Le Mans, le 3 juillet 2020
Lettre à tous les fidèles du diocèse du Mans
Bien chers amis, frères et sœurs
J’ai tenu à vous écrire cette lettre au moment où nous entrons dans la période de l’été, où beaucoup vont pouvoir prendre un moment de repos et de ressourcement, je l’espère. Ce temps de coupure est souvent propice à la lecture ou à la relecture de ce que nous avons vécu les mois précédents. Aujourd’hui, dans le contexte de sortie progressive du confinement, cette relecture me paraît importante. Nous avons vécu ce moment inédit, surprenant, éprouvant à bien des égards. Cette épreuve n’est sans doute pas terminée à cause des conséquences qui risquent de surgir dans les mois qui viennent. Lors de la réunion, il y a quelques jours, des membres du CDPE, le Conseil diocésain de Pastorale et d’Evangélisation, voulu par le synode, j’ai soumis aux membres de ce conseil trois questions, que je propose aussi à votre méditation.
Première question : Dans tout ce que j’ai vu et entendu lors de cette période de confinement, qu’est-ce qui m’a le plus frappé, qu’est-ce que j’ai envie de retenir ?
Seconde question : Pour les temps à venir, quelles sont mes attentes, mes désirs, mes souhaits ?
Troisième question: nous entendons souvent dire par de nombreuses personnes : « Nous ne pouvons plus vivre comme avant. » Quels seraient les changements concrets, essentiels à envisager dans ma vie, dans la vie de nos communautés chrétiennes. Quelles orientations synodales vous paraissent les plus urgentes à mettre en œuvre dans ce contexte ?
Il me semble que l’on pourrait partager autour de cela en famille, entre amis au cours de l’été. Cette période fut éprouvante à bien des égards, mais elle a vu jaillir de beaux moments et de belles initiatives. Elle s’inscrit en tous cas dans ce temps de mise en œuvre de notre synode diocésain. C’est 3500 catholiques de la Sarthe qui ont accepté de se réunir en petites équipes synodales afin de réfléchir à l’avenir de nos communautés chrétiennes. Puis les trois assemblées synodales ont permis tout d’abord de s’émerveiller devant tout ce que nous vivons positivement dans nos communautés ; elles ont ensuite porté un regard lucide sur les changements et les conversions absolument nécessaires à mettre ensemble en œuvre.
N’oublions pas les orientations diocésaines que je vous ai transmises le lundi de Pentecôte, jour de la fête de Marie, Mère de l’Eglise, il y a déjà un an. Je suis impressionné de constater combien certaines de nos orientations synodales apportent un éclairage sur ce que nous avons vécu pendant cette période d’épidémie et sur l’après confinement dans lequel nous sommes entrés. Je pense à
l’importance de la mise en œuvre de petites fraternités locales, mais aussi à la centralité de l’eucharistie, ou encore à la centralité de la Parole de Dieu ainsi qu’à la proximité auprès des personnes les plus fragiles. Je pense à toutes les questions qui touchent à l’écologie. Nous sommes sans cesse invités par le pape François à la sortie missionnaire, sortie missionnaire qui a traversé notre synode, sortie missionnaire pour annoncer la joie du Salut dans le Christ dans un monde en profonde mutation. Dès la rentrée scolaire, saisissons-nous à nouveau de ces orientations qui tracent le chemin de notre vie diocésaine pour les années qui viennent !
Je vais profiter moi-même de ce temps de l’été pour prendre un beau moment de prière et de repos. J’ai d’importants soucis avec mes yeux qui sont en cours de soin. J’ai aussi accumulé de la fatigue depuis longtemps. Cela me rappelle comme chacun d’entre vous que je suis fragile et que je dois prendre soin de ma santé pour mieux assurer mon service au milieu de vous, avec vous.
Je voudrais profiter de ce temps de l’été pour préparer une lettre pastorale que je vous enverrai au mois de septembre.
En attendant, je souhaite m’adresser à chacun et chacune d’entre vous, à vous les familles, les fidèles laïcs. Ce temps de l’été peut être l’occasion de vous retrouver en famille, entre générations, de prêter une attention plus grande à nos anciens qui ont parfois beaucoup souffert de l’isolement pendant ce temps d’épidémie. Que nous soyons jeunes ou anciens, célibataires ou en couple, sachons prendre soin les uns des autres.
A vous les consacrés, religieux, religieuses, votre vocation au milieu de nous est de témoigner par votre vie, votre charité fraternelle de l’absolu de Dieu, du sens ultime de la vie. Nous sommes faits pour la vie éternelle, pour la communion avec Dieu et les uns avec les autres. Votre témoignage est absolument nécessaire. Je me réjouis de la profession perpétuelle de Sœur Ghislaine à la Merci-Dieu le 11 juillet. Je vous invite aussi à prendre ce temps de l’été pour raviver en vous votre attachement au Christ et revenir sans cesse au premier élan de votre appel.
A vous les prêtres, votre vocation est de manifester et rendre présente la charité du Christ, bon pasteur au milieu de son peuple. Nous avons vécu cette période de manière complexe parfois, avec des joies aussi et des souffrances. Nous avons pris conscience d’un certain nombre de difficultés, de limites que vous m’avez manifestées. Profitons de ce temps de l’été pour renouveler notre attachement au Christ, pour raviver en nous notre vocation qui est celle d’être des bons pasteurs, de raviver en nous la conscience que nous sommes envoyés à des frères concrets ici et maintenant . C’est là que le Seigneur nous attend. Nous aurons la joie dans trois mois de célébrer l’ordination diaconale en vue du presbytérat de Gaël Catalano et d’Antoine Clément. Prions pour eux, gardons à cœur comme nous le faisons, le souci des vocations sacerdotales, religieuses, au service de notre diocèse.
A vous les diacres permanents, contemplez sans cesse la figure du Christ serviteur. Votre vocation est de rendre présente au milieu de nous la figure du Christ humble et serviteur en particulier auprès des plus pauvres et des plus fragiles. Nous aurons la joie de l’ordination au diaconat permanent de Paul Coulon au mois de novembre. Je le confie à votre prière.
Je vous écris ce courrier le jour de la St Thomas. Thomas, qui après avoir exprimé un doute sur la réalité de la résurrection du Christ, va faire l’expérience en direct de cette rencontre avec le Christ ressuscité. L’Evangile nous rappelle que Jésus s’est approché des apôtres en leur disant comme à chaque apparition : « La paix soit avec vous ». Il invite Thomas à s’approcher de lui, à mettre la main dans son côté, à contempler ses blessures, à se laisser lui-même guérir par les blessures transfigurées du Christ ressuscité. Thomas confessera la divinité du Christ : « Mon Seigneur et mon Dieu ». Nous-mêmes, contemplons le Christ ressuscité et annonçons au monde l’infinie miséricorde de Dieu, sa victoire sur le mal, sa victoire sur la mort. Notre vocation à tous est d’être témoins de l’Espérance dans le monde. Rappelons-nous sans cesse que la question n’est pas de savoir qui nous sommes mais pour qui nous sommes. François dit aux jeunes : « La vraie question, c’est : pour qui suis-je ? » Nous sommes pour Dieu, mais nous sommes aussi pour les autres. Dieu nous a donnés à chacun des dons, des charismes, des qualités pour les autres. Je souhaite un bon été à tous, de bonnes vacances à ceux qui pourront en prendre.
Priez pour moi. Je vous assure de ma prière fidèle et constante.
Yves Le Saux Evêque du Mans