Une enquête de l’institut de sondage Ifop, parue dans Le Monde à la veille de la fête de l’Assomption, démontrait une nette érosion de la culture chrétienne en France, surtout chez les moins de 35 ans.
Le sociologue Yann Raison du Cleuziou, maitre de conférences en sciences politiques de l’Université de Bordeaux, a décrypte sur Vatican News les données de cette étude. Extrait :
Je ne crois pas qu’il faille forcément se réjouir de cette évolution. Certains évêques disent qu’on passe d’une Église qui avait la quantité à une Église qui s’appuie sur la qualité. Finalement, on a aujourd’hui une Église qui est plus élitiste et qui se trouve donc entravée dans sa capacité à toucher le reste de la population, parce que cette Église catholique n’est plus populaire. Et c’est quelque chose de compliqué à contrer et à dépasser grâce à une pastorale adaptée.
D’où vient ce manque d’intérêt des jeunes pour la culture chrétienne, pourquoi ne se sentent-ils pas rejoints ?
C’est une très vaste question qui suscite beaucoup de controverses, car les causes de la déchristianisation sont multiples et il ne faut pas regarder que les jeunes. Elles sont liées tout d’abord à la profonde transformation de la société française. On sait par exemple que la déchristianisation a été accélérée par l’exode rural d’une partie des Français, par la tertiarisation de l’économie, c’est-à-dire par le fait que beaucoup plus de Français travaillent dans les services et ont un niveau de scolarisation plus élevé.
C’est lié aussi aux transformations de l’Église. A partir des années 1970, chez une partie des catholiques, il y a eu un certain malaise à l’égard de la transmission de la foi ; certaines familles catholiques ont voulu laisser les jeunes générations choisir elles-mêmes leur ancrage spirituel, et par conséquent, il y a eu un refus de transmettre ce qui avait été la foi des pères.
Je crois qu’on peut aussi interroger la catéchèse et la pastorale. Quand on regarde le nombre de jeunes Français de moins de 25 ans qui se disent catholiques, on est autour de 20% -c’est très faible-, et pourtant, énormément de Français passent par l’enseignement catholique. Cela montre bien que la pastorale qui est proposée au sein de cet enseignement ne parvient pas à les accrocher. Peut-être parce que celle-ci s’appuie trop sur un discours un peu humaniste, valorisant les valeurs de partage, d’accueil, de générosité… Valeurs qui ne sont pas spécifiquement religieuses et qui, par conséquent, peuvent donner l’impression aux jeunes qu’ils connaissent déjà le christianisme, qu’ils peuvent vivre ses valeurs sans avoir la foi, et ne voient pas ce que la foi chrétienne peut leur apporter de plus que les valeurs déjà ambiantes.