Le Pape François a accepté la démission de Mgr Jean-Claude Boulanger, Évêque de Bayeux et Lisieux, à compter du samedi 27 juin 2020.
Dans sa lettre à Mgr Boulanger, le Nonce précise :
« Je tiens à vous redire la reconnaissance du Saint-Père pour le zèle apostolique, la générosité et l’amour pour l’Église qui ont toujours caractérisé votre ministère de Pasteur du diocèse de Bayeux. »
Selon le Droit canonique (canon 421), il revient maintenant au Collège des consulteurs d’élire dans les huit jours un administrateur diocésain qui gouvernera provisoirement le diocèse jusqu’à la nomination d’un nouvel évêque par le Pape.
Agé de 75 ans depuis le 1er mars, Mgr Boulanger était évêque de Bayeux-Lisieux depuis 10 ans. Le 27 juin il a publié ce message à ses diocésains :
Chers diocésains,
Voici arrivé le moment de vous quitter et de vous dire un grand merci. J’ai été un « ch’ti » heureux au milieu des Normands que ce soit dans l’Orne ou dans le Calvados. Je vous remercie pour l’accueil que vous m’avez réservé. Je n’oublierai jamais ces 52 semaines que j’ai vécues en allant à votre rencontre lors de mon arrivée. J’ai compris que là où il n’y a pas la communion dans la différence, il n’y a pas d’évangélisation possible. J’ai essayé tout au long de mon ministère d’être au service de la fraternité. Disciple de Charles de Foucauld et de la petite Thérèse, ils m’ont fait découvrir qu’il ne restera de ma vie que l’amour que j’ai mis sur cette terre. Je remercie particulièrement mes frères prêtres et diacres, sans oublier tous ceux et celles avec qui j’ai collaboré au long de ces dix ans. Je tiens à dire un merci particulier au Père Xavier, le vicaire général, avec qui j’ai eu plaisir à travailler et à tous ceux et celles qui ont des responsabilités dans le diocèse.
Au moment de faire le bilan de ces années passées à vos côtés, c’est la parole de Saint Jean que je retiendrai : « Nous avons reçu grâce après grâce ». (Jean 1,16). J’ai suivi Sainte Thérèse depuis Alençon jusqu’à Lisieux et elle ne m’a jamais abandonné. Ma plus grande joie fut de l’avoir servie à travers la béatification et la canonisation de ses parents ainsi qu’à travers la cause de sa soeur Léonie. Elle fait partie de mes amis du ciel qui ne m’ont jamais abandonné. Saint Paul a beau dire qu’il y a plus de joie à donner qu’à recevoir (Ac 20, 35), je dirai simplement que j’ai reçu beaucoup plus que je n’ai donné, en particulier de la part des jeunes.
Pour ma retraite, je vais habiter dans un village près de Boulogne-sur-mer, proche d’un Foyer de Charité. Je vivrai au milieu des gens de la campagne, rendant des services aux paroisses rurales et au Foyer de Charité. Vous devinez que je n’abandonnerai pas le jardinage et je compte bien manger de mes produits bio ! Mais l’âge étant là, il s’agit surtout de vieillir comme le bon vin, c’est-à-dire d’être âgé sans devenir vieux. Un adage dit que : « La jeunesse est le temps d’étudier la sagesse et que la vieillesse est le temps de la pratiquer. » Je pense aussi à ce proverbe africain que j’ai souvent entendu : « Un vieillard assis voit plus loin qu’un jeune homme debout. » Tous ces adages sont le fruit de la sagesse humaine à travers les âges. Dans le contexte de notre société on a l’impression que c’est l’inverse. Il faut rester éternellement jeune si l’on veut avoir quelque chance de trouver sa place.
Je dirais que la vieillesse est l’occasion de relire sa vie et d’en tirer quelques leçons de sagesse. On croit diriger sa vie quand on est dans la force de l’âge mais ce sont finalement les événements qui la dirigent. Quand on regarde le livre de sa vie, il y a des pages que l’on aimerait ne pas relire. L’ivraie, c’est-à-dire la mauvaise herbe, pousse toujours avec le bon grain comme dit Jésus. D’ailleurs elle pousse souvent plus vite. Mais comme dit Saint-Augustin : « Mieux vaut trébucher sur le chemin que de courir hors de la route. » Alors arrêtons de mettre les gens sur un piédestal. Nous voyons ce que cela a provoqué dans l’Église. Jésus, qui a pris la dernière place, ne nous demande pas non plus de nous mettre sous la table, mais simplement à table, à notre juste place. Dans deux ans je fêterai mes 50 ans de sacerdoce. J’ai compris que seuls les petits sauvent le monde parce qu’ils le sauvent avec les autres et qu’ils laissent Dieu le sauver à travers eux. Seuls les petits accèdent à la sainteté parce qu’elle ne fait pas de bruit. Le plus grave ce n’est pas de tomber, c’est de désespérer de Dieu et de penser ne pas pouvoir se relever. Pour tomber, en général je n’ai besoin de personne. Pour me relever, j’ai toujours besoin d’une main amie. Voilà comment Dieu nous répond. Comme le disait encore le bon pape Jean XXIII avec son humour : « Faire de son mieux. Rester joyeux. Laisser piailler les moineaux. »
Une manière de ne pas vous oublier, c’est la prière. Je continuerai de prier Sainte Thérèse et de lui demander qu’elle continue de veiller sur votre diocèse, car c’est son diocèse. Je vous redis mon affection et ma joie d’avoir été votre pasteur. À cause des mesures sanitaires en cours, il n’est pas possible de nous rassembler maintenant. Je vous donne rendez-vous le dimanche 30 août à 15h30 pour la messe en plein air à la Basilique de Lisieux pour vous dire merci et au revoir.
Il venait récemment de publier un livre sur 4 témoins : Charles de Foucauld. Thérèse de Lisieux. Marthe Robin et Madeleine Delbrêl.
« On peut vivre sans argent, on ne peut vivre sans amis. Il y a les amis sur la terre…Il y a les amis dans le ciel. Depuis bientôt 50 ans, Charles, Thérèse, Marthe et Madeleine m’ont soutenu dans ma vie de prêtre et d’évêque. Je leur dois ce que je suis. Ils m’ont accompagné chaque jour de leur présence mais parfois je n’étais pas chez moi. J’oubliais de leur ouvrir la porte de ma vie. Ils m’ont fait découvrir Jésus de Nazareth mais surtout ils m’ont aidé à donner sens au quotidien de ma vie.
Dans ce livre vous allez découvrir quatre témoins de Jésus de Nazareth. Nazareth n’est pas seulement un lieu où Jésus a vécu mais c’est un esprit, c’est une manière de vivre, c’est une spiritualité. À Nazareth l’ordinaire de la vie devient de l’extraordinaire. Le quotidien de Nazareth devient un chemin d’humanité et de sainteté. Nous sommes tous appelés à faire du quotidien de notre vie un chemin de sainteté ».