crise nous a certainement aidés à sortir de la routine et à apprécier davantage tous les trésors dont nous bénéficions habituellement.
Par ailleurs, de nombreux catholiques, qui jusqu’ici nous regardaient de loin, ont été attirés dans nos chapelles, car celles-ci étaient pour eux la seule possibilité d’accéder aux sacrements. C’est un phénomène assez généralisé, et toutes ces âmes manifestent une grande reconnaissance envers la FSSPX.
DICI : Quels sont les projets en cours ou à venir ?
Pour l’instant, les projets sont surtout d’ordre moral, et ne sont donc pas forcément des projets dont on peut constater extérieurement la réalisation. Il s’agit, pour tout dire d’un mot, de continuer à travailler le plus possible à rendre la FSSPX forte, unie, réellement ancrée en Dieu, fidèle à la grâce qui la soutient et, j’ose le dire, solide comme une armée rangée en bataille, capable de défendre, avec tous les moyens mis à sa disposition, les trésors que Dieu lui a confiés ; capable aussi d’attaquer ce qui s’y oppose ; capable, enfin, comme une armée digne de ce nom, de s’occuper des plus faibles parmi ses membres, des blessés, des découragés, de ceux qui sont particulièrement éprouvés.
DICI : Vous êtes le quatrième Supérieur général de la FSSPX après Mgr Marcel Lefebvre, M. l’abbé Franz Schmidberger et Mgr Bernard Fellay. Votre style de gouvernement diffère-t-il du leur ?
Je pense que chaque personnalité est inévitablement différente, et qu’elle apporte par conséquent une expérience autre. De plus, chaque époque de l’histoire de la FSSPX est différente, car après cinquante ans, les circonstances et les personnes ne sont plus les mêmes.
Cela dit, la FSSPX est depuis toujours fidèle à ce que Mgr Lefebvre lui a enseigné et légué : la sauvegarde de cet héritage du fondateur, la fidélité à son esprit, voilà le souci premier de tout Supérieur général, quel qu’il soit, et quelle que soit sa personnalité. D’autre part, la continuité est également garantie par le fait que chaque Supérieur général vise le même but : la sauvegarde du sacerdoce catholique et de la Tradition de l’Église, pour le service des âmes et de l’Église elle-même. C’est là une réalité qui transcende les différences de styles, et qui permet que le renouvellement nécessaire des supérieurs ne soit pas une menace pour la stabilité de l’œuvre.
Pour ma part, le maintien de cette continuité est d’autant plus aisé que j’ai le privilège inestimable de bénéficier du soutien de mes deux prédécesseurs, Mgr Fellay et M. l’abbé Schmidberger ayant été élus conseillers du Supérieur général au dernier chapitre. Pour moi, il ne s’agit pas d’une élection purement formelle pour des tâches à remplir administrativement, mais de l’heureuse possibilité de m’appuyer sur deux anciens supérieurs généraux, qui ont bien connu le fondateur et la vie de la Fraternité pendant des décennies, et qui ont consacré le meilleur d’eux-mêmes à la servir, méritant aujourd’hui la plus grande estime. J’ai eu en particulier la joie de bénéficier des conseils précieux de Mgr Fellay, qui a continué à résider à la Maison générale pendant deux ans. J’ai pu admirer à cette occasion une grande disponibilité à aider, unie à une discrétion remarquable. Cette présence de mes deux prédécesseurs compense ainsi quelque peu ce qui me manquerait incontestablement s’ils n’étaient pas là.
Formidable.Dieu vous garde