Interrogé dans le journal italien La Nuova Bussola, Mgr Bernard Ginoux, évêque de Montauban, déclare :
En France l’Etat est propriétaire des Cathédrales (1 par diocèse) construites avant 1905 (Loi de Séparation de l’Eglise et de l’Etat). Selon cette loi les églises paroissiales (construites avant 1905) sont la propriété des communes. Les propriétaires ont donc le devoir d’entretenir ces bâtiments pour permettre leur utilisation en toute sécurité. Mais des courants forts venus d’une mentalité laïciste s’efforcent de passer outre cette obligation, soutenant que l’Etat ne doit pas financer l’entretien des édifices du culte. De plus la présence importante de l’Islam qui construit des mosquées est un prétexte pour ne pas « favoriser » une autre religion. L’égalitarisme apparaît comme un impératif pour ne pas entretenir les églises catholiques.
Il faut donc être patient et revenir souvent à la charge pour obtenir le nécessaire. De plus en plus, lorsque des édifices ou des chapelles présentent un risque pour les usagers il est plus facile de les fermer que de trouver les fonds nécessaires à leur restauration.
[…]
Le Président de la République a évoqué la Cathédrale Notre-Dame comme un trésor de la culture. Ce n’est pas faux mais c’est d’abord et avant tout l’expression de la foi chrétienne de nos ancêtres et de ces siècles qui ont façonné la France, c’est-à-dire les « racines chrétiennes » de notre pays. On a pu dire que « les cathédrales sont le miroir de la France » car s’y retrouvent la vie des hommes et leur rencontre avec le Dieu qui se fait homme. Il est certain qu’un courant laïciste, avec une idéologie agressive, veut arracher ainsi l’âme de la France.
[…]
Les actes contre les lieux de culte catholiques, les prêtres (Père Hamel) et les attaques physiques et morales se sont multipliés ces dernières années et sont peu réprimés par la justice. On rappelle souvent que « l’Eglise doit pardonner » ! Il y a longtemps que la France n’est plus « la fille aînée de l’Eglise » ou alors c’est une fille qui oublie ses origines. Nous sommes dans un temps de déchristianisation forte où la tradition chrétienne n’irrigue plus la culture contemporaine. Les jeunes pour la plupart sont totalement ignorants de la religion de leurs pères. Ils peuvent donc être entraînés vers des impasses mortifères.
[…]
Monseigneur Rey a raison d’affirmer que la société française se durcit sous l’influence du laïcisme qui dénonce tout ce qui paraît favoriser le catholicisme et sous l’influence d’un courant islamique qui veut imposer sa présence. Le laïcisme a fait interdire des affichages anti-avortement ou empêché des conférenciers de s’exprimer dans certains endroits (Sciences-Po à Paris). Ces jours-ci un député dans son discours à l’Assemblée Nationale estime qu’un évêque n’a pas le droit d’exprimer une opinion sur les projets de lois. Les signes religieux comme les croix ne peuvent pas être portés dans la fonction publique. En revanche le voile islamique s’est imposé largement, les produits hallal ont des rayons très importants dans les grandes surfaces qui, comme les médias, font de la publicité spéciale pour le Ramadan. La société est de plus en plus marquée par la présence de l’islam. Evidemment cette réalité n’est pas une critique car les musulmans ont à être citoyens à part entière mais si le laïcisme est un combat contre la religion il doit éviter le parti pris systématique d’attaquer l’Eglise Catholique. Sinon il s’agit d’une attitude purement idéologique.
[…]
C’est sans aucun doute par les médias que les attaques sont les plus fortes car ces attaques se présentent comme la vérité. Pour le cas du cardinal Barbarin les médias tiennent à rappeler l’affaire Preynat pour évoquer le scandale qui a frappé le cardinal. Nous savons que les médias peuvent tuer quelqu’un et nous l’avons vu largement sur le terrain politique. Ils sont aussi la cause de beaucoup de peurs : la peur des médias paralyse beaucoup de responsables dans l’Eglise. Il est vrai que nous ne sommes pas indemnes de péchés et de fautes mais l’Eglise depuis 2000 ans a apporté au monde un bien dont il vit (égalité, fraternité, respect de la vie, souci des plus faibles…) même s’il y a encore beaucoup à faire.
[…]